J'ai déjà dû vous raconter que je n'avais jamais été un partisan du Canadien, j'étais même furieusement le contraire, jusqu'à ce que Bob Gainey et Guy Carbonneau s'amènent à Montréal pour diriger le club.

Je n'ai jamais été partisan d'aucune autre équipe, je les aimais toutes pourvu qu'elles plantassent le Canadien. Dieu que je haïssais le Canadien. Tous les joueurs? Non. Il y a toujours eu des exceptions. Du plus loin que je me souvienne, à l'époque où je voyageais assez régulièrement avec le club, j'aimais bien Dick Duff, Bobby Rousseau, Terry Harper. Je parle ici des individus, pas des joueurs. Puis il y a eu Henri Richard, Serge Savard, Larry Robinson, Jacques Lemaire, Guy Lafleur, Guy Carbonneau. Bob Gainey.

Hors de ces exceptions, le hockey de la LNH, du moins celui que j'ai connu d'assez près en mon temps, était une formidable pépinière de joyeux morons, en particulier à Montréal où ils étaient, en plus, confits dans la tradition, ce qui ajoutait à leur hébétude.

Tout ça pour vous dire que des allumés comme Guy Carbonneau avec un humour décapant, je n'en ai pas connu des masses. Gainey, c'est complètement autre chose. Gainey est peut-être plus exceptionnel encore. Aussi tranquille que le premier est agité. Aussi vite tout en feignant d'être lent. Aussi réservé que l'autre peut être parfois prolixe, mais les deux animés du même souci de précision et d'honnêteté. Gainey souvent pince-sans-rire là où Carbonneau était volontiers baveux.

J'aimais vraiment beaucoup les deux. C'est drôle, j'aimais beaucoup les savoir amis. J'aimais ce que cela donnait comme hockey. J'aimais comment ces deux-là pensaient hockey et au-delà : sport. J'aimais par exemple que Gainey ne soit pas allé chercher «le gros ailier ou le gros centre» que lui réclamaient les chroniqueurs hystériques. J'ai aimé le maximum qu'ils ont tiré de cette équipe l'an dernier, la faisant sans doute paraître bien meilleure qu'elle n'était en réalité, une réalité qui les a peut-être rattrapés cette année, mais je ne m'aventurerai pas sur ce terrain-là qui n'a vraiment pas besoin d'un chroniqueur de plus.

Je voulais seulement redire, même si vous l'avez maintenant compris, que j'aimais vraiment beaucoup ces deux personnes, au point où ils ont fait de moi un très inattendu partisan du Canadien. Entendons-nous, rien de tatoué sur le coeur et sans fanion sur mon auto, juste content quand ils gagnaient, content pour Carbonneau et Gainey.

J'ai trouvé ça triste, lundi. J'ignore bien sûr le fond des choses, mais j'aime à croire que Gainey n'avait pas le choix - je ne veux pas dire qu'on lui a forcé la main, je dis qu'importe: il n'avait pas le choix. J'aime à croire que Carbonneau en convient et que leur amitié n'en souffrira pas trop.

J'ignore le fond des choses, mais... Mais je suivais le match contre Edmonton mardi, je regardais flyer en troisième période les Koivu, Kostitsyn et autre Markov, je les regardais flyer comme on les a rarement vus flyer cette année, et je me disais : quels grands athlètes tout de même, mais, en même temps : quelle bande de putes.

LES FÉROCES RHINOCÉROS - J'ai beau chercher, je ne me souviens pas d'une déroute sportive plus retentissante que celle de l'Impact en seconde demie l'autre soir au Mexique. Je ne me souviens pas, dans aucun sport, d'une équipe qui se soit fait renverser cul par-dessus tête aussi cavalièrement dans les 10 dernières minutes d'un match. Lâchez-moi avec les erreurs tactiques, lâchez-moi avec les «on aurait dû ceci, on aurait dû cela», vous auriez surtout dû obliger le pilote de l'avion qui vous menait au Mexique à atterrir à Acapulco où on vous aurait donné une petite pelle et un seau pour jouer dans le sable, plutôt que d'aller jouer au soccer contre des adultes.

Ce que j'ai le moins aimé, c'est l'après-catastrophe. La récupération en mode «damage control». On venait de voir quoi? On venait de voir la différence entre deux niveaux de soccer. Que nous ont dit les joueurs et l'entraîneur? N'importe quoi.

C'est une question d'honnêteté envers son public, mais surtout envers son sport. En haut, y'a United avec Ronaldo. En dessous, y'a Lyon et Barcelone. En dessous, y'a la deuxième division anglaise. En dessous, y'a les Mexicains. En dessous, y'a la MLS (la Major League Soccer) où a daigné jouer Beckham deux ou trois fois l'été dernier. En dessous, y'a l'Impact.

Pas besoin de rappeler cela tous les jours, mais il me semble que l'occasion était tout indiquée de faire un peu d'éducation populaire. Et cela ne vous empêche absolument pas de donner de très bons shows quand vous jouez contre les Féroces Rhinocéros de Rochester- The Raging Rhinos of Rochester. On vous aime pareil, allez.

CYCLISME - Juste deux mots de vélo pour dire que jamais le cyclisme canadien ne s'est aussi bien porté avec quatre coureurs canadiens en ce moment dans les deux courses majeures par étapes en Europe, Michael Barry à Paris-Nice tandis que Svein Tuft, Dominique Rollin et Ryder Hesjedal ont disputé hier la première étape de Tirreno-Adriatico. Ajoutons-en un cinquième, Christian Meier qu'on a vu dans quelques classiques printanières.

Hesjedal est actuellement un des meilleurs coureurs du peloton professionnel, disons dans les 40 premiers. Il a animé dimanche dernier la classique italienne des Strade Bianche (les routes blanches) se faisant déborder dans les derniers kilomètres pour finir 10e. Dominique Rollin pointait à la 18e place. Trois Canadiens au Tour de France? J'exagère, mais c'est envisageable.

Moi? Le Tour? Sais pas. En attendant, j'ai fait ma première sortie samedi. Trente ridicules kilomètres. C'était cru. C'était gris. C'était tellement rien que ce sera la prochaine fois, la première.

Et, rien à voir. À la suite de mes papiers sur les rejets, un lecteur fait une supposition amusante : on regroupe tous les rejets dans une école spéciale pour rejets. Question: est-ce que les rejets auront des rejets?

Rien à voir, encore moins. J'ai rendez-vous ce matin avec un monsieur ou une dame, je ne sais plus, au café Les Gâteries, à côté de ma librairie (du Square), je ne sais pas à quelle heure, je ne sais plus pourquoi, j'ai perdu le courriel, j'ai oublié le motif, une entrevue sûrement, de toute façon je n'y serai pas, voilà, je m'excuse.