Voilà que Honda, grande multinationale de l'automobile, annonce qu'elle se retire de la Formule 1. L'équipe est à vendre et si, en mars prochain, personne ne l'a achetée, on va tout simplement payer les frais de licenciement des employés et goodbye Bernie.

Cette semaine, Hockenheim, une des deux villes qui présentent le Grand Prix d'Allemagne, a fait savoir qu'elle se retirait parce que les conditions exigées par Ecclestone sont trop onéreuses et qu'on a fait un déficit au dernier Grand Prix.

 

Nurburbring, l'autre ville où a lieu le Grand Prix d'Allemagne, patrie de Michael Schumacher, de Mercedes et de BMW, a déjà fait savoir qu'elle était incapable d'organiser un Grand Prix à chaque année. Ça s'inscrit dans les abandons du Canada et de la France.

Selon mes sources d'information et on peut dire que dans les sagas de la Formule 1, elles ont l'habitude d'être fiables, Dietrich Mateschitz, le milliardaire de Red Bull, songerait à se départir d'une de ses deux écuries de F1 pour ne conserver que la Red Bull. S'il ne trouve pas de repreneurs pour Toro Rosso, ça voudrait dire que le plateau de la Formule 1 ne compterait plus que 16 Formules 1.

Ce qui amène un nouveau point dans la saga du Grand Prix du Canada. Pour 175 millions, sachez chers colonisés, que B'wana B'enie ne s'engageait qu'à fournir un minimum de 14 voitures de Formules 1. Si nécessaire, il aurait complété son plateau avec des GP2, sans doute pilotées par les fils d'Alain Prost et de Jean-Paul Belmondo.

La catastrophe...

En fait, c'est la catastrophe qui s'abat sur la Formule 1. Tous les secteurs vitaux de la F1 sont attaqués par la débandade de l'économie mondiale.

D'où proviennent les millions du sport professionnel? Et surtout ceux de la F1? Quels sont les grands commanditaires depuis que les compagnies de tabac ont été forcées de se retirer?

Pour un temps, ce furent les grands compagnies internationales d'aviation. Ç'a donné le Air Canada Center ou le Grand Prix Air Canada. Les compagnies plantent les unes après les autres et elles sont pratiquement sorties de la commandite.

Ensuite, on retrouve les grands constructeurs d'automobiles. Omnium Buick, festival GM et tutti quanti. Pour les trois grands constructeurs américains, c'est la panne sèche. Ils se retirent tous de la commandite pour tenter d'éviter la faillite. Et les marques japonaises et européennes, si elles tiennent mieux le coup, sont devenues beaucoup plus prudentes. Qu'on pense à Honda.

Puis, viennent les grandes institutions financières. Or, les banques sont menacées de faillite partout sur la planète et celles qui vont mieux vont être frappées d'ici quelques mois par le tsunami des cartes de crédit. Pensez-vous que les millions de nouveaux chômeurs vont continuer à payer leur Visa et leur Master Card? La RBS, la grande banque écossaise qui commandite la Williams, a littéralement été nationalisée par le gouvernement britannique. Pas certain qu'on va aller se pavaner à déguster son champagne dans les paddocks de F1 avec l'argent des contribuables.

Ensuite, on retrouve les grandes brasseries nationales. Au Canada, c'est simple, Labatt appartient aux Brésiliens, Molson à Miller et aux Américains et Sleeman aux Japonais. Quand il faut aller à Sao Paulo pour convaincre le boss de commanditer le festival de Saint-Tite, ça complique les choses.

Et enfin, il reste les sociétés publiques. Loto-Québec, l'Hydro, le Casino et autres créatures liées à vos taxes. Quand ça va bien, c'est parfait. Quand ça va mal, c'est plus compliqué. Et cette vérité est universelle.

On comprend mieux pourquoi Bernie Ecclestone exigeait tellement des contrats de cinq ans. Parce que B'wana voyait venir la tempête et voulait éviter de montrer que son produit risquait d'être sérieusement dévalué à court terme.

Quelle Formule 1 ?

Il est trop tard, la crise financière mondiale le frappe de plein fouet. Il va y avoir de la Formule 1 la saison prochaine. Mais en 2010, si Bernie qualifie encore son produit de F1, on pourra se demander de quelle Formule 1 on parlera. Et ce n'est pas faire la gueule sûre que de poser la question.

Et ce qui est vrai, globalement, pour Ecclestone est vrai pour George Gillett. Cette saison, les choses vont encore très bien. Les contrats sont déjà vendus et les billets renouvelés. Mais il sera beaucoup plus difficile de vendre des loges à 150 000$ l'été prochain. Il va falloir que François-Xavier Seigneur travaille plus fort pour rafler les millions. Ça va être moins facile d'aller compter son argent dans les Antilles. Pendant les vacances, évidemment.

Cela dit, les fans du Canadien n'ont pas à s'inquiéter. Pour l'instant, M. Gillett est un excellent propriétaire. Un des meilleurs qu'on ait connus à Montréal. Si jamais, pour diverses raisons, il devait céder en partie ou en totalité l'équipe, les vrais propriétaires de l'équipe resteraient sur place. Les proprios, et les fans de Liverpool l'ont rappelé brutalement cette semaine, ce sont les partisans. Ce sont eux qui investissent 2 millionspar match dans leur équipe. Ce sont eux qui garantissent la valeur de l'investissement. Tant que vous serez là, il y aura toujours un homme d'affaires prêt à investir pour continuer à recevoir vos dollars.

En 1976, j'étais sur la terrasse de l'hôtel de ville après la parade de la conquête de la Coupe Stanley. Il y avait des dizaines et des dizaines de milliers de fans dans le terrain à l'arrière de l'hôtel de ville. Me Jacques Courtois, président à l'époque du Canadien, regardait songeusement cette masse grouillante et joyeuse. Il m'avait dit, sans détourner les yeux de la foule: «Les vrais propriétaires de l'équipe, ce sont eux. Ce sont les partisans».

Ça m'avait frappé à l'époque et à moins que ma mémoire ne me joue des tours, j'en avais fait la manchette de mon texte du lendemain.

Ce serait le bon moment de la ressortir. Vous êtes les propriétaires et vous avez le droit de savoir ce qui se passe.