San Francisco et Amsterdam figurent en tête de liste du top 10 des villes à visiter en 2013 selon le guide LonelyPlanet, d'aucuns se sont pété les bretelles, hé hé, Montréal, huitième de cette même liste, est en bonne compagnie.

Une autre façon de lire la liste est de noter que Montréal est classé derrière Hyderabad (Inde), dont mon Petit Robert dit: importantes industries, machines-outils et aéronautique. Et aussi derrière Christchurch, en Nouvelle-Zélande. Vous connaissez Christchurch? Moi, oui. J'y ai été malade à l'occasion de je ne sais plus quels Jeux du Commonwealth, comment vous décrire Christchurch? Vous êtes déjà allé à Guelph, en Ontario?

Une autre façon encore de lire cette liste serait de se dire, Hyderabad justement, Christchurch, Derry, en Irlande, Addis-Abeba, Montréal et pas Québec, tiens, tiens, les guides de voyage généralement écrits pour des crétins amateurs de couchers de soleil se mettraient-ils à être intelligents?

Ce serait la première bonne nouvelle sur le front du tourisme depuis très longtemps.

Le LonelyPlanet dresse aussi le top 10 des pays où il faudra aller en 2013, en tête le Sri Lanka, je veux bien partir tout de suite, sur les traces de Nicolas Bouvier qui a tiré du Sri Lanka (au temps où il s'appelait encore Ceylan) une des plus belles chroniques de voyage que j'ai jamais lues: Le poisson-scorpion.

Parlant de villes et de pays, j'avais l'arrière-pensée de vous faire une proposition, mais d'abord un mot du grand chef mongol Kublai Khan, qui aimait que Marco Polo lui raconte les villes qu'il avait visitées jusqu'au jour où - c'est Italo Calvino qui le raconte dans Les villes invisibles - jusqu'au jour où le Khan proposa à Marco Polo de renverser les rôles: à partir de maintenant, ce sera moi qui te décrirai les villes, et toi, tu iras vérifier si elles existent.

Faisons cela comme ça, nous aussi. Disons que vous êtes le grand chef mongol, décrivez-moi vos villes, on en fera un top 10 et, au printemps, si je ne suis pas mort, j'irai voir si elles existent vraiment.

Juste vous souligner que dans ma proposition, il y a l'idée de préférer Madrid à Barcelone, Turin (ou Naples) à Venise, Hanoï à Hong Kong, Beyrouth à Istanbul, et bien entendu Montréal à Québec. Parce que si c'est pour me dire Berlin, Rome, Paris, New York, je suis capable tout seul.

L'ÂGE RÉEL Vous me demandez comment allez-vous, je vous réponds comme un vieux, mais c'est juste un tic de langage. Ni moi ni personne ne va jamais comme un vieux ou un jeune. On n'est pas son image: on ne la voit pas, heureusement. On est en forme, pressé, agacé, joyeux, amusé, distrait, mais vieux? Jeune? Jamais.

On est vieux dans un miroir, sur une photo. Une vraie photo, qui vous saisit en entier, vous assassine de la tête aux pieds, vous fige dans ce naufrage effrayant qu'est la vieillesse.

Pas cet été, l'autre avant, j'étais dans une petite ville du sud-ouest de la France, j'enfile une ruelle, j'arrive dans une cour où il y a des chats, je suis allé leur acheter de la bouffe et quand je suis revenu, il y avait une jeune femme qui les photographiait et qui a continué de les photographier tandis que je les nourrissais. Je lui ai donné mon courriel pour qu'elle m'envoie les photos des chats, si cela ne la dérangeait pas trop.

Elle avait oublié, elle vient de le faire. Je figure sur la plupart des photos, de dos, penché pour donner à manger aux bestiaux, massif, lourd, j'ai l'air d'un pétrolier dans le port de Rotterdam, d'une carcasse de camion sur la route entre Tachkent et Samarkand, j'ai l'air de l'Allemagne de l'Est qui n'existe presque plus, je sais, c'est précisément ce que je voulais dire.

JEUNESSES Tout est parti de ce Français centenaire, Robert Marchand, qui, au début de l'année, a établi un record du monde de l'heure sur piste à 24 km/h.

Je ne doutais pas qu'il ferait école, je n'ai pas été surpris quand mon ami Giuseppe Marinoni, de Terrebonne, m'a annoncé qu'il allait tenter de battre le record du monde de l'heure des 75 ans et plus. C'est chose faite. Samedi dernier, au vélodrome de Brescia, en Lombardie, Giuseppe Marinoni a établi très officiellement - chronométreurs de l'UCI, contrôle antidopage et tout et tout -, a établi, disais-je, le record du monde de l'heure des 75 ans et plus, à presque 36 km de moyenne (35,728).

Il l'a fait sur un vélo qu'il avait fabriqué tout exprès il y a 35 ans pour Jocelyn Lovell, icône du cyclisme canadien des années 70 qui, avec ce même vélo, a remporté une médaille d'argent aux championnats du monde en 1978.

Une moyenne de 24 km/h à 100 ans, 36 km/h à 75 ans, des phénomènes, mais si vous voulez mon avis, le record des records gériatriques de tous les temps, toutes disciplines confondues, appartient AU marathonien canadien, Ed Whitlock, qui, à 69 ans, a couru un marathon en 2h52, à 73 ans en 2h54, à 74 en 2h58, l'an dernier à 81 ans en 3h15.

Faire 3h15 au marathon à 81 ans, quand bien même j'essaierais de vous expliquer..., si j'ai l'air d'un camion à Tachkent, lui a l'air d'un cabri à Boulder.

ROCKING CHAIR Sur le site de Radio-Canada, dans le compte rendu de la canonisation de Kateri Machin est écrit ce qui suit: on lui attribue la guérison d'un garçon de 5 ans qui aurait survécu à la bactérie mangeuse de chaire.

Attendez que je comprenne bien. La chaire étant cette estrade surélevée d'où le prêtre dit son sermon, cette mangeuse de chaire serait donc une sorte de termite mangeur de balustre qui serait soudainement devenu carnivore, probablement à cause des OGM que l'on retrouve dans les hosties, le termite en question se mettant à faire bonne chère de la chair d'un petit garçon dont on n'eût pas donné cher sans cette chère Kateri. Quelle histoire.

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