Ce n'est pas toujours la photo traditionnelle qui touche. Une conquête de la Coupe Stanley, c'est tellement de travail, tellement de sacrifices, tellement de coups durs, tellement de passion que tout le monde y trouve quelque chose dont il va se rappeler le reste de ses jours.

Je regardais les joueurs des Blackhawks de Chicago célébrer sur la patinoire des Flyers de Philadelphie, mercredi soir, quand j'ai aperçu Scotty Bowman, qui accompagnait son fils Stan, directeur général des Hawks.

Le flash-back a été instantané. D'abord, je suis toujours content de voir Scotty souriant, j'ai passé des années à le voir stressé et tendu. Mais surtout, c'était étrange de le voir avec Stan. Parce que Stan s'appelle Stanley. Et il s'appelle Stanley parce que son père voulait l'honorer du nom de la Coupe qu'il avait gagnée avec le Canadien. D'ailleurs, Bowman s'amusait ferme à nous raconter les mauvais et parfois les bons coups de son gamin qu'on voyait parfois au Forum, le samedi avant-midi. «Vous savez ce que répond mon fils quand on lui demande comment il s'appelle?» nous racontait Bowman. Il dit qu'il s'appelle Stanley Cup!». Et Bowman, qui n'était pas toujours de mauvaise humeur, riait de bon coeur.

Les années ont passé et depuis mercredi, Stan Bowman peut se vanter de s'appeler Stanley... Cup.

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On ne lui enlèvera pas de son mérite. Mais j'espère que les connaisseurs et les historiens du hockey retiendront que Dale Tallon, prédécesseur de Stan Bowman, avait posé les jalons de cette grande victoire. Tallon a été congédié l'été dernier après avoir commis une bourde en négligeant de faire parvenir selon les règles des offres qualificatives à huit joueurs. Une bourde qui a coûté plusieurs millions à l'organisation.

Mais ce noyau de formidables jeunes, c'est sous Tallon qu'on est allé le former. Il faudra s'en rappeler.

Par ailleurs, quand on veut mesurer la distance qui sépare le Canadien de sa prochaine Coupe Stanley, on n'a qu'à regarder jouer Jonathan Toews et Patrick Kane. Ils sont du même âge que les jeunes pousses du Canadien. Fin de toute comparaison. Dans la vie, quand on compare Toews, médaillé d'or à Vancouver, capitaine des Hawks, gagnant de la Coupe Stanley et lauréat du trophée Smythe, à Sergei Kostitsyn, meilleur buveur du club, on comprend des choses.

Ça n'a pas empêché le Canadien de se rendre en finale d'association, mais on se rappellera de cette merveilleuse randonnée du printemps comme de la balade de Jaroslav. Point à la ligne et changez de paragraphe.

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J'ai beaucoup aimé cette finale malgré le travail nono des arbitres. Je répète que les officiels de la Ligue nationale sont compétents. Quand ils travaillent comme des imbéciles, c'est parce qu'on leur donne l'ordre de se comporter comme des imbéciles. Ce qui a favorisé Hal Gill et Chris Pronger, on en conviendra.

Les fans et surtout les ineffables fefans savent maintenant pourquoi les Flyers et le Canadien se sont tant battus pour obtenir les services de Daniel Brière. OEil au beurre noir, regard d'acier, volonté et désir affûtés, Brière a été un des trois meilleurs joueurs des séries. Il aurait pu, comme Pronger, recevoir le trophée Smythe. Mais dans l'ensemble des séries, les journalistes ont décidé que Jonathan Toews avait été encore meilleur et je respecte leur sélection.

Par ailleurs, je lis et j'entends parfois que Brière a tourné le dos à son peuple, à son équipe, à ses compatriotes. Allo Houston, y a un problème. En s'en allant à Philadelphie, il rejoignait Martin Biron et Simon Gagné. La saison suivante, le jeune Claude Giroux était de l'équipe et Biron, parti. C'est quand même mieux que le seul joueur québécois sous contrat avec le Canadien. Georges Laraque. Brière va se sentir plus chez lui avec les Flyers qu'avec le Canadien. Et c'est aussi vrai pour Vincent Lecavalier.

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On l'a vu dans cette série finale, les deux équipes ne comptaient pas sur un gardien hors norme pour se rendre à la Coupe. Les Hawks avaient le talent pour compenser cette lacune mais chez les Flyers, la réalité a fini par faire mal. Avec un Carey Price ou un Jaroslav Halak, les Flyers joueraient encore au hockey. Ou ils auraient déjà le droit de tenir leur party de conquête.

Quand même, ce fut une belle saison...