Beaucoup d'action dans la LNH ces derniers jours. Voici ce qui a retenu mon attention.

1- Les Québécois et les choix du CH

Marc Bergevin et Trevor Timmins avaient une occasion en or de choisir un jeune Québécois vendredi, en première ronde. Ils ont plutôt opté pour un défenseur de l'ouest du pays, Noah Juulsen. Évidemment, l'affaire nous a été présentée comme un coup fumant.

Juulsen deviendra peut-être un formidable joueur de la LNH. Il possède de beaux atouts et souhaitons-lui d'atteindre son rêve. Comme le rappelle souvent Bergevin, une équipe ne compte jamais assez de défenseurs prometteurs.

Juulsen a été sélectionné au 26e rang. Au 28e, les Islanders de New York ont choisi l'attaquant Anthony Beauvillier, des Cataractes de Shawinigan, et au 31e, les Sharks de San Jose ont opté pour le défenseur Jérémy Roy, du Phoenix de Sherbrooke.

En fait, les Islanders et les Sharks tenaient tellement à ces deux jeunes Québécois qu'ils ont chacun procédé à un échange afin d'améliorer leur rang au repêchage. (Je vous invite d'ailleurs à lire, dans ce numéro, le texte éclairant de mon collègue Marc Antoine Godin sur l'évaluation que les Islanders font de Beauvillier.)

C'est donc dire que du groupe des cinq joueurs repêchés après Juulsen, deux sont des Québécois que le Canadien avait la possibilité de recruter. Peut-être que l'avenir nous démontrera le flair de Timmins et Bergevin, peut-être que Juulsen deviendra un défenseur d'impact et que Beauvillier et Roy seront confinés à la Ligue américaine la majeure partie de leur carrière. Mais peut-être pas non plus.

Chose sûre, cette fois, le Canadien ne peut prétendre que de bons joueurs québécois n'étaient pas disponibles au moment d'effectuer son choix de premier tour. L'organisation a simplement pris une autre direction. Cette décision tournera peut-être à son avantage... ou reviendra la hanter.

2- 500 millions US ou plus?

Ainsi donc, la LNH lance un processus formel d'expansion. Et même si Gary Bettman affirme qu'il n'est pas certain que le circuit élargira ses cadres, parions que le projet aboutira.

Pourquoi? Tout simplement parce que plusieurs organisations ne pourront résister à cet apport d'argent frais. L'ajout de deux concessions, payées chacune 500 millions US, vaudra environ 33 millions US à chaque équipe. Cette somme peut servir à amoindrir leur dette ou soutenir leur budget d'exploitation. Peu importe leur utilisation, ces dollars seront une source de flexibilité financière.

Une bonne dizaine d'équipes doivent déjà saliver à l'idée de toucher ce pactole. Et ce n'est pas la perspective de diviser ensuite la tarte des revenus nationaux en 32 pointes plutôt qu'en 30, le nombre actuel d'équipes, qui les fera hésiter.

Un autre enjeu à surveiller est le coût final d'une nouvelle concession. La somme de 500 millions US évoquée par Bettman représente clairement un plancher. Si plusieurs villes déposent des offres sérieuses, un processus d'enchères s'imposera naturellement, ce qui fera gonfler la facture. Pour cela, des groupes de Seattle, Houston ou Milwaukee, ou encore de la grande région de Toronto, devront cependant entrer dans la valse aux côtés de Las Vegas et Québec.

Ces deux dernières villes profitent d'un avantage: la date limite pour déposer une candidature, si elle n'est pas repoussée, est établie au 10 août. Cela laisse peu de temps aux prétendantes moins préparées de ficeler un solide dossier. La seule mise en place du financement nécessite un travail colossal.

À l'heure actuelle, Las Vegas est clairement en position de tête. Et Québec occupe la deuxième place. Une candidature bien étoffée de Seattle ou Houston brouillerait cependant les cartes.

3- L'opinion de Waite

Derrière les portes closes, quelle évaluation de l'équipe font réellement les entraîneurs du Canadien? La récente déclaration de Stéphane Waite, publiée dans La Presse la semaine dernière, suscite une interrogation.

Interrogé à propos de l'impressionnante récolte de trophées de Carey Price à Las Vegas la semaine dernière, Waite a expliqué qu'il valait mieux que le gardien ne s'attarde pas à son importance au sein de l'équipe. «Penser que s'il n'était pas là, le Canadien ne serait plus dans le décor, il n'a pas besoin de ça. Même si c'est la réalité.»

Ouch! J'ai entendu des jugements sévères à propos du Canadien la saison dernière, mais jamais une remarque aussi acérée d'une personne en autorité au sein de l'organisation. L'entraîneur des gardiens du Canadien a peut-être simplement voulu expliquer à quel point Price est la clé de l'équipe, mais ses propos vont néanmoins très loin.

L'opinion de Waite relance ce débat: le Canadien est-il l'équipe d'un seul joueur? Personnellement, je ne crois pas que le Canadien «ne serait plus dans le décor» si la contribution de Price n'était pas si exceptionnelle. Après tout, la saison dernière, l'équipe a aussi aligné un finaliste à l'obtention du trophée Norris et un marqueur frôlant les 40 buts. Ailleurs dans la LNH, on constate que des équipes avec des gardiens moins doués que Price, mais néanmoins fiables, se qualifient pour les séries.

Cela dit, il est vrai que sans Price, le Canadien n'aurait pas coiffé le premier rang de l'Association de l'Est en 2014-2015.

D'autre part, j'ai bien aimé la réaction qu'a eue Price en acceptant tous ces honneurs. Il a remercié l'organisation et les partisans de l'avoir toujours appuyé, reconnaissant qu'il était «un très jeune adulte» à son arrivée à Montréal.

Ce fut un beau moment.

4- Les trucs des Coyotes

Les Coyotes de l'Arizona, cette organisation dont les péripéties minent l'image de la LNH, ont trouvé une solution originale pour respecter le plancher salarial de 52,8 millions la saison prochaine. Ils ont acquis des Flyers de Philadelphie le contrat de Chris Pronger, qui n'a pas disputé un seul match depuis 2011.

La valeur moyenne du contrat de Pronger, 4,9 millions par saison, sera comptabilisée à la masse salariale des Coyotes. Mais en raison de la structure de l'entente, Pronger a déjà reçu la presque totalité de la somme lui étant due (34,5 millions en sept ans). Les Coyotes n'auront qu'à lui verser 575 000$ par année au cours des deux prochaines saisons.

Les Flyers sortent aussi gagnants de l'opération, puisqu'ils dégagent de l'espace bienvenu sous le plafond. Mais tout cela envoie un mauvais message aux partisans des Coyotes. La situation financière de l'organisation est manifestement très serrée pour recourir à un truc semblable, qui permet de contourner le principe du plancher salarial, un outil devant pourtant renforcer l'équilibre de la compétition.

Sans la contribution financière de la Ville de Glendale, les Coyotes sont dans le pétrin. Cette somme annuelle de 15 millions US leur permet de garder la tête hors de l'eau. Mais l'administration municipale refuse maintenant de verser cette subvention dans l'espoir de négocier un pacte moins coûteux.

Les Coyotes ont déposé un recours en justice pour faire respecter l'entente. Mais étant donné que les résultats d'une poursuite ne sont jamais garantis, les Coyotes auraient sûrement avantage à reprendre les négociations avec l'administration municipale.

5- Salut à PAP

Le séjour de Pierre-Alexandre Parenteau avec le Canadien aura été bref. Il aura néanmoins vécu un moment extraordinaire durant la série contre le Lightning de Tampa Bay le mois dernier. Son but vainqueur, quelques minutes avant la fin de la troisième période, a forcé la présentation d'un sixième match.

Parenteau était vraiment heureux après cette rencontre.

«C'est de loin le plus beau feeling de ma carrière», avait-il dit. Sa réussite, à un moment si opportun, jetait un baume sur une saison frustrante, où il a longtemps subi les effets d'une commotion cérébrale.

Bonne chance pour la suite, M. Parenteau.