Shane Doan s'est tellement contredit lors des interrogatoires en Cour supérieure qu'il devait absolument trouver une façon de négocier une entente à l'amiable avec le député Denis Coderre. Quitte à se coucher avant le procès. Il était devenu ce qu'on appelle devant les tribunaux «un témoin taré». La somme de ses témoignages contradictoires lui enlevait toute crédibilité et les avocats de Coderre, Me Raphaël Lescop et Me Éric Simard étaient certains de le déculotter en Cour.

Quand on relit attentivement tous les documents préparés pour le procès et toutes les déclarations sous serment de Doan, on réalise à quel point Coderre a maintenant raison de demander une enquête sérieuse à la Ligue nationale. Et on ne peut qu'avoir de l'admiration pour le courage et l'aplomb du juge de ligne Michel Cormier tant dans son rapport à la LNH que dans ses déclarations sous serment plusieurs mois plus tard.

Quand le ou vers le 22 décembre 2005, Michel Cormier parle au téléphone avec Colin Campbell, il lui explique clairement et calmement ce qui s'est passé. Campbell met Shane Doan en ligne et ce dernier nie les affirmations de Cormier.

Un peu plus tard, Campbell publie un communiqué donnant raison à Doan sans même prévenir Michel Cormier de sa décision. Il fustige également Denis Coderre en lui disant de se faire réélire et de se mêler de ses affaires.

Plus tard, sous serment, Cormier a été encore plus clair. Il a expliqué que Doan s'était dirigé vers lui alors qu'il patinait vers le vestiaire des officiels et lui a dit: «Fucking Frenchmen did a good job.» Doan était à moins d'un pied de Cormier quand il a lancé l'insulte.

C'était le deuxième incident raciste de la soirée. En deuxième période, Ladislav Nagy a traité les arbitres de «fucking Frenchmen». L'arbitre Stéphane Auger s'est rendu au banc des Coyotes pour prévenir le coach Rick Tocchet que les insultes raciales ne seraient pas tolérées. Tocchet a acquiescé et a prévenu ses joueurs.

C'est cet incident qui a servi à détourner l'attention de Doan vers Nagy dans certains médias.

Alors que c'est à la fin du match que Shane Doan aurait lancé son insulte raciste.

Shane Doan a accepté de signer l'incroyable entente imposée par Coderre parce qu'il aurait vu défiler au moins une dizaine de témoins sous serment alors que lui-même s'était contredit à plusieurs reprises lors des interrogatoires préalables. Dans sa poursuite, Doan exigeait même que Coderre paye une annonce dans La Presse, The Gazette, The Globe and Mail et The Republican en Arizona pour confesser son crime et s'excuser. Vous voyez depuis deux jours le résultat de cette poursuite.

Pour mieux vous faire comprendre, sachez que Doan a commencé par déclarer sous serment «qu'il n'avait jamais entendu aucune insulte à saveur raciale ou linguistique pendant tout le match». Plus tard, Doan a tenté de s'en sortir en affirmant qu'il n'était pas au courant du rapport de Michel Cormier lorsqu'il a fait cette déclaration lors de l'interrogatoire assermenté du 26 avril 2006.

Un an plus tard, le 2 mai 2007, aux Championnats du monde, 16 mois après avoir poursuivi Denis Coderre en justice et après avoir dit qu'il ne s'était jamais rien dit pendant la soirée du 5 décembre 2005, Doan a soudainement un retour de mémoire. Il raconte au journaliste Chris Johnson qu'en voyant Curtis Joseph complètement enragé, il est allé le voir en lui disant: «Four French referees in Montreal, figure it out!»

Plus tard, il racontait à Michel Langevin de CKAC, qui semble un peu perdu dans l'histoire, qu'il était assis près de Nagy sur le banc quand l'arbitre est venu prévenir le coach qu'aucune insulte raciale ne serait tolérée.

C'était une autre contradiction de tout ce que Doan avait déclaré sous serment aux avocats.

Et quand on étudie les 50 et quelques pages des déclarations, on réalise à quel point Doan s'est embourbé dans ses mensonges, à quel point Colin Campbell a été méprisant envers un officiel de son circuit et à quel point Hockey Canada, les rois de la discrimination au pays, s'est dépêché de prendre la parole de Campbell pour faire de Shane Doan le capitaine de Team Canada, fière équipe représentant les couleurs et les valeurs de la société canadienne!!!

Maintenant que Doan a fini de se contredire et qu'il a admis que des joueurs des Coyotes avaient tenu des propos méprisants à saveur linguistique, maintenant qu'il a reconnu que Denis Coderre avait eu raison de dénoncer sa sélection au sein de l'équipe du Canada, ça veut dire que Colin Campbell devra donner certaines explications. En fait, en prenant parti pour Doan, il admettait qu'un menteur et un fabulateur était un officiel dans les matchs de la Ligue nationale. Il aurait dû congédier Michel Cormier sur-le-champ.

Aujourd'hui, Campbell doit des excuses à Michel Cormier. Les Coyotes doivent des excuses aux francophones du Canada et la Ligue nationale doit prendre position. Toute insulte fondée sur la race, la langue ou la religion doit être interdite dans la Ligue nationale. Pas de nigger, pas de Jew, pas de frog, pas de Chicken Swedes, rien.

Le Canadien, club hôte ce soir-là, doit également faire connaître sa position. On ne peut pas dire que Pierre Boivin a été très porté à appuyer des officiels francophones insultés chez lui. Insultes qui touchent 80% de la clientèle du CH!

Mais la leçon suprême est celle donnée par deux hommes courageux. Michel Cormier qui n'a pas toléré l'insulte et qui, au péril de perdre un emploi qu'il adore, s'est toujours tenu debout. Et Denis Coderre qui n'a jamais reculé et qui a vécu pendant cinq ans avec le spectre d'une poursuite de 250 000$ et qui a consacré temps, énergie et des dizaines de milliers de dollars à faire éclater la vérité dans sa défense.

C'est simple. Que chaque Québécois et francophone jouant dans la Ligue nationale dénonce toute insulte raciale. C'est là que le respect commence. D'ailleurs, le français est une langue merveilleuse. Elle dit tout. On ne reçoit pas le respect, on n'a pas le respect en cadeau. On mérite le respect, on gagne le respect.

Ça commence là. Ne pas se laisser faire. Et ce n'est pas de la politique, c'est de la dignité.

DANS LE CALEPIN - Shane Doan devrait s'y connaître dans le respect des ethnies, c'est le cousin de Carey Price.