Il faut que la passion du coaching soit forte. Il faut qu'elle soit brûlante. Quand j'ai demandé à Guy Carbonneau pourquoi il revenait derrière le banc des Saguenéens de Chicoutimi et pourquoi il était prêt à s'installer dans un bus ce matin à 8h pour rouler en direction de Val-d'Or via le parc de Chibougamau, il n'a même pas hésité: «Parce que j'aime ça, parce que j'ai le goût».

Il n'y a pas d'autre raison. Bien sûr, Carbo est président des Saguenéens de Chicoutimi et un des actionnaires importants, avec Gaby Asselin et Michel Boivin, mais il aurait pu passer son tour, ses partenaires ne lui ont jamais demandé de revenir. «Avec ce que Carbo doit laisser tomber pour les prochains mois, jamais je ne lui aurais demandé de prendre le poste d'entraîneur du club. Il fallait que ce soit lui qui le décide», a souligné Michel Boivin hier avant-midi en attendant le retour de Carbonneau de Dallas où il s'était rendu pour participer à une réunion de famille pendant le week-end du Super Bowl.

Carbo devait tourner un commercial pour Pepsi à Toronto au cours des prochaines semaines, c'est remis. Il avait accepté une invitation du gouvernement canadien pour aller encourager les forces armées en Afghanistan, ce ne sera plus possible. Line, son épouse, et lui devaient faire un voyage de golf au Mexique et, de là, se rendre à la première de Céline Dion le 15 mars à Las Vegas, c'est terminé. «Je sais, il y a des choix à faire, a dit Carbo. Mais j'ai l'appui à 100% de Line. Elle sait que diriger une équipe dans une bonne ligue et enseigner le hockey sont des choses importantes dans ma vie. Elle m'encourage à faire ce que j'ai le goût de faire.»

L'ancien entraîneur du Canadien ne sait pas trop comment analyser ce séjour avec les Saguenéens. Est-ce un recul pour mieux avancer? «Peut-être. De toute façon, quand je vois Patrick Roy et Bobby Smith qui sont revenus diriger des équipes de jeunes, je me dis que je suis en bonne compagnie. Et puis, Alain Vigneault a pris le chemin du junior majeur pour revenir dans la Ligue nationale», a ajouté Carbonneau.

Et en Ontario, les frères Hunter investissent temps et argent dans leur équipe junior et connaissent beaucoup de succès.

«On part pour Val-d'Or et je vais apporter de nombreux films pour la route. C'est un beau challenge et je vais m'y attaquer avec beaucoup de sérieux. Je vais me donner à fond», a-t-il dit.

Son engagement est pour le reste de la saison. Pour l'automne prochain, il va voir venir les choses pendant l'été. Habituellement, dès la mi-juillet, les principaux postes dans la Ligue nationale sont déjà comblés. Comme il l'avait dit il y a une semaine à propos d'un retour possible derrière le banc des plus beaux chandails du hockey organisé, la porte est ouverte pour l'avenir. Ça va dépendre.

Trois gagnants de la Coupe Stanley 1986 vont maintenant s'affronter dans le junior: Carbo, Casseau et Bobby Smith. Pas pire, pareil.

Un bon Super Bowl

J'ai déjà connu des Super Bowls plus magiques. Le plus fou étant celui qui a lancé la grande messe américaine. Le troisième, quand Joe Namath avait garanti que les Jets de New York, de la Ligue américaine, allaient vaincre les Colts de Baltimore, de la Ligue nationale. C'est après Namath que le Super Bowl est devenu le Super Bowl.

Cette fois, c'est le courage des joueurs des Packers de Green Bay qui m'a touché. Pendant le troisième quart, j'étais convaincu que les Steelers de Pittsburgh allaient l'emporter. Les joueurs de Green Bay tombaient au combat, on sentait la fatigue et les meurtrissures faire plier les jambes des joueurs et je me disais que ce n'était plus qu'une question de temps avant que les Steelers sortent le rouleau compresseur.

Ce n'était pas une question de temps... c'était une question de coeur.

La griffe de Jacques Lemaire

Sacré Coco! Vous avez vu jouer les Devils du New Jersey? Quand on dit qu'un coach peut transformer une équipe en lui insufflant esprit de corps et discipline, on a eu droit à une brillante démonstration dimanche après-midi.

Je n'ai jamais vu Ilya Kovalchuk jouer un meilleur match même quand il brillait avec Marc Savard et Marian Hossa avec les Thrashers d'Atlanta. Il a passé 25 minutes sur la patinoire, il s'est replié avec acharnement et il a relancé moultes attaques. Du grand hockey à la hauteur de son talent.

Mais c'est Lemaire qui a convaincu Kovalchuk et ses coéquipiers d'adhérer à son système de jeu. Lemaire excelle à jouer dans la tête de ses joueurs, à les convaincre de se sacrifier pour le bien de l'équipe et de se faire confiance en restant dans les limites de ce qu'il demande.

Il est trop tard pour que les Devils participent aux séries éliminatoires mais Lemaire, qui ne veut pas revenir derrière le banc des Devils l'an prochain, est en train de se donner une position extraordinaire pour entreprendre des négociations au cas où...

DANS LE CALEPIN - Ai-je bien compris? Benoît Brunet a déclaré qu'il était content que Martin Biron ne vienne pas jouer comme deuxième gardien à Carey Price. Parce que les fans auraient pu demander qu'il joue plus souvent si Price avait connu des difficultés. Ça voudrait dire qu'un joueur francophone souffrirait maintenant de discrimination raciale dans sa propre ville? Est-ce que Brunet a repris ce qu'il a entendu des dirigeants du Canadien? Ai-je mal compris? Je l'espère beaucoup, ça serait trop colonisé s'il fallait...