Comment relancer le Canadien la saison prochaine? Les chantiers ne manquent pas. Le retour en santé de Carey Price est essentiel. Il faudra aussi dénicher un attaquant de pointe, identifier (enfin !) un centre numéro un et ajouter des vétérans avec du leadership.

Mais un autre élément est incontournable pour que le CH retrouve la voie du succès. Le débat sur le jeu de P.K. Subban, et ses relations avec la direction et ses coéquipiers, ne doit plus occuper une place aussi importante dans la vie du club.

Le numéro 76 ne sera jamais un joueur parmi d'autres. Il est une super vedette de la LNH et sa personnalité est flamboyante. Ses exploits et ses erreurs alimenteront toujours la chronique. Il est aussi le meilleur patineur du Canadien. Son absence au cours des derniers matchs a laissé un trou immense en défense et en attaque. Sans lui, le spectacle a souvent été pitoyable.

Dans un monde idéal, un joueur de la dimension de Subban devrait faire l'unanimité. Or, la saison qui prend fin a plutôt relancé la conversation sur son statut au sein du club. Et c'est Michel Therrien qui s'en est chargé en le désignant publiquement comme le responsable de la défaite du 17 février dernier, au Colorado. Tenez, on n'a jamais entendu l'entraîneur réagir de cette façon à propos d'Andrei Markov, qui a pourtant connu quelques mauvaises soirées.

Therrien a ainsi rappelé combien sa relation avec Subban demeure sensible quatre ans après son retour derrière le banc de l'équipe. Comme nous le savons tous, ce n'est pas la première fois que l'entraîneur montrait ainsi son impatience envers lui.

Même si Subban a ensuite eu de bons mots pour son coach, l'affaire a sûrement laissé des traces. Aucun joueur n'aime être montré du doigt aux quatre coins de la LNH. 

D'autant qu'à ce moment, Subban était le meilleur pointeur - lui, un défenseur - et le joueur le plus utilisé du Canadien. De plus, contrairement à d'autres, il a toujours joué avec énergie.

Dans la même veine, on ignore la qualité des liens entre Marc Bergevin et Subban. On sait simplement qu'à l'été 2014, le DG ne voulait pas lui accorder le lucratif contrat que l'organisation, sous l'impulsion de Geoff Molson, lui a finalement fait signer. Bergevin a même requis une audition en arbitrage salarial, une première en trois ans dans le circuit, toutes équipes confondues.

Peut-être que tout cela est aujourd'hui oublié. Mais il serait bon, au terme de cette saison désastreuse, que le DG évoque l'ensemble du dossier Subban en dressant son bilan la semaine prochaine. Pourquoi ressent-on toujours cette impression que tout ne tourne pas rond?

***

Le mois dernier, sans surprise, Subban a reçu le trophée Jean-Béliveau, remis au porte-couleurs du Canadien s'étant le plus signalé par son engagement communautaire. Le jury était composé de membres du conseil d'administration de la Fondation des Canadiens pour l'enfance.

Compte tenu de sa promesse d'amasser 10 millions pour la Fondation de l'Hôpital de Montréal pour enfants, ce choix s'imposait. Après tout, pour reprendre les mots de ses dirigeants, il s'agit du «plus grand engagement philanthropique jamais réalisé par un athlète professionnel au Canada».

Pourtant, on a appris mercredi que les joueurs du Canadien, invités à sélectionner leur candidat à l'obtention du trophée King-Clancy, ont opté pour Max Pacioretty.

Pour la deuxième fois en sept mois, le grand ailier a ainsi devancé Subban dans un scrutin réservé aux joueurs. En septembre dernier, le numéro 67 a été choisi capitaine, un titre également convoité par Subban.

Qu'est-ce que le King-Clancy? Créé en 1988 à la mémoire d'un homme ayant tout fait ou presque dans le hockey, et dont le nom reste associé aux Maple Leafs de Toronto, ce trophée est remis au joueur de la LNH s'étant illustré par son leadership sur la patinoire et son engagement communautaire.

Pacioretty représentera très bien le Canadien, la question n'est pas là. Mais sa sélection est néanmoins étonnante. Son leadership n'a pas toujours été convaincant cette saison, surtout durant la dégringolade de décembre et janvier. Au point que beaucoup d'amateurs se demandent si le rôle de capitaine lui convient.

Si cette question est légitime, n'oublions pas ceci: assumer ce rôle demande une période d'adaptation. L'histoire du Canadien nous enseigne que même Jean Béliveau a connu des moments difficiles à ses premières saisons avec le «C». Alors attendons avant de porter un jugement définitif.

Sur le plan communautaire, Pacioretty poursuit son travail amorcé en 2011. Sa Fondation vise à améliorer les équipements de l'Hôpital général de Montréal. Et il s'associe à plusieurs causes méritoires.

Cela dit, comme le démontre son obtention du trophée Jean-Béliveau, Subban s'est particulièrement distingué à ce chapitre cette saison. Son initiative a fait le tour de l'Amérique. Mais ses coéquipiers ne se sont pas spontanément ralliés à sa candidature.

Sans accorder à cette nouvelle une importance démesurée - le vote a peut-être été serré -, Subban aurait néanmoins avantage à en prendre acte. Lui aussi devra faire des efforts pour emporter l'adhésion générale dans le vestiaire et assumer un leadership plus rassembleur.

***

Lorsqu'une équipe pique du nez comme le Canadien cette saison, l'ambiance en subit inévitablement les contrecoups. Surtout lorsque le grand leader de la formation - Carey Price - n'est pas là pour ramener le groupe à l'ordre.

Au printemps 2014, avec Price et Subban en vedette, le Canadien a atteint la demi-finale de la Coupe Stanley. Si Bergevin comble les lacunes les plus importantes de l'équipe, une poussée semblable demeure possible au printemps prochain.

Mais pour que cela fonctionne, les relations entre Subban, la direction et ses coéquipiers devront être optimales. Ça ne semble pas être le cas pour l'instant.