Dans la seule journée de lundi, deux décisions douteuses ont dramatiquement changé le cours de deux matchs de la Coupe du monde de soccer. Dans les deux cas, les reprises ont montré que les deux arbitres avaient sanctionné des fautes imaginaires. D'abord ce penalty qui qualifiait la Grèce dans les dernières secondes de son match contre la Côte d'Ivoire, puis cette expulsion d'un joueur italien qui allait forcer l'Italie à jouer à 10 pendant près de 40 minutes.

Le soccer est-il un sport plus difficile à arbitrer que les autres? Devrait-on permettre les reprises vidéo notamment quand l'arbitre appelle un penalty?

Pour les reprises vidéo, je ne sais pas, mais à ma première question, la réponse est oui, le soccer est un sport plus difficile à arbitrer que les autres. Cela ne tient pas au jeu lui-même, mais à sa culture particulière. Dans tous les sports d'équipe, les joueurs tentent, à l'occasion, d'abuser l'arbitre. Au soccer, ce n'est pas à l'occasion, c'est tout le temps. Au soccer, la simulation est une phase du jeu, une action comme une autre, comme le dribble, le tacle, la talonnade, la frappe. Il ne m'étonnerait pas qu'on pratique la simulation dans les écoles de soccer, comme simuler une chute, une blessure pour briser le rythme, s'accorder un repos, appeler une faute qui changera l'issue du match.

Comme bien des Nord-Américains, je redécouvre tous les quatre ans que le soccer est un jeu merveilleux qui baigne dans une culture détestable, et je ne parle pas ici des joueurs qui mordent les autres - il y a des psychopathes dans tous les sports (le hockey, notamment) -, je parle de cette mystification incessante qui introduit chaque fois le doute. Faute ou pas faute?

À la fin, c'est fatigant, et ça gâche les perspectives et le spectacle.

Notons tout de même que les deux fautes d'arbitrage de lundi ne sont pas clairement le résultat de simulations et n'ont pas, non plus, mené à une grande injustice... Les Italiens ne méritaient pas de se qualifier; quant au cadeau fait aux Grecs, il récompensait leur domination dans ce troisième match (1).

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Vous demandez si j'ai joué au foot. Enfant, j'ai joué beaucoup. Surtout dans la rue, avec des cailloux; les bouches d'égout nous servaient de buts, nous n'étions pas brésiliens à l'époque ni italiens, mais hongrois. Je ne me souviens plus pourquoi, mais nos héros s'appelaient Puskas, Czibor, et un autre dont le nom nous faisait bien rire, Kocsis...

J'ai renoué avec le foot beaucoup plus tard, par obligation... professionnelle à La Presse, en allant couvrir ma première Coupe du monde en Allemagne en 1974! C'est aussi en Allemagne, en 2006, que j'ai couvert ma dernière Coupe, un modèle d'organisation, des Allemands formidablement chaleureux, une finale Italie-France sublime.

Et me voici reconquis une fois de plus, pas trop attristé par l'élimination d'une Italie bien pâlotte, tout à l'image de son meneur de jeu Andrea Pirlo, dont il reste bien peu.

Un jeu merveilleux, disais-je, s'ils voulaient seulement arrêter de se rouler à terre dans des souffrances atroces.

LE BIEN A ENCORE TRI- OMPHÉ - Hon! ils les ont pognés! a dit ma fiancée en entrant dans la maison. Elle venait de l'entendre à la radio de l'auto. Elle était déçue. Je vous rassure: une toute petite, petite déception. Presque rien. Il m'a quand même traversé l'esprit qu'on ne devait pas être nombreux dans la Haute-Yamaska et même dans toute la province à partager son minuscule chagrin.

Vous, non? Pas de chagrin?

C'est pas pour une enquête, ni un sondage, ni pour recevoir des courriels. Je ne vous le demande pas vraiment. Je me doute de votre réponse: ce sont de dangereux criminels, après tout. Peut-être même que vous ne direz pas «après tout».

Vous avez raison, bien sûr. Ce que je disais, moi, c'est qu'il y a 30, 40, 50 ans, nous étions beaucoup plus nombreux qu'aujourd'hui à ne pas très bien distinguer entre les dangereux criminels, les redoutables policiers et les honnêtes citoyens. Il y a 30 ans, nous eussions été majoritaires à dire hon! comme ma fiancée.

Le bien, le bon, le blanc ont gagné énormément de terrain depuis 30, 40, 50 ans. Permettez que je vous en félicite.

PÉPÈRE LA VIRGULE - Page 39 de son numéro de juillet, le Magazine Cineplex, pas vraiment un magazine de cinéma, plutôt une circulaire comme en distribuent les chaînes d'épicerie pour annoncer que le steak haché est à rabais, sauf qu'au lieu du steak haché, c'est des films. Le Magazine Cineplex, disais-je, annonce un film d'animation qui racontera l'histoire du Petit Prince inspirée, je cite, «inspirée du livre pour enfants du baron Pierre de Coubertin».

Vous vous trompez, jeunes gens. Le Petit Prince, c'est Saint-Exupéry. Le baron, cela devrait vous amuser de l'apprendre, le baron a inventé le sot à la perche.

C'EST PAS CLAIR - C'était dans Le Point, il y a un mois, un chroniqueur expliquait le jeu de l'ultimatum. Je ne suis pas sûr d'avoir compris.

Deux joueurs. Cent piasses sur la table. Le premier joueur pige le montant qu'il veut. Mettons 98$. Reste deux dollars que le second joueur a le choix d'accepter - deux dollars, c'est mieux que rien - ou de refuser - deux dollars? tu te fous de ma gueule?

C'est ici la clef du jeu: si le second joueur refuse le marché, alors les deux perdent tout. Il s'agit donc pour le premier joueur d'évaluer quelle somme le second est prêt à accepter.

Ce que je ne comprends pas? C'est qui, le con qui a mis 100 piasses sur la table?

(1) D'un autre côté, les Grecs ont été si pourris dans leurs deux premiers matchs qu'il est un peu scandaleux de les retrouver en huitièmes de finale... qui plus est, ils y affronteront le Costa Rica, un adversaire tout à fait à leur portée. Voilà presque ces Grecs sans génie en quarts de finale pour un penalty non mérité accordé à moins d'une minute de leur élimination. On danse le syrtaki tout de suite?