Qui auront été les plus choqués des propos de Brandon Prust après le match de dimanche? Brad Watson, l'arbitre qui l'aurait insulté? Les autres officiels, furieux de voir un membre de la confrérie ainsi exposé? Gary Bettman, déçu qu'un épisode pareil ternisse l'image de la LNH?

Pas de doute, tous ces gens seront sûrement mécontents. Mais pas autant que Marc Bergevin et Michel Therrien, deux dirigeants conservateurs qui vouent un grand respect au «code». Cette métaphore signifie qu'il vaut mieux se la boucler lorsqu'une controverse pouvant nuire à l'institution du hockey éclate.

Dans la LNH, le «code» empêche de parler librement des commotions cérébrales, ce fléau camouflé sous l'expression anodine «blessure au haut du corps». Le «code» incite plusieurs joueurs à cacher leurs symptômes parce qu'ils ont peur de perdre leur place dans la formation.

Le «code» fait en sorte qu'aucun joueur n'ose publiquement dénoncer les bagarres, de peur d'être ostracisé par ses camarades.

Le «code» oblige les joueurs à trouver des excuses lorsqu'un coéquipier se rend coupable d'un coup salaud à l'endroit d'un rival.

Le «code», au fond, n'est rien d'autre que l'omertà du hockey.

Michel Therrien a rappelé, lundi, être un défenseur du «code». Il a reconnu être membre de la «vieille école» à ce sujet. Résultat, il n'a même pas tenté de défendre Prust d'une ou deux phrases compréhensives, disant plutôt que la situation «serait réglée à l'interne». Le «code» prime sur tout.

Pour l'entraîneur-chef, il s'agit d'un choix risqué, surtout en raison de la popularité du costaud numéro 8 dans le vestiaire. Mais Therrien est conséquent avec sa déclaration durant la série contre Ottawa.

Rappelez-vous: Bryan Murray, le DG des Sénateurs, a affirmé, au mépris du «code», que P.K. Subban avant «menacé» Mark Stone avant de le cingler au poignet durant le premier match, une allégation rejetée par le défenseur.

Interrogé là-dessus, Therrien avait rétorqué: «J'en ai entendu des vertes et des pas mûres depuis le début de ma carrière. Ce que les joueurs se disent entre eux devrait rester sur la patinoire.»

Therrien souscrit donc à la théorie quasi unanime du milieu. Plusieurs anciens acteurs de la LNH devenus analystes nous l'ont répété dans les heures qui ont suivi la sortie de Prust. Les échanges entre les joueurs et les arbitres, ou les entraîneurs et les arbitres, ne sont pas pour consommation publique.

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A-t-on le droit de penser autrement? Bien sûr! Car si Watson a vraiment insulté Prust dimanche soir et s'il a cherché à le faire sortir de ses gonds, au nom de quelle logique l'attaquant du Canadien devrait-il taire l'incident? L'époque où les arbitres contribuaient à nourrir le spectacle - les plus vieux se souviendront de Bill Friday - est terminée.

Ah! oui, j'entends déjà les plus sceptiques dire que Prust, lui aussi, a sûrement envoyé quelques vacheries à l'arbitre. C'est un scénario plausible, évidemment. Mais alors, que l'arbitre le punisse, qu'il l'expulse du match, qu'il fasse un rapport aux autorités du circuit et qu'il dénonce avec énergie son comportement. Et qu'il le pénalise dès son prochain écart de conduite. Mais il n'a pas à embarquer dans son jeu, il n'a pas échanger des inepties avec lui.

L'arbitre représente l'autorité durant un match. De lui comme d'un policier ou d'un juge, on s'attend à une maîtrise complète de ses émotions, surtout lorsque la situation est chaude. Dans le feu de l'action, il doit garder son calme, même au prix d'un effort gigantesque. L'ancien officiel Kerry Fraser, même s'il est un féroce défenseur du «code», l'a rappelé, lundi, sur TSN.ca.

C'est pour ça que l'arbitre est payé. Et non pas pour provoquer un joueur déjà surexcité et qui, de manière mesquine, a décidé de jouer ce printemps les agitateurs dans les causes perdues.

Prust, qui avait retrouvé son calme 20 minutes après les événements, a osé donner sa version des faits. Même s'il ne s'est pas fait d'amis, à commencer par ses propres patrons, je comprends sa réaction.

Bien sûr, Marc Bergevin et Michel Therrien, qui ont déjà plein d'ennuis avec l'offensive anémique du Canadien, savent que leur numéro 8 - et, par conséquent, toute l'équipe - paiera inévitablement le prix de sa sortie. Ce sera tolérance zéro à l'endroit de Prust au cours des prochains matchs.

Or, si l'ailier du Canadien joue les freins au plancher, craignant de recevoir une pénalité dès qu'il lèvera un peu les coudes dans les coins de patinoire, il deviendra largement inefficace. Ce ne sera pas une bonne nouvelle pour l'équipe, qui compte peu de joueurs capables d'utiliser leur poids en attaque. À ce niveau, le Canadien est perdant sur toute la ligne, ce qui irrite la direction.

Mais au bout du compte, les accusations de Prust à l'endroit de Brad Watson serviront peut-être de mise en garde aux arbitres: comportez-vous correctement sur la patinoire, n'insultez pas les joueurs, n'alimentez pas le spectacle en ajoutant à la tension déjà très forte d'une rencontre éliminatoire.

Espérons que la LNH enquête sérieusement sur la conduite de Watson. Et qu'elle sévisse si les faits démontrent qu'il a véritablement insulté Prust à répétition. Oui, les arbitres méritent le respect. Mais les joueurs aussi.



Ça brasse à Bologne!

Êtes-vous comme moi? Avez-vous développé un soudain intérêt pour le Bologne FC, un club de deuxième division italienne dont Joey Saputo est copropriétaire et Marco Di Vaio dirigeant sportif?

Non? Eh bien, laissez-moi vous dire que ça bouge au sein de l'organisation! L'équipe n'a récolté qu'une victoire à ses cinq derniers matchs, glissant ainsi de la deuxième à la quatrième position. La chute est significative puisque seuls les deux premiers clubs au classement accèdent automatiquement à la Série A, le sommet du soccer italien.

Devant ces insuccès, le Bologne FC a congédié le week-end dernier son entraîneur Diego Lopez et l'a rempacé par Delio Rossi. L'objectif: stopper la glissade avec trois matchs à jouer au calendrier.

Comme ce fut le cas avec l'Impact, dirigé par un entraîneur différent à ses trois premières saisons en Major League Soccer (MLS), Joey Saputo a vite manifesté son impatience. «Ce n'est jamais plaisant de changer d'entraîneur, mais la décision était nécessaire», a-t-il déclaré, dans une entrevue publiée sur le site web du club.

Cela dit, on peut comprendre Joey Saputo: atteindre la Série A, un niveau prestigieux où les revenus de télé sont beaucoup plus importants, renforcerait la situation économique et la crédibilité sportive du Bologne FC.

Si l'équipe n'a aucune chance de rejoindre les meneurs au classement, elle en possède une toute petite de se glisser au deuxième rang. Mais il est plus probable qu'elle doive disputer des matchs supplémentaires contre trois autres clubs pour mériter le dernier laissez-passer pour la Série A.

La fin de saison sera passionnante à Bologne.

Les Blue Jays s'enfoncent vite

On les a applaudis à Montréal le mois dernier. On a été charmés par leur nouveau receveur, Russell Martin. Oui, les Blue Jays sont de plus en plus populaires à Montréal. Assez pour que plusieurs amateurs de baseball envisagent un séjour à Toronto cet été pour assister à quelques matchs.

Mais voilà: la saison commence à peine que le bateau des Jays prend de l'eau. Dimanche, ils ont complété un désolant séjour de dix matchs à l'étranger, durant lequel ils n'ont remporté que trois victoires.

Les lanceurs prometteurs éprouvent de gros ennuis (deux d'entre eux ont déjà été cédés aux ligues mineures), et l'absence d'un releveur fiable a coûté quelques victoires. Cette lacune était pourtant criante avant même le camp d'entraînement.

Le DG Alex Anthopoulos ne peut être blâmé pour les difficultés d'apprentissage des jeunes partants. Mais il devait trouver une solution pour stabiliser l'enclos des releveurs. Il a eu plusieurs mois pour agir. Rien n'est plus dur pour le moral d'une équipe que de perdre des avances en fin de rencontre, ce qui arrive trop souvent aux Blue Jays.

Anthopoulos se retrouvera vite sur la sellette s'il ne règle pas ce problème qui était pourtant si prévisible.