Au moment où on s'interroge sur le nébuleux plan évoqué par Geoff Molson pour relancer le Canadien, celui de l'Impact se distingue par sa cohésion et sa clarté. Après avoir raté les séries éliminatoires la saison dernière, le président Joey Saputo et ses adjoints se sont mis au travail. Pas question de se réfugier dans la pensée magique.

Résultat, l'organisation a subi une profonde transformation au cours des trois derniers mois : nouveaux entraîneurs, rajeunissement de l'effectif et embauche de joueurs susceptibles de donner un nouvel élan au groupe. L'Impact est vigoureusement passé des intentions aux actes. Et si l'opération ne donne pas les résultats espérés, personne ne pourra reprocher à ses dirigeants d'avoir agi timidement. C'est déjà ça de pris.

« On sait à quel point il est important qu'à chaque début d'année nos partisans croient à l'équipe, dit le vice-président Richard Legendre. Et pour cela, il faut poser des gestes. »

En quittant le Stade olympique hier, les 26 000 amateurs étaient sûrement réconfortés par les récentes initiatives de l'organisation. On a vu une équipe qui s'est tenue ensemble, même si les entraîneurs et les joueurs apprennent encore à se connaître. Dans les 15 dernières minutes de jeu, l'Impact a résisté aux assauts du Toronto FC et de sa pléiade de stars. C'est l'aspect le plus positif de cette victoire.

Rappelons-nous : lors de l'ouverture locale l'an dernier, l'Impact avait laissé échapper la victoire en fin de match, accordant deux buts à ses rivaux de Seattle dans les 12 dernières minutes. Ce verdict nul avait provoqué un sentiment d'amertume dont l'équipe ne s'est jamais tout à fait libérée. Mais cette fois, malgré des moments inquiétants, dont un coup franc de Sebastian Giovinco peu avant le sifflet final, le pire a été évité.

« On a tremblé un petit peu », a reconnu Rémi Garde.

« Cette victoire vient consolider tout le travail que les joueurs ont fait depuis le début de saison. Et je suis très content pour eux. »

- Rémi Garde, entraîneur-chef de l'Impact

Pour le nouvel entraîneur, il s'agit aussi d'un immense soulagement. Un troisième revers de suite aurait créé beaucoup d'inquiétude, d'autant que l'Impact disputera ses trois prochaines rencontres à l'étranger.

Et peu importe le sport, les débuts de saison catastrophiques pardonnent rarement. Le Canadien en fait la preuve cette saison, comme ce fut le cas des Blue Jays de Toronto l'an dernier. Voilà pourquoi il était essentiel d'engranger des points rapidement.

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Depuis l'entrée de l'Impact en Major League Soccer (MLS) en 2012, Richard Legendre a vécu des moments de joie et d'autres de frustration. Le club a pris plus longtemps que prévu pour s'enraciner dans la communauté. Les projections enthousiastes du lancement se sont butées à une dure réalité : même si le soccer est un sport pratiqué par des milliers de jeunes au Québec, cette popularité ne s'est pas transformée en appuis immédiats à l'équipe. Encore aujourd'hui, et Legendre le reconnaît d'emblée, beaucoup de travail reste à faire.

Cela dit, des signes sont encourageants. Ainsi, après la pitoyable saison 2014 où l'équipe a raté les séries, à peine 64 % des détenteurs d'abonnements ont renouvelé leur entente. Cette année, après une autre saison difficile, ce taux est de 86 %. Et l'organisation a bon espoir d'atteindre de nouveau le cap des 9500 sièges réservés avant le premier match au stade Saputo le mois prochain.

Cette fidélité fait croire à Legendre que l'Impact peut atteindre un autre de ses objectifs : développer avec les fans une relation « beau temps, mauvais temps », pour reprendre son expression. Tout cela est très bien, mais il faudra faire mieux. L'équipe croupit toujours dans le dernier tiers des équipes de MLS quant au nombre d'abonnements. Défoncer le plateau symbolique des 10 000 est une nécessité.

L'organisation amorce la deuxième année de son plan quinquennal, une opération dont un des objectifs principaux est l'atteinte de l'équilibre budgétaire. Legendre est convaincu que cela est possible même si, avec moins de 21 000 sièges, le domicile de l'équipe n'est pas très vaste.

« Dans un horizon relativement à court terme, il faut jouer tous nos matchs ou presque à guichets fermés, dit-il. En 2016, nous l'avons fait à dix reprises. L'an dernier, trois fois. »

L'équation est au fond très simple : plus de gens dans les gradins, ça signifie des partenariats corporatifs plus lucratifs, de meilleures ventes à la boutique de souvenirs et dans les concessions alimentaires. « C'est l'effet boule de neige », explique-t-il.

À terme, l'idée est aussi de hausser le revenu moyen par billet, en prenant soin de garder les prix accessibles. Cela demandera du doigté. Mais c'est une condition essentielle au succès financier.

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La MLS évolue sans cesse depuis que l'Impact en fait partie. Le nombre d'équipes augmente, de nouveaux stades ouvrent leurs portes, le niveau de jeu s'améliore et son rayonnement international est en hausse. Les perspectives du soccer professionnel en Amérique du Nord n'ont jamais été si prometteuses.

Ces bonnes nouvelles font en sorte que la concurrence entre les équipes du circuit n'a jamais été si vive. Et l'Impact doit s'assurer de maintenir le rythme dans son développement.

L'organisation l'a clairement compris. L'arrivée prochaine de renfort - les noms de Rudy Camacho et Alejandro Silva sont mentionnés - en constitue une autre démonstration. « Poser des gestes », comme le dit Richard Legendre, est la seule manière de montrer aux fans que l'équipe n'accepte pas le statu quo. Et qu'elle est prête à se remettre en question pour atteindre ses objectifs et donner un sens au mot « plan ».

Sans comparer la MLS et la LNH, souhaitons tout de même que le Canadien emprunte cette approche au cours des prochains mois.