Il y a maintenant de l'espoir. En disant que le retrait du chandail d'Émile Bouchard était une affaire à étudier en priorité « afin de mieux comprendre le cas avant de passer à l'étape suivante «, Geoffrey Molson vient de lancer un grand signal.

Il vient de dire dans un excellent français qu'on va enfin régler ce dossier pourri. Pourri parce que l'injustice commise envers l'ancien grand capitaine est trop énorme et trop flagrante. D'ailleurs, personne ne connaît l'identité des membres du fameux comité derrière lequel se réfugiait Pierre Boivin pour justifier son entêtement. Et personne n'est d'ailleurs capable d'expliquer la position de M. Boivin.

 

Mais le signal envoyé par M. Molson dépasse la rhétorique. Il dit en fait qu'il est conscient de l'existence du Québec et de ce qui s'y passe. C'est un pas énorme dans la bonne direction. Il dit également qu'il remet en question le jugement de M. Boivin et du comité fantôme dans cette affaire.

En fait, il dit qu'il va être le patron.

Et qu'il y a de l'espoir que M. Bouchard, qui a 90 ans, soit honoré de son vivant. Merci, M. Molson, vous allez rendre un de vos anciens et valeureux capitaines très heureux. Surtout qu'il le mérite tellement...

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« Désormais. « C'est par un seul mot, « désormais «, que l'honorable Paul Sauvé, successeur de Maurice Duplessis, a marqué la fin de la Grande Noirceur.

En écoutant Geoffrey Molson s'adresser dans leur langue à ses clients et aux partisans de son équipe, en pesant l'actionnariat du Canadien, en voyant le respect qu'on témoigne enfin à M. Bouchard, c'est le mot qui m'est venu à l'esprit.

Les choses vont changer au Centre Bell. Ça ne se fera pas du jour au lendemain, mais il est certain que Geoffrey Molson n'a pas acheté le Canadien pour vendre des g-strings roses avec le CH à la bonne place. Les frères Molson sont des hommes encore jeunes qui ont grandi dans le giron du Canadien. Ils auront, j'en suis persuadé, cet instinct et cette sensibilité qui font les grands propriétaires. Peut-être qu'ils ne feront pas 300 millions de gains de capital en huit ans, mais je crois sincèrement que les chances d'avoir une vraie équipe gagnante à Montréal vont augmenter.

En écoutant M. George Gillett parler de Bob Gainey, il était évident que personne dans l'organisation n'avait la moindre emprise sur lui. Incluant Pierre Boivin. Que Geoffrey Molson soit président ou pas, on sait déjà qu'il a fait sentir sa présence. Les choses ont déjà commencé à changer et ça va aller en s'accélérant.

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J'étais à La Baie hier, où j'avais prononcé la veille une conférence pour amasser des fonds au profit de la fondation de l'hôpital de la ville. Évidemment qu'on m'a beaucoup parlé de la colère de Pierre Boivin. Ce que j'en pense ? Pas grand-chose. Si j'avais été à sa place, j'aurais sans doute réagi comme lui.

Ça fait partie de nos deux métiers. De temps en temps, ça se heurte de front. Ça dépend surtout comment on pratique le journalisme.

Par contre, je ne partage pas les mensonges colportés pour sa défense. Juste pour donner un indice d'un tableau tiré du livre que doit publier Robert Sirois, le Canadien des années 70, 80 et 90 a repêché en moyenne 30 francophones par décennie. Dans la dernière décennie, ce nombre a chuté à 15. Deux fois moins. On ne parle pas d'une baisse de 5 ou 10 %. De plus, il s'est repêché autant de francophones dans la Ligue nationale dans cette décennie que dans les années 80 ou 90. C'est à Montréal qu'il y a eu négligence.

Et des statistiques de ce genre, il y en a des centaines de pages. Dont plusieurs contredisent carrément les dernières entourloupettes de Pierre Boivin. Sans doute qu'on va essayer de mettre la main sur une épreuve du livre pour préparer la contre-attaque en se servant de ses stations de radio et de télévision. Le sénateur va surchauffer.

Je voudrais également préciser que comme par hasard, Louis Leblanc a été repêché en première ronde par le Canadien après la vente de l'équipe aux frères Molson. Toujours le même hasard, bien entendu.

Mais c'est pas grave, les choses vont changer. Les dirigeants des équipes juniors vont recommencer à recevoir la visite des dépisteurs du Canadien. Parce que je pense qu'on va enfin embaucher des dépisteurs à temps plein qui vont connaître le Québec. Comme je pense que les relations entre le Canadien et Hockey-Québec vont être plus étroites. Ça fait partie du rôle d'une institution qui vaut plus d'un demi-milliard et qui est vénérée et adulée partout au Québec, d'aider au développement du hockey amateur dans son marché. Je sais que les frères Molson en sont conscients.

Guy Carbonneau se remet fort bien de son opération aux deux hanches. Il marche comme un jeune homme. Hier, il était assis avec le maire de Saguenay, Jean Tremblay, pour annoncer que les Saguenéens de Chicoutimi et la Ville entreprenaient des négociations pour renouveler l'entente entre le groupe de Carbo et la deuxième grande ville au Québec. L'autre étant Québec.

Carbo a rencontré Bob Gainey, et les deux hommes ont passé une heure à discuter de ce qui s'est passé la saison dernière. Carbonneau n'a pas le goût de ruminer sa peine plus longtemps et il est déjà passé à autre chose. Mais disons qu'il ne reconnaît pas trop son ancien capitaine des années glorieuses : « On s'est parlé ; j'ai pas le goût d'avoir de la rancune, c'est du passé. Ça donnerait quoi ? « a-t-il demandé.

Il regarde l'alignement que le Canadien mettra sur la glace lors du premier match de la saison régulière et il est optimiste : « Il y a de nombreux nouveaux joueurs, mais il y a moyen de les regrouper, c'est certain «, a-t-il dit.

Chose certaine, cette nouvelle équipe, c'est Bob Gainey qui la voulait. S'il avait vraiment voulu garder Alex Kovalev et Mike Komisarek par exemple, il n'aurait pas attendu le 1er juillet pour faire une offre. Pour le meilleur ou pour le pire, c'est une toute nouvelle équipe que les fans applaudiront la saison prochaine.

Je crois que Jacques Martin est le meilleur coach qu'on pouvait espérer pour diriger et encadrer autant de nouveaux visages. Le système de jeu va être étanche, ce qui va favoriser l'éclosion de Carey Price. Le Canadien va certainement participer aux séries éliminatoires. Et je ne pense pas que ça va se décider le dernier soir de la saison.

 

Le camp du ch s'ouvre aujourd'hui

Les attaquants Philippe Lefebvre et Dany Massé, les défenseurs André Benoit et Frédérick St-Denis ainsi que le gardien Robert Mayer sont parmi les joueurs invités au camp des recrues qui vont participer au camp d'entraînement officiel du Canadien. Vingt-six des 29 joueurs invités au camp des recrues ont été retenus. Les trois joueurs retranchés sont les attaquants Gabriel Dumont et Dustin Walsh, ainsi que le gardien finlandais Petteri Simila. En tout, 54 joueurs participeront au camp, qui s'amorce aujourd'hui avec les examens médicaux et les tests physiques. Une première séance d'entraînement sur glace suivra demain.