Le président du Comité organisateur des Jeux olympiques de Vancouver, John Furlong, vient de publier ses mémoires, Patriot Hearts. Dans un long extrait du livre publié samedi dans le Globe and Mail, il revient sur la controverse suscitée par la faible place du français dans la cérémonie d'ouverture des Jeux. Il explique notamment que le COVAN avait tenté, sans succès, d'obtenir de Gilles Vigneault l'autorisation d'utiliser sa célèbre chanson Mon pays. Il revient aussi sur une conférence de presse houleuse, au cours de laquelle Réjean Tremblay l'avait questionné en français et avait, selon lui, exigé qu'il réponde dans la langue de Molière. «Un coup bas «, affirme M. Furlong. Notre chroniqueur garde toutefois un souvenir différent des événements d'il y a un an.

Voilà donc que je me trouve associé à Gilles Vigneault pour expliquer la faillite du français aux cérémonies d'ouverture et de clôture (et tout le reste!!!) des Jeux olympiques de Vancouver (voir le Globe and Mail et Le Devoir).

M. Vigneault, dont j'ai acheté le premier 33 tours dans les années 60, me pardonnera d'être honoré de partager quelques pages d'un livre avec lui. Mais on comprendra que s'en prendre à un poète pour excuser son aveuglement et son mépris, c'est petit.

John Furlong, président du Comité organisateur des Jeux de Vancouver (COVAN), le fait sans vergogne dans un livre qu'il vient de publier. Ça montre son envergure. Il n'aura eu que sept ans pour trouver une autre chanson que Mon pays, pour trouver quelque chose de français à offrir aux francophones du pays.

Il consacre donc plusieurs pages à votre humble chroniqueur. Ce qu'il pense de moi, je m'en fous. J'aimerais juste cependant raconter les faits comme ils se sont passés et non comme Furlong s'en sert pour se disculper.

Il y a eu les cérémonies d'ouverture le vendredi soir. J'ai écrit dans La Presse du lundi tout le «bien» que j'en pensais. Semble-t-il que le Canada anglais, de Terre-Neuve à Victoria, en a été traumatisé.

Le mardi, c'était le Jour du Québec aux Jeux de Vancouver. À 11h, on a tenu une conférence de presse pour honorer le premier ministre du Québec, M. Jean Charest.

M. Furlong a présenté M. Charest en anglais seulement. Je présume que c'est son droit d'unilingue.

Puis, M. Charest a fait une intéressante allocution d'une dizaine de minutes en français, puisque c'est la langue officielle du Québec. Je présume que c'était son droit de parfait bilingue.

Pendant toute la durée de l'allocution du premier ministre, les écouteurs de M. Furlong sont restés sur la table devant lui. Ça voulait dire qu'il n'avait pas compris un traître mot des propos de son invité d'honneur.

J'ai donc voulu vérifier un point. Soit M. Furlong comprenait le français, ce qu'il nous avait caché, soit il avait un petit bidule très petit dans l'oreille et on lui traduisait les propos de M. Charest, ou soit il se contrefichait de ce que pouvait dire le premier ministre du Québec.

J'ai donc, très poliment, expliqué que je poserais ma question en français afin de m'exprimer avec toutes les nuances que me permettait ma langue maternelle. J'avais deux raisons de faire ainsi.

Primo, c'était les Jeux olympiques et le français est une des deux langues officielles des Jeux et j'étais à Vancouver, à des Jeux d'un pays bilingue dans ses fonctions officielles. C'était suffisant pour qu'il n'y ait pas besoin de justification.

Et deuxio, je voulais vérifier s'il n'y avait pas un bidule quelconque de traduction.

Dès que j'ai commencé à parler, Furlong s'est précipité sur ses écouteurs pour entendre la traduction de ma question qui était très simple: «M. Furlong, quels sont vos commentaires et vos réactions à l'allocution du premier ministre?»

J'ai ajouté qu'il pouvait très bien répondre en anglais si c'était plus facile pour lui.

C'est évident qu'il a eu l'air d'un méprisant et grossier personnage. C'est évident qu'il est venu tout rouge, puis tout blanc, puis multicolore pendant qu'il tentait de baragouiner une réponse. Mais quand on est assez grossier pour ne pas écouter l'allocution d'un premier ministre invité d'honneur pendant une dizaine de minutes, vous devez vous attendre à quoi?

Voilà, c'est tout. Furlong raconte l'anecdote d'une tout autre façon. Mais Jean Charest était là comme premier ministre d'une nation et le moins qu'on puisse faire, c'est respecter sa fonction. Si vous lui posez la question, il vous parlera même du petit sourire qu'il n'a pu retenir en entendant Furlong s'enfoncer dans ses excuses et ses explications devant des dizaines et des dizaines de journalistes.

Et je suis convaincu que les réseaux de télé ont encore les enregistrements de cette conférence de presse.

Le reste, c'est l'opinion de M. Furlong et il a parfaitement le droit d'en avoir une et de l'exprimer.