printemps 1971. Je débutais dans le métier à Progrès-Dimanche et un samedi, je m'étais retrouvé au petit-déjeuner avec Jean Drapeau, président d'honneur du Carnaval-Souvenir de Chicoutimi. Pour ceux qui reviendraient de la planète Mars, Jean Drapeau est sans doute le maire de Montréal le plus célèbre de l'histoire.

M. Drapeau était tout élégant dans son costume des années 1875 et devait se sentir à l'aise avec un jeune journaliste à temps partiel.

Pendant l'entrevue, je lui avais demandé quelle était sa définition de la démocratie. Il faut se rappeler que c'était à peine quatre mois après la crise d'Octobre et la flambée du FLQ: «La démocratie, c'est la royauté élective», m'avait répondu M. Drapeau. «Les Montréalais m'ont élu pour quatre ans. Ils m'ont élu pour gouverner et pour prendre des décisions. Dans quatre ans, je leur rendrai des comptes et s'ils ne sont pas satisfaits, ils me mettront dehors. Mais en attendant, ce n'est pas le FRAPRU, la CSN, la FTQ ou les éditorialistes qui vont me dire quoi faire. Qu'ils se fassent élire s'ils veulent former l'opposition», m'avait dit le maire de Montréal.

Si Régis Labeaume a un modèle d'opération, c'est le maire Drapeau. En tous les cas, il prend les mêmes méthodes. Il s'est fait élire en promettant un nouvel amphithéâtre, les gens l'ont appuyé à 80% et il n'a jamais dérogé de son mandat. Hier, il a fait mieux, il a présenté le partenaire privé qui pourrait verser jusqu'à 184 millions pour le droit d'exploitation du building et pour celui de baptiser le futur Centre Vidéotron.

Le pari est énorme pour Quebecor, mais l'empire a les moyens et l'imagination pour rentabiliser son investissement.

J'ai suivi de très près toutes ces négociations. Et le maire Labeaume et son négociateur Yvon Charest ont joué dur. Il y a deux semaines, Pierre Karl Péladeau était de plus en plus inquiet. Il avait eu le mérite d'ouvrir le débat en soumettant une offre dès le mois d'octobre et en faisant les premiers pas auprès de Gary Bettman, mais ses adversaires mettaient le paquet pour l'empêcher de réaliser une partie de son rêve. Ramener les Nordiques à Québec et fournir un formidable contenu à son empire médiatique. Hier, Pierre Karl Péladeau a franchi une étape importante dans sa poursuite du vrai rêve: posséder et diriger une grande équipe de hockey qui non seulement appartiendrait à des Québécois (Geoff Molson est québécois), mais qui parlerait aussi français à tous les niveaux de l'organisation.

M. Péladeau a mis des mois à digérer son échec quand il a tenté d'acheter le Canadien. En tentant de racheter une équipe pour la déménager à Québec, c'est une revanche qu'il prend. Même si ce n'est pas le motif le plus important qui l'a incité à lier Quebecor au projet du maire Labeaume.

Personnellement, je croyais depuis le début que Quebecor était la meilleure option pour les amateurs de hockey de Québec et de l'est du Québec parce que l'entreprise possédait toutes les infrastructures pour faire fructifier l'investissement énorme qu'exige une équipe de hockey. Tant en français avec TVA, TVA Sports, les journaux, les magazines et le reste qu'en anglais avec Sun Media et les réseaux de télé. Elle comptait donc sur les meilleures conditions pour passer à la deuxième étape.

Et puis, par l'entremise de la Caisse de dépôt et placement du Québec, les Québécois seront propriétaires à la hauteur de 40% de l'équipe... si Pierre Karl Péladeau peut convaincre Gary Bettman que vaut mieux une petite ville passionnée et ardente qu'une grande sèche et indifférente.

Un actif de la population

L'édifice va appartenir à la population. Des lecteurs ne semblent pas comprendre comment George Gillett a pu être propriétaire du Centre Bell alors qu'à Québec, c'est le public qui investit.

Quand c'est le privé qui bâtit un édifice, c'est le privé qui garde évidemment les profits à la revente. George Gillett a réalisé un profit d'au moins 300 millions en revendant le Centre Bell. Il a empoché l'argent et est reparti aux États-Unis. Si un jour Geoff Molson revend le Centre Bell à profit, il gardera l'argent pour sa famille et lui et ce sera parfait ainsi.

Mais personne ne va revendre la Place des Arts...

Peter MacKay et Josée Verner

Et enfin, le meilleur ou le pire, c'est selon. Peter MacKay, ministre de la Défense, s'est prononcé en faveur d'un investissement public à 100% dans la construction d'un stade à Halifax. Pas question de privé, rien. MacKay a déjà pris position publiquement dans les journaux et à la télé. Il a dit que ce serait bon pour l'économie de la région de Halifax. Et Peter MacKay est un ministre influent.

Avez-vous écouté Josée Verner hier? Avez-vous pleuré? C'est impossible. Toujours les mêmes bouts de cassette. Mme Verner ne peut pas être aussi... aussi... aussi... elle ne peut pas être comme ça. Il faut qu'elle soit manipulée par quelqu'un qui lui veut du mal. Il faut qu'elle n'ait pas le choix. Il faut que sa vie dépende des énormités qu'elle débite. Je ne peux pas croire que cette femme soit ce qu'elle montre en public.

Mais juste au cas où, y a-t-y quelqu'un qui pourrait lui présenter Peter MacKay?