C'est le grand sujet de discussion. À part la pluie, évidemment, qui transforme les Jeux d'hiver de Vancouver en Jeux mouillés.

Qui donc va allumer la flamme olympique dans la vasque? L'autre jour, Wayne Gretzky s'est défilé lors d'une promotion pour Samsung. Conclusion des chroniqueurs de l'Ouest qui connaissent bien le Gretz: il s'est poussé pour ne pas avoir à leur mentir en pleine face. Ça voudrait donc dire qu'il serait l'élu pour allumer la vasque olympique.

D'autres parlent de la mère de Terry Fox à cause de la portée nationale du projet fou de son fils de traverser le Canada en courant sur une seule jambe.

Et certains, avec beaucoup d'à-propos, avancent le nom de la skieuse Nancy Green, une gloire olympique.

Mais peut-être fait-on complètement fausse route. Peut-être qu'on n'a pas besoin de glorieuse personnalité pour cette cérémonie. Peut-être qu'un symbole peut être assez puissant pour laisser un souvenir impérissable dans tout un pays?

Montréal, 1976. Mes premiers Jeux olympiques. J'étais chargé d'écrire le texte de la cérémonie d'ouverture au grand Stade olympique. Je me rappelle le costume rose de la reine Élisabeth. Et je me rappelle encore mieux les deux jeunes ados, beaux comme des dieux, qui avaient allumé la vasque. Sandra Henderson et Stéphane Préfontaine.

Mme Henderson est aujourd'hui engagée dans le milieu universitaire alors que Stéphane Préfontaine est président de Préfontaine Capital, une société de gestion et de placements qu'il a fondée en 2004. Me Préfontaine est avocat, MBA, titulaire d'une maîtrise de Columbia et d'un diplôme en philosophie obtenu à Paris.

La grosse tête bouclée qu'il arborait à 15 ans quand il a porté la torche olympique a fait place à une élégante coupe de cheveux... d'avocat et de gestionnaire.

«J'avais 15 ans. On nous avait choisis, Sandra et moi, parce qu'on représentait l'avenir d'un pays encore jeune. Pas besoin d'être célèbres, c'est le symbole qu'on affichait. Et puis, il n'y avait pas autant de grands athlètes olympiques comme Gaétan Boucher et Sylvie Bernier qui auraient été disponibles», m'a raconté Stéphane Préfontaine hier entre deux réunions.

«On nous avait isolés dans un chalet à Hudson pour qu'on puisse s'entraîner à courir dans la même foulée. Mais ce n'est que la veille de la cérémonie qu'on a su que ce serait nous les élus. J'étais tellement nerveux que je ne me souviens pas vraiment en détail de ce qui s'est passé. Mais je me souviens des émotions que je ressentais. C'était énorme», a dit Préfontaine.

Il y a eu d'autres choix qui avaient une portée tout à fait spéciale: «À Atlanta, le choix de Muhammad Ali était poignant. Il était là non seulement à cause de ses victoires sportives, mais surtout à cause de ce qu'il représentait sur le plan historique et social», a repris Préfontaine.

Effectivement, Ali a tenu tête à l'Amérique blanche en refusant de faire son service militaire et il a été un combattant efficace et fier pour la cause des Noirs et des musulmans. Le voir diminué par le parkinson, lui le Plus Grand, était bouleversant.

En 1988, aux Jeux de Calgary, c'est une toute jeune fille, Robyn Perry, qui avait grimpé les marches jusqu'à la vasque. Encore là, on avait choisi un symbole au lieu de confier l'honneur à une célébrité.

Par ailleurs, en soirée hier, COVAN a indiqué que Gretzky ne serait pas le candidat retenu.

«Dans le fond, ce n'est pas obligé que ce soit Wayne Gretzky. On pourrait privilégier l'histoire, le culturel, il y a d'autres options. J'ai bien hâte de voir. J'aimerais qu'on me surprenne, ce serait intéressant», a dit Préfontaine.

Il va regarder les cérémonies à la télévision. Comme Karyn Perry. Comme Sandra Henderson. Les trois seuls Canadiens à avoir allumé une vasque olympique. Les trois vont avoir des frissons et le «motton» dans la gorge.

DANS LE CALEPIN Y mouille. Hier, en sortant d'une conférence de presse, Marcel Aubut rêvait tout haut à ce que seraient des Jeux olympiques à Québec. Le cachet européen, le Vieux-Québec, les montagnes, la neige, l'hiver. Surtout l'hiver. De la belle neige romantique, pas de la flotte.

Ça va arriver, ça va se faire. Les Jeux de Québec de 2026. On va les couvrir. Pendant ce temps, les fefans vont encore discuter des goalers. Parlant de fefans, François Gagnon est arrivé. C'est parfait, ça veut dire que la moitié des Jeux de Vancouver va se mettre en branle avec le hockey. Dans le fond, il y a deux Jeux de Vancouver. Ceux qui se passent à Whistler et les autres qui vont avoir lieu sous la pluie... Hier, Nathalie Lambert, chef de mission, et Joé Juneau, son adjoint, se sont adressés aux journalistes. Si ça peut rassurer les intellos, il y a des athlètes qui ont des idées et des choses à dire et qui savent trouver les mots pour le faire. Je les ai vus gagner des médailles sur la glace à plusieurs Jeux olympiques et si je m'étais laissé aller un petit peu, j'aurais été encore plus fier de les voir hier. De belles personnes... Le maire Régis Labeaume et son homologue de Montréal débarquent à Vancouver. On retient son souffle.