Il s'en est joué, des matchs de hockey, depuis ce jour de septembre où Serge Savard, toujours aussi confiant en ses moyens, m'avait montré un grand efflanqué à la ligne bleue: «Mon joueur de pointe pour les prochaines années, c'est lui, le jeune là-bas. Patrice Brisebois. Il a une bonne tête de hockey, il lit bien le jeu», m'avait dit Savard.

Il s'en est joué, des parties. Des belles, des moins belles, des glorieuses et des gênantes. Même qu'on a eu droit à quelques honteuses.

 

Le grand efflanqué s'est entraîné, il a pris du coffre et il a disputé plus de 1000 matchs avec son équipe d'amour. Il a été hué injustement et il a été applaudi parfois avec une retenue qui ne s'applique pas à certains favoris de la foule. Mais il ne s'en plaint pas; il a connu une carrière qui lui a donné plaisir et argent.

Le jeunot que Savard me montrait a vieilli. Et hier, c'est un homme serein et comblé qui a répondu à mes questions.

La veille, il avait reçu la médaille d'honneur de l'Assemblée nationale et Brisebois était encore profondément touché par cette marque de reconnaissance des représentants de tout le peuple québécois.

«J'étais dans les estrades et j'ai assisté au débat très violent entre Mme Sylvie Roy de l'ADQ et le premier ministre Jean Charest. On sentait la tension dans tout le grand salon», a raconté Brisebois.

Mais après, quand il a pu causer avec le premier ministre, avec Mme Pauline Marois, la chef de l'opposition, et les autres députés, on lui a expliqué que la joute politique était comme le hockey: «Ça cogne très dur pendant les débats mais quand c'est terminé, les députés se respectent et savent rester des compagnons de la vie politique», a souligné Brisebois.

Il a été honoré pour son travail avec les jeunes de Sainte-Justine. Brisebois a toujours été discret mais, en plus de verser 50 000$ par année aux jeunes malades, il allait fréquemment les rencontrer et leur remonter le moral.

«J'étais ému. Ma femme et mes deux filles étaient présentes pour la cérémonie. Il y a des honneurs dans la vie qui ont une plus grande signification», a dit Brisebois.

Personne n'est parfait et Brisebois n'a jamais prétendu être digne d'être crucifié entre deux voleurs. Mais il aura beaucoup donné à son équipe et aux partisans. Et si certains journalistes se sont acharnés à le détruire pour des raisons qu'ils devraient tenter de comprendre, la plupart ont su apprécier un homme capable de répondre à toutes les questions après une victoire ou une défaite. C'est beaucoup plus rare qu'on pense.

Plusieurs fans auraient souhaité que Patrice Brisebois soit plus bagarreur, plus chien. Mais ce côté mesquin et, disons-le, cette bravoure un peu folle que les bagarreurs semblent avoir au plus profond de leur être, on ne les trouvait pas dans la personnalité de Brisebois. Parfois, ça demande encore plus de courage d'affronter des boeufs de 240 livres en sachant que les coups vont faire mal et laisser des traces.

On aurait pu revoir Brisebois avec le Canadien. Quand Andrei Markov s'est blessé lors du premier match à Toronto, la défense du Canadien a été amputée de son meilleur élément. Bob Gainey a alors appelé Don Meehan pour savoir si Patrice Brisebois était prêt à revenir au jeu. Meehan a téléphoné à Brisebois. Ce dernier aurait aimé aider son équipe mais, en même temps, il s'est dit que si Gainey l'avait voulu, il aurait pu lui faire signe n'importe quand pendant les longs mois de l'été. Il a répondu à Meehan qu'il était passé à autre chose. «C'est tellement difficile de jouer au niveau de la Ligue nationale. Il faut respecter les coéquipiers qui sont déjà en poste», s'est-il contenté de dire.

Sa nouvelle vie est très mouvementée. Mais ce qui semble passionner davantage Brisebois, c'est l'univers de la télévision. Il fera partie de la téléréalité Québec-Montréal, et il est ouvert à d'autres propositions dans les médias.

Gino Rosato à la FIA?

Gino Rosato est arrivé hier à Montréal. Gino, l'homme à tout faire de Ferrari, a convoqué les médias pour une conférence de presse lundi à 17h. Le communiqué indique que Patrice Brisebois, Marcel Aubut et Garou seront de la fête.

Les hypothèses les plus farfelues ont couru. Formule 1, NASCAR, une écurie pour Brisebois, tout y est passé. Hier, on a appris que Jean Todt, le grand ami et le protecteur de Rosato, a été élu à la présidence de la FIA, l'organisme suprême dans le sport automobile.

Je ne serais pas surpris d'apprendre que Gino va quitter Ferrari pour accepter un poste à la FIA. Je n'ai aucune confirmation en ce sens, mais ça me semble logique.

Sinon, on verra bien...

DANS LE CALEPIN Les commentaires de Pat Burns à la radio sont succulents. Et ses observations sont justes et pertinentes. Il n'y a que la voix, trop chevrotante à mon goût, qui m'inquiète. J'espère tout juste que le bon Pat va gagner un autre round...