J'ai ri. C'était à cette émission du midi à la radio de Radio-Canada, cette émission dont je ne me souviens jamais du titre ridicule - mais l'émission est super bonne, elle l'était quand elle était animée par Michel C. Auger, elle l'est tout autant animée par Jacques Beauchamp. C'était à cette émission, donc, et la question du jour posée aux auditeurs était: que pensez-vous de l'entente entre Rogers Sportsnet et la Ligue nationale de hockey?

J'ai ri. Je savais tellement que les chers zauditeurs rédiocanadiens allaient se prononcer sur le hockey en général plutôt que sur l'entente, qu'ils allaient dire qu'ils préféraient le plein air et ses «tits zoiseaux» au hockey qui, de toute façon, n'est plus ce qu'il était, d'ailleurs le sport professionnel en général, wouache, wouache, et la performance alors! Quelle vacuité, la performance. J'ai ri. Des fois, j'ai l'impression d'être, à 73 ans, le dernier auditeur de Radio-Canada pas encore complètement gaga.

Remarquez, moi non plus, je n'ai pas d'opinion sur cette entente entre Rogers et la Ligue nationale de hockey, mais pour une raison exactement contraire à celle des rédiocanadiens de l'autre midi: moi, c'est justement la performance qui m'intéresse, le résultat, la course au championnat. Je me contrefous de qui la montre à la télé. Cette transaction qui a fait tant de bruit, c'est un peu comme si tu m'avais annoncé que Jean Coutu venait d'acheter Pharmaprix. Pis?

Pour autant que j'aie mes aspirines (et mon Ativan), qu'est-ce que tu veux que ça me foute?

Cela ne me fera pas un pli d'écouter le hockey à TVA plutôt qu'à RDS. J'aime assez les gens de RDS (même si j'en exècre quelques-uns), mais j'imagine que TVA ira chercher les meilleurs, un Vincent Damphousse, un François Gagnon, un P.J. Stock...

Ce ne sont pas les bons analystes de hockey qui manquent au Québec. On a mythifié les anciens, la vérité est qu'un René Lecavalier, pour évoquer le plus vénéré, René donc, parlait bien, c'est sûr, mais parlait bien de hockey? C'est moins sûr. Ceux d'aujourd'hui sont beaucoup plus pointus, en même temps qu'ils ont tous le même défaut: ils parlent trop. Il faut bien remplir ces millions d'heures de blabla et, à force de se répéter, ils finissent par noyer la pertinence de leur propos dans une diluvienne logorrhée. C'est pour ça que je coupe le son. Essayez. Le son coupé, RDS ou TVA, y a pas de différence.

CONSOMMATION - Je cherche un GPS pour vélo qui indiquerait la déclivité des pentes. Dans les deux magasins où je me suis risqué, il s'est trouvé un vendeur pour me glisser (en catimini): vous trouverez ça chez Sail, monsieur.

Chez Sail? Je boycotte Sail à cause des annonces qui passent à la télé et dans lesquelles on entend quelqu'un gueuler dans un porte-voix, attention, attention... La pub la plus insupportable de toute l'histoire de la pub, à côté de ça, les annonces du Bon Marché - Oui, papa! - étaient des exemples de subtilité.

Ma fiancée résistait encore plus que moi: Ah non, non, il n'est pas question qu'on aille chez Sail. J'ai dû la traîner dans le magasin comme on traîne une petite fille chez le dentiste.

Au tout petit îlot des GPS, rien pour le vélo ni pour la déclivité, le jeune homme derrière le comptoir, d'une affabilité qui n'était pas de commande, je crois bien le plus gentil vendeur de GPS de la Rive-Sud, m'a aiguillé vers deux boutiques de vélo, dont une d'où j'arrivais justement et où le vendeur m'avait justement dit: vous trouverez ça chez Sail...

On allait sortir quand j'ai vu des gants... Exactement les gants que ça me prend pour travailler dehors en hiver. Un coup parti, des sous-vêtements aussi, des bottes, une tuque, c'est une tuque de fille, a protesté ma fiancée.

Je te la prêterai...

Jamais! Buckée, elle me dit: et ça, c'est dans un magasin que tu boycottes! Deux sacs pleins! Quand tu boycottes pas?

Ça me prend un pick-up, mon amour.

LA TÉLÉ - Je termine la sixième saison de Mad Men, cette série si géniale au début qui s'est mise à tourner en rond après la troisième saison et qui maintenant se délite carrément. Une direction artistique qui évoque toujours les années 60 avec le même soin maniaque, c'est à peu près tout ce qui reste de la magie du début. On dirait maintenant une série tournée dans un magasin d'antiquités que traversent des hommes qui fument pour aller sauter, dans l'arrière-boutique de l'antiquaire, des bonnes femmes en guêpières.

J'avoue. Je regarde Mad Men pour le cul.

À votre âge, monsieur le chroniqueur! Et ne regardiez-vous pas Weeds pour la même raison?

C'est différent. Mad Men, c'est le cul pour le cul. Weeds, c'était pour le cul de Mary-Louise Parker... C'est même pas vrai. Weeds, c'était surtout pour le Hon! qui m'échappait deux ou trois fois par épisode, même les plus mauvais, et il y en a eu, des mauvais. Hon! ils sont en train d'étouffer une vieille avec un oreiller. Hon! l'ado est en train de baiser une amie de sa mère. Hon! la couche de la vieille dégouline de merde. Hon! le ti-cul vend la dope à l'école, de la dope que sa mère fait pousser à la cave. Hon! tout ça dans une série américaine! Weeds est la série américaine qui m'a le plus fait aimer l'Amérique.

Mad Men est la série américaine typico. Les trois premières saisons sont à couper le souffle. Les trois suivantes sont de trop.

MERCI - La chronique de samedi sur les garderies a causé un certain émoi. J'ai reçu de nombreux courriels, plusieurs très longs (ce n'est pas un reproche), la plupart applaudissent aux observations de mon amie éducatrice, quelques-uns sont douloureux, anyway, je leur ferai écho bientôt. En attendant, merci d'avoir commenté, partagé, vitupéré parfois, en somme d'avoir réagi, c'est un peu l'idée quand on jette une pierre dans la mare: faire sauter les grenouilles.