Rassurez-vous, amis de Québec: Danny Maciocia est résolument en faveur du retour des Nordiques dans la LNH! D'ailleurs, à l'époque où son père Cosmo était député libéral à l'Assemblée nationale, il le rejoignait parfois pour un match des Bleus au Colisée. Surtout si l'adversaire était le Canadien.

Maciocia, en vrai Montréalais, est un partisan du Bleu-Blanc-Rouge. Mais il peut discourir longtemps sur les exploits des frères Stastny, de Michel Goulet ou de Dale Hunter, qu'il n'aimait pas beaucoup même s'il l'aurait bien vu avec un chandail rouge sur le dos!

Si j'évoque ce sujet, c'est parce que la rivalité Québec-Montréal s'est retrouvée en toile de fond du point de presse des Carabins, lundi, en prévision de la Coupe Vanier, samedi prochain. Les représentants des universités de Montréal et de la Colombie-Britannique se disputeront le championnat canadien.

Le lien avec Québec, vous demandez? Le voici: l'affrontement aura lieu au PEPS de l'Université Laval, où les Carabins ont infligé au Rouge et Or un revers crève-coeur il y a dix jours.

Compte tenu de la lutte entre les deux rivaux, la question est de mise: comment les chauds partisans du Rouge et Or accueilleront-ils les Carabins? Les encourageront-ils avec vigueur? Joueront-ils plutôt la carte de l'indifférence? Les Carabins sont conscients du caractère délicat de la situation. Mais ils espèrent de tout coeur que la foule se rangera massivement derrière eux.

«On représentera tout le football québécois, dit Maciocia. C'est sûr que le Rouge et Or voulait aussi atteindre cette finale. Mais le plus important, c'est de garder le trophée au Québec.

«Notre conférence est la meilleure du football universitaire au pays, poursuit-il. Toutes les équipes de la Ligue canadienne alignent des gars du Québec. Nous formons des joueurs capables de gagner leur vie dans ce sport, parfois même dans la NFL. Notre football est en santé et s'améliorera encore.»

Maciocia raconte avoir reçu plusieurs courriels de fans du Rouge et Or ces derniers jours. «Ils m'ont écrit qu'ils seraient habillés en rouge, mais qu'ils nous encourageraient durant trois heures. Je m'attends à un bel accueil.»

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Leur admissibilité sportive complétée, plusieurs canons des Carabins ont quitté l'équipe après le championnat de l'an dernier. «L'identité du groupe de cette saison est différente, explique Maciocia. Personne ne donnait à ces gars-là une chance d'aller si loin...»

Cette réussite en dit long sur les ressources de Maciocia, qui a aussi conduit les Eskimos d'Edmonton à la Coupe Grey en 2005.

Avec pareille feuille de route, l'entraîneur-chef des Carabins aurait été le meilleur choix pour redresser la barque des Alouettes, à la dérive depuis le départ de Marc Trestman en janvier 2013. Parce qu'il vit à Montréal, parce qu'il parle plusieurs langues et parce qu'il est impliqué dans la communauté, Maciocia aurait donné une visibilité extraordinaire aux Alouettes, dont la place dans notre paysage sportif diminue depuis trois ans.

Invoquant des principes de stabilité, Jim Popp a écarté sa candidature, préférant conserver les pleins pouvoirs en 2016.

Interrogé sur cette décision par Mario Langlois au 98,5 FM plus tôt ce mois-ci, le gourou des Oiseaux a lancé une flèche empoisonnée à Maciocia, indiquant d'un ton arrogant que la fiche de son «bon ami Danny» à la barre des Eskimos n'avait pas été convaincante et qu'il avait raté les séries éliminatoires à deux reprises.

Voici donc le maître à penser des Alouettes qui rabroue publiquement le parcours d'un entraîneur québécois faisant honneur à son sport et à sa communauté! Il faut se pincer pour le croire. Cela en dit long sur l'insensibilité de Popp envers le marché où il travaille. Ce manque d'élégance rejaillit malheureusement sur toute l'organisation des Alouettes.

Le lendemain de la diffusion de cette entrevue, Popp et Maciocia se sont expliqués pendant près d'une heure au téléphone.

«Ça m'a fatigué un peu que ma fiche devienne un enjeu, reconnaît Maciocia. Lors d'une de ces saisons, on a perdu notre quart-arrière partant, Ricky Ray. Et si on est dans ce métier durant de nombreuses années, on connaîtra inévitablement des moments difficiles. Tous les entraîneurs passent par là. Je crois aussi que cette expérience a fait de moi un meilleur coach.»

Lundi matin, Popp a envoyé un courriel de félicitations à Maciocia pour avoir atteint la finale de la Coupe Vanier. Mais l'épisode a néanmoins laissé des traces.

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Danny Maciocia complète sa sixième saison à l'Université de Montréal. Manon Simard, directrice du sport d'excellence de l'institution, espère qu'il demeurera longtemps en poste. Cela dit, elle reconnaît qu'il a complété son engagement moral. Elle sait que d'autres organisations lui feront des propositions, comme c'est le cas depuis qu'il a installé ses pénates au CEPSUM.

«Tant qu'il est là, je suis heureuse, dit-elle. Dans une université, le sport se conjugue en deux langues: l'académique et la sportive. Et Danny parle très bien les deux!»

Ainsi, Maciocia n'a pas exigé que ses joueurs se consacrent entièrement au football cette semaine. Au contraire, ils assisteront à leurs cours jusqu'à mercredi midi, avant d'amorcer leur dernier sprint de préparation en vue du match de samedi.

Puis, jeudi, ce sera le départ vers la capitale où, 48 heures plus tard, les amateurs pourront appuyer une autre équipe surnommée les «Bleus».

Les Carabins sont en mission pour le football au Québec.