Jean Pascal était au centre de l'arène, encore étourdi par son triomphe arraché dans un furieux combat, un des bons que j'ai vus à Montréal.

Le grand garçon était dans un autre monde, bousculé par ses partisans, et il attendait Adrian Diaconu pour le remercier de lui avoir donné une chance.

Il portait la ceinture sur son épaule. Immensément fier.

- Le réalises-tu, tu es champion du monde? lui ai-je demandé.

- Pas vraiment, c'est trop gros, de répondre Pascal.

Puis, il a eu comme une accalmie autour de lui dans un ring grouillant de cris joyeux et de beuglements triomphants...

- Tu sais, la ceinture, ben, elle est moins lourde que je ne le croyais...

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Ça se peut. Mais la réputation et la crédibilité de Jean Pascal pèse maintenant beaucoup plus lourd dans le coeur et l'esprit des amateurs de boxe. Il a fait la preuve qu'il était habile, courageux et surtout, qu'il était capable d'encaisser des coups solides sans se retrouver dans cette zone à la limite de l'inconscience qu'il semblait visiter trop souvent dans le passé.

C'est un vrai champion qui a détrôné Diaconu. Il a été fidèle à son plan de match, il a bougé constamment, il a évité les fanfaronnades et surtout, il a su répliquer aux attaques par des contre-attaques dévastatrices.

Jean Pascal a placé son jab toute la soirée et il n'a concédé que deux rondes ou trois rondes à son adversaire. Il a connu une baisse de régime à troisième et à la neuvième ronde, mais rien de trop inquiétant. Le reste du temps, il a été le maître du ring. Et le visage tuméfié et meurtri de Diaconu après le combat en était la confirmation douloureuse.

Les profanes qui ont découvert la boxe hier soir, et ils étaient nombreux, ont eu la chance de commencer par un des grands combats des dernières années.

Bravo aux deux champions, ils ont fait honneur à leur sport.

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Il devait y avoir une quinzaine de milliers de spectateurs, hier soir au Centre Bell, si on inclut les billets donnés. Mais tant Jean Bédard qu'Yvon Michel étaient très heureux. Pour les deux promoteurs, c'est un succès.

«Le modèle économique est en train de changer», a expliqué Jean Bédard avant le combat principal. Il avait le sourire puisqu'il savait déjà que ses 50 restaurants La Cage aux Sports étaient bondés partout au Québec. On parle de 15 000 personnes qui allaient suivre le combat en mangeant du poulet, des frites et en buvant de la bière.

Et s'il avait discuté avec les patrons de Vidéotron qui étaient assis ringside, le partenaire à la télé payante, il aurait su qu'on prévoyait dépasser les 10 000 ventes à la télé.

«Ça fait moins de deux ans que les familles se sont équipées d'une télé plasma. Vous savez, pour 50$, on peut acheter un billet dans les hauteurs du Centre Bell ou se réunir à cinq ou six amateurs de boxe et acheter le combat à la télé payante pour le regarder sur une plasma de 50 pouces. La télé en haute définition change beaucoup la perception d'un combat à la télé et augmente le plaisir, c'est certain», a ajouté le grand patron d'InterBox.

«Mais que les gens payent au Centre Bell, dans les Cages aux Sports ou achètent le combat à la télé payante, en fin de compte, on aura des milliers et des milliers d'amateurs de boxe qui auront vu le combat, c'est ce qui compte et c'est ce qui contribue à faire grandir le sport», a ajouté Bédard.

La F1: ça va mal

La menace d'un schisme entre la FOTA et la FIA et la FOM se précise. On a atteint le point de rupture, hier, à Silverstone. Les huit grandes écuries, Ferrari et les autres, ne veulent plus se faire littéralement arnaquer par Bernie Ecclestone ni se faire mener par le bout du nez par Max Mosley, dit les Fesses.

C'est en juin 2008 que les équipes ont fait leur chemin de Damas. Pendant la semaine du Grand Prix, Normand Legault, à l'invitation de Bernie Ecclestone, a expliqué aux écuries comment fonctionnait le sport professionnel nord-américain. Nul besoin d'une fédération internationale comme les Européens en ont avec le foot et la Formule 1. La NFL, le baseball majeur, la NBA et la Ligue nationale de hockey s'autodisciplinent en se nommant un commissaire et en organisant leurs propres services d'arbitrage et de mise en marché.

Les Ron Dennis et compagnie ont alors réalisé qu'ils pourraient mettre sur pied une saison de Formule X avec un budget de 50 millions. Soit 450 millions de moins que ce qu'ils payent à B'wana Bernie présentement.

À l'époque, Bernie voulait que les écuries apprennent à se passer de la FIA de Max Mosley. Malheureusement pour lui, elles ont réfléchi et découvert qu'elles pourraient surtout se passer de Bernie Ecclestone qui leur coûte un demi-milliard par année.

Le maire a raison

Je pense que le maire Gérard Tremblay a eu raison, hier, de soutenir publiquement qu'il n'est pas question de négocier le retour d'un Grand Prix du Canada qui serait amputé de ses grandes écuries comme Ferrari et McLaren. Pourquoi pensez-vous que Bernie Ecclestone est pressé tout d'un coup de régler le cas du Grand Prix du Canada? Parce qu'il est conscient qu'il n'aura peut-être plus que de la Ligue américaine à vendre d'ici quelques mois.

Pendant ce temps, les constructeurs se préparent. Déjà Damon Hill, ancien champion du monde en 1996, pourrait devenir promoteur pour la FOTA en Grande-Bretagne. Et même s'il n'a jamais parlé publiquement de ce sujet, je suis convaincu que les constructeurs doivent faire la très grande cour à Normand Legault pour qu'il leur apporte le circuit Gilles-Villeneuve.

Tant que la Formule 1 était un country club et que Bernie Ecclestone faisait faire des dizaines de millions aux gentlemen de la F1, tout roulait parfaitement, c'est le cas de le dire. Mais là, quand ce sont de grands financiers qui sont derrière les équipes, le rapport de forces change brutalement. Et ce vieillard omnipotent qu'était Bernie Ecclestone n'aura peut-être pas les ressources pour passer à travers cette crise... et son incroyablement dispendieux divorce d'avec Mme Tonton.

La famille Molson... et Savard

Les rumeurs et les bruits abondaient hier soir dans le Centre Bell. Tous semblaient croire que c'est la famille Molson qui mettra la main sur le Canadien. Par ailleurs, il semble bien que les Molson feront une place à Serge Savard dans la propriété de l'équipe et du Centre Bell. Ce serait mérité. Mais d'autres sources indiquent que le processus des enchères est loin d'être complété et que tout est encore possible pour les trois autres acheteurs.

DANS LE CALEPIN - Le maire de Québec, M. Régis Labeaume, était présent à la soirée de boxe. Il a passé des heures à brasser des affaires. M. Labeaume devrait venir plus souvent visiter l'hôtel de ville de Montréal. Il me semble que ça activerait certains dossiers.... Fernand Marcotte a 60 ans, on lui en donnerait un jeune 45. Et encore là, un 45 en forme comme un 25 en forme. Comme dirait le maitre Tremblay, vaut mieux vivre à Québec, ça garde en santé et ça donne le sourire.