Guy Carbonneau est un grand garçon. Et si j'en juge par la façon dont les Saguenéens de Chicoutimi sont dirigés et présidés, c'est un bon homme d'affaires.

Évidemment, tous en conviendront, les contrats de Guy Carbonneau ne sont pas de mes affaires. Pas du tout. Je ne suis ni son beau-père ni son agent.Mais j'aime assez Carbo et j'ai assez de vécu pour lui conseiller vivement de signer son nouveau contrat avant le début de la saison.

Je sais, je sais, Bob Gainey est un homme droit. Je sais que lui et Carbo ont gagné une Coupe Stanley ensemble et que les deux ont été capitaines du Canadien. Je sais surtout que Guy Carbonneau fait partie de la nouvelle réalité du Centre Bell. C'est le Toe Blake des temps modernes. Il fait partie du paysage autant que le bouillant Toe et son chapeau vissé sur son crâne têtu.

Je sais tout ça, mais je sais qu'en affaires, il y a la business et il y a les amis. Et que si jamais le début de saison des Glorieux ne se passait pas comme prévu, on ne sait jamais ce qui pourrait se passer s'il y avait panique en la demeure.

L'amitié entre un directeur général et un coach, c'est parfait. Mais ce qui est encore plus parfait, c'est un prolongement de contrat de trois ans bien blindé et déposé dans le coffre-fort de son avocat favori.

C'est encore plus parfait parce qu'on dira ce qu'on voudra, ça sécurise son homme. Et que surtout, ça envoie un message très fort aux joueurs que le coach qu'ils ont devant eux et qui souvent, quoi qu'ils en disent, les fait chier souverainement, est là pour rester et qu'il est assis sur trois millions de dollars.

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De toute façon, Guy Carbonneau mérite un prolongement de contrat. Amitié ou pas amitié. Il a pris une équipe que la plupart des connaisseurs avaient choisi pour terminer la dernière saison en dehors des séries. Personne, absolument personne, n'avait osé prédire que le Canadien terminerait premier de sa conférence. De plus, on a privé Carbo de Cristobal Huet, son gardien numéro un, à compter du 26 février et c'est avec une recrue grassouillette qu'il a terminé la saison.

Cela dit, il y a une autre raison pour Carbo de signer le plus rapidement possible son contrat. Rien ne garantit que le Canadien va même participer aux prochaines séries. C'est vrai, avec le retour de Patrice Bergeron, les Bruins vont être de la fête. Comme les Capitals de Washington avec José Théodore et Alexander Ovechkin et les Flyers de Philadelphie. Les Senateurs d'Ottawa devraient y être comme les Penguins de Pittsburgh. Les Hurricanes de la Caroline vont être meilleurs. Comme le Lighting de Tampa Bay avec son nouveau capitaine. New Jersey va être des séries comme les Rangers de New York.

Ben coudon, si tout ce monde est de la fête, ça risque d'être engorgé au sommet.

Pourquoi je suis craintif pour la Flanelle ? Parce que les autres équipes ne seront plus surprises par l'équipe de Carbonneau. Parce qu'Alex Kovalev devra disputer une aussi bonne saison que la dernière s'il veut traîner ses coéquipiers dans les séries. Et parce que Carey Price devra être aussi bon que le souhaitent tous les fans pour que le Canadien soit une puissance dans la ligue.

Avec Alex Tanguay, peut-être que Saku Koivu va enfin produire comme le devrait un premier centre et offrir le leadership qu'on attend d'un capitaine. On souhaite qu'il saura bien représenter l'organisation et les joueurs dans les nombreuses cérémonies et célébrations du centenaire de l'équipe. Un peu de respect suffirait sans doute à calmer les mécontents. Juste un peu de respect.

Et si Carbo est capable d'endurer Georges Laraque, le robuste ailier va donner de précieuses minutes de jeu à son équipe. Personnellement, les grands sparages d'un gorille ne m'ont jamais impressionné et ce n'est pas Laraque qui a fait la différence dans les séries la saison dernière avec Pittsburgh. Mais il est capable de jouer intelligemment et il est le bienvenu dans l'équipe. De bonnes épaules le long des bandes, ça ne nuit pas à personne.

Mais dans le fond, toute la structure de l'équipe repose sur Carey Price. Il devra être solide et confiant et il devra être capable de supporter la pression exercée par Jaroslav Halak qui à 23 ans, meurt d'envie de jouer régulièrement dans la Ligue nationale.

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Tout est en place pour justifier l'optimisme des fans. Et la gourmandise de l'Organisation. Vous avez payé vos billets de saison, vous avez également payé la facture de 100 $ pour couvrir le coût de fabrication de vos tickets, les coffres d'Oncle George sont remplis de billets de cent, la bière va vous coûter 10 $ le verre, Benoît Brunet va chanter les louanges de ses anciens coéquipiers, ça va gueuler fort à 110 %, Michel Villeneuve va parler beaucoup à la Zone, tout est prêt pour la saison.

Ne manque que le contrat de Carbo...

Dans le calepin

Pus capable d'entendre ou de lire les clichés de Jean Gosselin, le penseur sportif de National. Si plus de trois amateurs se réunissent dans un coin d'aréna, on demande à Jean Gosselin de se prononcer sur les portées de marketing de l'événement.

Je lisais ce qu'il disait en fin de semaine sur Roberval et la chance de la ville de se faire connaître grâce au match du Canadien... les retombées à venir... et je te cause, et je te cause. Comme si c'était la première fois que le nom de Roberval était prononcé dans l'histoire du pays.

S'cusez mais ça fait 50 ans que la Traversée internationale du lac Saint-Jean prend fin à Roberval. Les quais de la ville ont accueilli plus d'un million et demi de spectateurs au fil des ans et la télé et les journaux ont consacré des heures et des centaines de pages à la ville et à l'événement...

Mais tout n'est pas de la faute de M. Gosselin. Dès qu'un journaliste a besoin d'une citation dans un article à saveur « marketo-philosophique «, la solution facile est d'appeler Jean Gosselin. C'est le principe de la saucisse Hygrade. Plus Jean Gosselin parle, plus on appelle Jean Gosselin. Plus on appelle Jean Gosselin et plus Jean Gosselin parle. Plus Jean Gosselin parle et plus on appelle... et plus on l'appelle et plus il parle... plus il parle... plus...

À part de ça, saviez-vous que Jean Ratelle était né à Roberval ? Et Geneviève Simard ?