J'aurai donc pour voisins, cet hiver, les Académiciens de Mme Snyder, certains de mes lecteurs s'en amusent, me prêtent d'en être désolé, voire dévasté, dévasté! Ciel comme vous y allez. Pour résumer la chose en une formule, certes un peu triviale, je vous dirai que «cela ne me fait pas un pli sur la poche». D'autant moins que les Académiciens ne seront pas tant que cela mes voisins. Mine de rien, Frelighsburg s'étend bien au-delà des limites du village. Les Académiciens seront aux confins de Dunham et je suis limitrophe Saint-Armand, 10 kilomètres sûrement, je ne les entendrai pas chanter, c'est sûr.

Si je croise Patrick Huard à l'épicerie, je lui demanderai un autographe pour ma petite fille Loulou qui l'aime beaucoup. S'il est avec Gregory Charles? Ben là, je sais vivre, je demanderai un autographe à Gregory aussi, pour pas qu'il se sente comme un coton. J'y dirai que c'est pour moi.

Je ne sais pas où vous êtes allés chercher que je ne m'entends pas avec les artistes. Je les aime, sauf deux ou trois. Comme qui? Tout de suite, vous allez au négatif. Je viens de vous dire que j'aime les artistes sauf deux ou trois. Vous, tout de suite, qui, qui?

Qui? Pépito-le-train, tiens. Pépito, c'est vrai, je suis pas loin d'en faire une maladie, mais c'est même pas lui, c'est tous les gens que j'estime qui finissent par se retrouver dans son putain de train, Dany, Pierre, Alain et les autres, qu'est-ce qui vous pressait tant d'aller vous faire dégorger comme des courges?

Pour revenir aux Académiciens, si vous entendez dire que ce déménagement est un peu contre nature en cela que cette émission, dans son esprit, dans sa faune, est bien plus Laurentides que Cantons-de-l'Est, si vous entendez dire cela, ne vous dépêchez pas d'opiner même s'il y a du vrai là-dedans.

Il est vrai que ces gens-là sont Laurentides, comme l'est mon ami Réjean, comme l'est mon amie Michèle (Richard). Comme l'est le festival de l'humour, comme l'est la Provence, mais oui, la Provence est Laurentides, comme Groucho est Laurentides et Harpo Cantons-de-l'Est.

Il est tout aussi vrai que le chemin de terre Abbott's Corner où vont loger les Académiciens, par son harmonie, par ses maisons, quelques-unes modestes, d'autres moins - mais qui se fondent toutes, sauf une, dans le paysage -, par ses maisons, sauf une, disais-je, Abbott's Corner est très Cantons-de-l'Est, très Township en fait.

Sauf une? Celle-là justement qui ne se fond pas dans le paysage et où logeront les Académiciens. Neuve ou presque. Avec un petit quelque chose de différent, de plus, de parvenu, avec un mur de pierre ostentatoire, une belle maison, mais une belle maison des Laurentides sur un chemin de terre des Cantons-de-l'Est.

Allons, tout est bien finalement.

L'AMOUR CONTRE L'INTIMIDATION - Un monsieur de Terrebonne m'adresse par courrier ancien (dans une enveloppe avec un timbre) une copie de la lettre de cinq pages dactylographiée sans interlignes (2500 mots) qu'il vient d'envoyer à la ministre de l'Éducation. Dans une petite note qui m'est destinée, il explique que cela concerne ma chronique sur l'intimidation: «Vous ne semblez pas bien comprendre le phénomène de l'intimidation, aussi je me permets de vous envoyer une copie de la lettre que je fais parvenir à Mme Line Beauchamp, vous y trouverez des explications qui vous permettront de mieux informer vos lecteurs

Dès lors qu'il s'agissait de mieux vous informer, vous me connaissez, j'ai lu sa lettre avec la plus grande attention.

Le monsieur de Terrebonne en vient au fait dès le second paragraphe: j'ai découvert que la véritable cause de l'intimidation est rattachée directement au prénom de l'enfant.

On s'attend à ce qu'il explique que les prénoms ridicules font des enfants martyrs. Pas du tout.

Qu'importe le prénom que les parents donnent à leurs enfants, ils doivent:

1- S'y tenir. Par exemple, Louis ne doit jamais devenir Loulou.

2- Les parents doivent répéter le plus souvent possible le prénom de leur enfant en y mettant, chaque fois, tout l'amour du monde. Louis, mon chéri d'amour, t'es-tu lavé les dents?

L'idée centrale est de faire aimer à l'enfant son prénom. Et par son prénom l'amener à s'aimer lui-même. Le prénom servant en quelque sorte de cheval de Troie aux parents pour remplir l'enfant d'amour.

Quel rapport avec l'intimidation? Aucune idée.

Et surtout, pourquoi l'enfant ne pourrait-il pas s'aimer à travers Loulou tout autant qu'à travers Louis? Aucune idée non plus.

Si je me suis malgré tout décidé à vous parler de la lettre du monsieur de Terrebonne, c'est qu'elle nous dit tout de même quelque chose d'important, ceci: avant d'écrire à un ministre, assurez-vous d'avoir bien pris votre lithium.

VAMPIRES - Weeds ayant sombré dans une impensable et insondable médiocrité, Mad Men étant en congé et Breaking Bad m'insupportant, j'ai demandé à un jeune collègue de me conseiller quelque chose...

True Blood, m'a-t-il recommandé, vous allez aimer.

Ça sonne pas un peu vampire, ton truc? J'aime pas vraiment les histoires de vampires.

Moi non plus, me rassure-t-il, mais celle-là, c'est pas pareil.

Début du deuxième épisode de True Blood. L'héroïne sort du bar où elle est serveuse, deux psychopathes lui tombent dessus, la battent sauvagement à coups de poing, à coups de pied, elle n'est plus qu'un magma de chairs à terre, elle va mourir c'est sûr, arrive un vampire, pif, paf, il efface les deux psychopathes, s'empare de la jeune fille et lui dit si tu ne veux pas mourir, tu dois boire mon sang. Il se coupe une veine et lui donne à boire. Deux minutes plus tard, la jeune fille, régénérée, fraîche comme une rose, demande au vampire: et ça va me faire quoi d'avoir maintenant du sang de vampire?

Ça va augmenter ta libido.

J'ai arrêté là, Hugo. Drette là.

Tu sais, Hugo, c'est pas bien de rire des vieilles personnes.