La vraie partie de hockey n'est pas encore jouée. Mais le maire de Québec, Régis Labeaume, a de grosses cartes à jouer. Des cartes à jeter sur la table tant en public qu'en privé.

Je suis convaincu que le maire Labeaume n'attendra pas le gros nananne du gouvernement fédéral pour aller de l'avant avec le projet d'un amphithéâtre multifonctionnel pour la capitale nationale. Il va sans doute annoncer d'ici quelques semaines qu'il compte appliquer le plan «B» pour que la réalisation du projet se poursuive.

C'est la partie publique. Convaincre les gens de sa ville qu'ils ont les moyens de prendre un risque et d'investir dans ce projet essentiel pour une capitale et une grande ville. Et convaincre en même temps le secteur privé de donner un appui concret en dollars à la Ville. Il y a diverses façons et l'achat de loges par les entreprises est un moyen d'injecter quelques dizaines de millions dans l'affaire.

La vente du nom du futur Colisée à une entreprise comme Vidéotron pourrait générer une entrée d'argent d'au moins 60 millions. Ce qui serait une excellente affaire pour Quebecor et une moins bonne pour les contribuables, mais on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre.

Et je soutiens que le maire Labeaume va aller de l'avant parce que toutes les circonstances sont réunies pour permettre à une entreprise québécoise d'acheter une équipe de la Ligue nationale et la déménager. Le dollar canadien est à parité avec le dollar américain et va le rester pour au moins une décennie, soutiennent les économistes.

De plus, la crise financière américaine s'est transformée en véritable crise économique. Le secteur immobilier est encore stagnant et les banques sont incapables de financer une hypothèque pour acheter une maison de 200 000$. C'est pour ça que tant de Québécois achètent présentement des condos ou des résidences en Floride. Les Américains ne peuvent emprunter, ce qui contribue à garder les prix très bas.

Il y a encore un mécène pour acheter une équipe comme le Lightning de Tampa Bay, mais il faut que la vente de l'équipe soit assortie à un vol. À Tampa, l'acheteur a mis la main sur des terrains riverains au canal qui vaudront dans 10 ans 10 fois le prix payé. Mais ce n'est pas le cas partout.

Au cours des deux ou trois prochaines années, des équipes vont sombrer. Et les mécènes ne seront pas prêts à se payer un joujou de 200 millions. C'est le temps de frapper et d'acheter une équipe comme les Québécois le font en achetant des résidences au rabais.

La fenêtre est là. On peut croire que les États-Unis vont trouver le moyen de se sortir de ce marasme lourd d'ici de trois à cinq ans. Et si l'économie repart de plus belle, chauvins comme ils le sont, les Américains ne laisseront plus partir leurs équipes sportives. Il y aura toujours une ville comme Seattle ou Houston pour tenter sa chance. Ou un riche qui voudra amuser sa dernière conquête.

Je crois que le maire Labeaume est très conscient que le temps d'agir est... maintenant.

Il y a également les cartes privées. Je ne pense pas que la guérilla contre un premier ministre aussi têtu que Stephen Harper soit une bonne stratégie. Les ultimatums des libéraux ou des bloquistes ne dérangent absolument pas Harper, ce n'est pas le maire Labeaume qui va lui faire peur. Même s'il devait perdre tous ses députés de la région de Québec à cause de son entêtement.

Le maire Labeaume doit trouver le moyen de rencontrer M. Harper pour lui dire qu'il préfère être son allié et s'excuser de quelques débordements d'enthousiasme. Ça ne ferait que le grandir. Et Harper apprécierait. Et ça négocie toujours mieux quand on peut parler directement à celui qui décide.

M. Labeaume a tout intérêt d'ailleurs à aider M. Harper à trouver une solution pour Québec. Parce que d'autres villes vont avoir besoin d'un programme du fédéral pour consolider les acquis du Canada dans le hockey majeur. Et pour permettre le développement d'une industrie importante fondée sur le sport national du pays.

C'est un secret plutôt mal gardé que le Saddledome de Calgary a besoin d'urgence d'une remise à neuf. Et la situation est encore plus précaire à Edmonton ou le building date du passage des Oilers dans la défunte Association mondiale de hockey en 1975.

Winnipeg a construit un édifice moderne il y a quelques années. Mais il faudra le revamper pour satisfaire aux exigences de la Ligue nationale.

En fait, M. Labeaume pourrait même rendre service à M. Harper en lui permettant de mettre sur pied un programme national pour consolider les acquis de Calgary, sa propre ville, et d'Edmonton et développer l'industrie de notre sport national dans les deux autres villes canadiennes qui ont les moyens de faire vivre une équipe de la Ligue nationale.

Et c'est un programme qui permettrait aux quatre villes de s'inscrire dans le circuit des grandes villes nord-américaines. Si c'est important pour Québec, qu'on se dise que ce l'est tout autant pour Winnipeg et Edmonton.

En fait, malgré les difficultés, le maire Labeaume a quelques bonnes cartes dans sa main. Pas juste des deux de pique.

C'est maintenant le temps de l'humilité. Pas de l'humiliation.

DANS LE CALEPIN Je pourrais vous souhaiter la santé ou le bonheur qui souvent viennent ensemble. Je pourrais vous souhaiter un bon emploi, qui contribue à la santé et au bonheur plus souvent qu'on ne le croit. Je pourrais vous souhaiter l'amour. Ou la sérénité dans la famille. Mais je vais vous souhaiter ce qui est le plus important, ce qui compte vraiment dans la vie. Que le Canadien fasse les séries! Le reste, bof...