Et voilà qu'on prend le même scénario et que le film marche encore. Le Canadien a été complètement dominé en deuxième période, 18 tirs contre 3, mais il marque l'unique but. Et en troisième, jusqu'à la pénalité majeure subie par les Penguins, on a eu droit à la même chanson. Et pourtant, vos Glorieux viennent de passer le message à la bande de Sidney Crosby. Faites ce que vous voulez, Jaroslav Halak les arrête. Et pour aider Halak, les défenseurs et les attaquants du Canadien se dévouent corps et âme devant lui pour empêcher les tirs de l'enclave.

Résultat, même si c'est de l'anti-hockey parfait, le Canadien a gagné un match à Pittsburgh et vient de se donner l'avantage de la patinoire pour le reste de la série.

Et bien plus, Sidney Crosby, frustré et mauvais petit garçon, n'a pas été plus brillant ni plus efficace qu'Alexander Ovechkin. Même qu'il a été responsable de revirements qui ont conduit à deux buts du Canadien. C'est bien pour dire.

Tout le Québec parle de Jaroslav Halak. Mais il faudrait peut-être regarder le monsieur joliment cravaté qui est derrière le banc. Toute la saison, Jacques Martin nous a cassé les oreilles avec son «il faut bien jouer sans la rondelle». Bien, c'est exactement ce que fait le Canadien. Il joue bien sans la rondelle. Il le faut, il ne touche à la petite noire que les quelques secondes nécessaires pour marquer un but.

Mais ça prend un système de jeu solide et étanche pour affronter des attaques comme celles de Washington et de Pittsburgh et limiter ces francs-tireurs à un but par match. Les quatre dernières victoires du Canadien ont été méritées alors que l'adversaire n'a déjoué Halak qu'une fois. C'est invraisemblable comme situation. Et seules les très grandes équipes, puissantes et dominantes, ont pu réaliser cet exploit. Et on en conviendra, le Canadien n'est pas une puissance dans la LNH.

Ce système de jeu exigeant, c'est Jacques Martin qui l'a imposé à ses hommes. Je peux comprendre que sans l'adrénaline des séries éliminatoires, ils aient négligé de fournir les efforts colossaux que ce style de jeu demande. Inspirés par la première victoire à Washington et les exploits de Jaroslav Halak, les Gomez, Pouliot, Gill, Lapierre, Gionta et les autres font tous les sacrifices exigés pour gagner. Et en plus, ils croient maintenant que d'autres miracles sont possibles.

Les fans et les fefans ont été cruels pour Martin dans la dernière ligne droite de la saison régulière. Et il faut dire que le Canadien ne faisait rien pour attirer des éloges à son entraîneur.

Mais quand on assiste à un match comme celui d'hier, on se dit qu'il y a une pensée derrière cette étanchéité et cette discipline. La pensée d'un coach.

Peut-être que le Canadien ne gagnera pas la série, ça se peut. Mais on sait maintenant pourquoi Jacques Martin a une réputation de vrai coach de hockey.

Et on sait maintenant ce que Jean Perron voulait dire quand il parlait de «bien jouer avec pas de puck».

Comme d'habitude le Jean, en avance sur son temps.