C'était beau. Pas l'oeil détruit de Josh Koscheck, pas les marques sur son visage. La beauté, ç'a été son sourire et l'accolade qu'il a donnée à Georges St-Pierre dans les secondes qui ont suivi la victoire éclatante de GSP.

Il y avait du respect et de l'admiration dans cette accolade et c'est pour ça que les combats mixtes sont devenus aussi populaires. Les fans les plus excités sentent bien qu'il se passe autre chose dans l'octogone qu'un vulgaire combat de rue. Les arts martiaux s'inscrivent dans le respect de l'autre. Et Georges St-Pierre a rendu ce respect à son adversaire quand il a pris la parole pour remercier Koscheck pour les efforts de promotion qu'il avait faits.

Et le combat fut digne de la mise en marché qu'on en avait fait. Parfois, les combats mixtes peuvent s'enliser dans d'interminables prises au sol, mais St-Pierre a livré un magistral combat debout. C'est en boxant bien plus qu'en luttant ou en pratiquant des prises de judo ou de jiu-jitsu qu'il a assuré sa domination. Pour le fan qui suit le combat sur place ou à la télé, c'est beaucoup plus spectaculaire.

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Mais ces combats extrêmes sont épuisants. Même à regarder. Les rounds de cinq minutes sont interminables. On sent à quel point la moindre fraction de seconde d'inattention peut entraîner une catastrophe. Même après avoir dominé les quatre premières minutes du premier round, je me suis inquiété en voyant St-Pierre couché au sol par Koscheck. Surtout qu'il avait la réputation d'être un bon lutteur qui avait raflé des titres dans plusieurs États américains.

Mais St-Pierre a dominé, que ce soit avec ses pieds ou ses poings. Et à la fin, on sentait qu'il était celui qui avait encore de l'énergie en réserve.

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Georges St-Pierre est peut-être l'athlète canadien le plus connu au monde. Mais il n'avait conquis qu'à moitié le Québec. C'est chose faite. Dans la journée hier, des journalistes le cherchaient pour réaliser des reportages pour leurs magazines ou leurs émissions de télé. Comme si on venait de découvrir son extraordinaire charisme.

L'UFC va présenter une soirée de combats mixtes au Rogers Centre de Toronto en avril. On a demandé à St-Pierre s'il allait être la vedette de la soirée: «Je vais voir comment va évoluer la blessure que je me suis infligée au tibia. Si c'est correct, je croise les doigts», a-t-il répondu.

St-Pierre s'est blessé au tibia en donnant un coup de pied à Koscheck. Ce dernier a bien paré le coup et c'est GSP qui a encaissé le choc.

Il va falloir que les médecins soient très convaincants pour empêcher Dana White d'articuler la promotion de son entrée en scène dans Toronto la pure au printemps autour de St-Pierre. Si je me fie aux émissions que j'ai suivies la semaine dernière à la télé de Toronto, c'est Georges St-Pierre qu'on veut et c'est Georges St-Pierre qu'on va avoir. Georges va tout faire pour être prêt puisqu'il y a quelques millions qui l'attendent à Toronto.

C'est facile à comprendre. St-Pierre touche un pourcentage sur les recettes à la télévision payante. En haute définition, le combat coûtait 59,95$. Si, en plus, Georges reçoit un pourcentage des recettes au stade, on parle de 12 ou 15 autres millions pour une soirée au Rogers Centre. Encore là, la part de GSP est alléchante.

Le problème, c'est que Josh Koscheck était le meilleur 170 livres du monde après St-Pierre. Les adversaires se font rares et j'espère que St-Pierre ne commettra pas l'erreur de se gonfler à 185 livres. La perfection qu'il cherche tant dans son sport lui échapperait pour toujours...

Photo: Bernard Brault, La Presse

Josh Koscheck et Georges St-Pierre