Ça va mal pour nos équipes ! Le Canadien n'affiche pas une seule victoire en matchs présaison, l'Impact est en voie de rater les séries éliminatoires et les Alouettes sombrent dans des bas-fonds insoupçonnés. Alors, on panique ?

LE CANADIEN

Pour le Canadien, certainement pas ! Nous sommes encore au camp d'entraînement et les résultats des rencontres ne veulent rien dire. Bien d'accord avec Carey Price, qui, après le revers des siens à Québec mercredi, a déclaré : « Ce n'est pas la fin du monde... »

Une place en séries éliminatoires ne se décroche pas en septembre. Claude Julien, qui a du métier, le sait bien. Il poursuit ses expériences, ce qui lui permet de se faire une tête sur la relève du Canadien, qu'il connaissait très peu. Il constate à son tour la triste réalité : les lacunes à ce niveau sont immenses.

La bonne nouvelle, c'est que l'organisation cessera bientôt de se raconter des histoires sur la possibilité que Michael McCarron, Jacob De La Rose ou Nikita Scherbak deviennent des joueurs d'impact dans la LNH. À moins d'un miracle, cela n'arrivera pas.

L'approche de Julien, tout en patience, permet aussi à Victor Mete de se distinguer. Le jeune homme surprend tout le monde et apporte une bouffée d'air frais. Mais attention : la marche vers la LNH est immense pour un défenseur n'ayant pas encore célébré ses 20 ans. On l'a vu avec Mikhail Sergachev l'automne dernier : tout est devenu plus difficile pour lui au fil des jours. Et malgré son immense talent, il a été retourné à son équipe junior, la décision qui s'imposait.

Bien sûr, ce serait formidable si Mete obtenait dès maintenant un poste à la ligne bleue. Mais ça me semble un peu tôt et je doute qu'il demeure avec le grand club toute la saison. L'organisation du Canadien demeure conservatrice. On sait combien Marc Bergevin aime les vétérans qui apportent, à défaut d'imagination sur la glace, de la stabilité dans le vestiaire.

Une autre raison permet de relativiser la fiche du Canadien en matchs préparatoires : Claude Julien, contrairement à son prédécesseur, n'a pas encore commencé à presser le citron.

On connaît la pression que Michel Therrien mettait sur sa troupe dès le camp d'entraînement. Cela a souvent donné des résultats formidables en ouverture de saison, mais tenir ce rythme était impossible. Résultat, l'équipe a connu des passages à vide qui lui ont fait mal.

Cela dit, ne nous contons pas d'histoires : les trous dans la formation demeurent nombreux et on ignore toujours si Alex Galchenyuk a le goût de connaître une grande saison. Relancer le ténébreux attaquant est le plus grand défi de Julien. L'organisation lui ayant accordé un contrat de trois ans d'une valeur frôlant les 15 millions US, souhaitons qu'il réussisse.

Mon niveau de panique pour le CH : faible (pour l'instant !)

L'IMPACT

Dans cette saison de petite misère, l'Impact a annoncé une bonne nouvelle hier : Ignacio Piatti a renouvelé son entente. Mais attention : si l'Argentin n'est pas capable de conduire les siens aux séries éliminatoires cette saison, rien ne laisse croire qu'il fera mieux en 2018. Il est un joueur solide, capable de grands matchs, mais n'a pas la capacité de porter un club sur ses épaules.

Le défi demeure donc entier pour Joey Saputo et Nick De Santis : dénicher une vedette de premier plan. L'Impact doit s'améliorer, pas seulement conserver ses acquis.

L'organisation, par souci de transparence, aurait aussi avantage à vite faire la lumière sur l'avenir de Mauro Biello. En ne commentant pas publiquement la rumeur à propos de l'embauche éventuelle d'Alessandro Nesta, on contribue à entretenir le flou. Pas seulement auprès des partisans, mais aussi des joueurs. Dans ces conditions, comment espérer que ceux-ci seront concentrés à 100 % sur leur jeu ?

On dira qu'ils sont des professionnels et qu'ils n'ont qu'à abattre le travail attendu d'eux. Dans l'absolu, c'est vrai. Mais ils sont d'abord des humains. Et comme dans toute entreprise, lorsque des bruits circulent à propos de l'avenir du patron, les employés ont ça en tête. Le moins qu'on puisse dire, c'est que Biello ne reçoit pas beaucoup d'aide de ses supérieurs cette semaine.

Mon niveau de panique pour l'Impact : moyen

LES ALOUETTES

Et les Alouettes ? Cette saison, qui s'annonçait prometteuse, vire au cauchemar. L'affaire Bear Woods, qui a provoqué un coup de tonnerre au début du camp d'entraînement, a rebondi dans l'actualité de manière étonnante.

Mon collègue Miguel Bujold a en effet révélé que Woods, un gars d'expérience, avait contacté l'Association des joueurs au premier jour du camp pour transmettre une information essentielle : l'organisation ne respectait pas le règlement autorisant uniquement le port du casque protecteur, et pas des épaulettes, ce jour-là. L'idée, bien sûr, est de limiter les contacts physiques.

Est-ce pour cette raison que Woods a été congédié dans les heures qui ont suivi, décision qui a provoqué une passe d'armes entre le DG Kavis Reed et l'entraîneur Jacques Chapdelaine ? Reed, qui cumule les deux postes depuis le renvoi de Chapdelaine, jure que non. Il soutient qu'il s'agissait d'une décision purement football.

Reed aurait dû s'arrêter là dans ses explications à mon collègue. Il a plutôt ajouté cette phrase d'une logique tellement tordue qu'elle en devient risible. « Votre source manque de respect envers Bear parce qu'elle sous-tend qu'il aurait fait quelque chose pour nuire aux Alouettes. »

Quoi ? Un joueur « nuirait » à son organisation parce qu'il dénonce le fait qu'elle ne respecte pas un règlement visant à protéger les joueurs ? C'est plutôt le contraire ! Il défend ses coéquipiers, rappelle ses patrons à l'ordre et empêche que l'affaire dérape complètement. On appelle ça du leadership. C'est étonnant que Reed ne le comprenne pas.

Les Alouettes ont le don de se compliquer la vie.

Mon niveau de panique pour les Alouettes : élevé