Une remarque de Carey Price, après la victoire du Canadien samedi contre les Maple Leafs de Toronto, explique en partie l'attitude de Marc Bergevin lundi, jour limite des transactions dans la LNH.

«J'aime me rendre à l'aréna et jouer avec ce groupe de gars-là. Je ne pense pas avoir déjà eu autant de fun à jouer», a dit le gardien du Canadien à mon collègue Marc Antoine Godin.

Dans le milieu du hockey, cette bonne entente au sein d'un club est évidemment surnommée la «chimie». Il aurait fallu une occasion formidable pour que le DG du Canadien tente un gros coup susceptible d'affecter ce fragile équilibre. L'ambiance assez extraordinaire qui règne au sein de l'équipe est une raison de ses succès.

Dans ce contexte, Bergevin a agi avec doigté. Il a renforcé son club en ne cédant pas de choix de premier tour, ni de joueur actuel ou de membre de la relève.

- Alors, Marc, content de ta journée?

«Oui, a-t-il répondu lorsque je lui ai parlé en fin d'après-midi. On conserve la chimie, on augmente notre profondeur et on ajoute de la vitesse.»

En obtenant Jeff Petry des Oilers d'Edmonton, Bergevin a solutionné un problème important. Le Canadien avait besoin d'un défenseur capable de compléter le travail du trio Subban-Markov-Beaulieu. Cela est devenu encore plus vrai lorsque les Rangers de New York (Keith Yandle) et le Lightning de Tampa Bay (Braydon Coburn) ont payé le gros prix pour se renforcer à la ligne bleue.

Dans l'Association de l'Est, la route vers la finale de la Coupe Stanley pourrait bien passer par ces deux villes. Si Bergevin n'avait pas agi, ces deux adversaires auraient pris une longueur d'avance sur le Canadien.

Cela aurait envoyé un très mauvais message à ses joueurs. Ils avaient besoin de sentir que leur patron les épaulerait. À ce sujet, le sourire de Max Pacioretty en commentant les transactions était éloquent. Il a même parlé de «récompense».

En revanche, le DG assure ne pas avoir acquis Petry en réaction aux échanges effectués par les Rangers et le Lightning: «Mes pourparlers avec les Oilers étaient déjà très avancés dimanche soir.»

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Michel Therrien devait aussi être heureux. Au cours des dernières semaines, il a souvent rappelé que les troisième et quatrième trios devaient être plus productifs en attaque.

Pour diminuer l'ampleur du problème, Bergevin avait deux choix. Le premier, réaliser une transaction aussi spectaculaire que celle de l'an dernier, avec l'acquisition de Thomas Vanek. L'arrivée d'un attaquant de premier plan aurait en effet produit un effet domino qui, ultimement, aurait amélioré les trios de soutien.

Mais Bergevin a vite constaté que les joueurs de premier ou deuxième trio n'étaient pas disponibles. À moins, dit-il, d'être prêt à céder «un bras et une jambe!».

Cette option envolée, Bergevin s'est attaqué à un défi plus simple: obtenir des joueurs qui, sans être des vedettes, combleront des besoins précis.

Torrey Mitchell et Brian Flynn auront toutes les chances d'aider le Canadien. Sans oublier Devante Smith-Pelly, acquis la semaine dernière. En moins d'une semaine, Bergevin a donc créé une nouvelle dynamique au sein des trios de soutien et amélioré la défense avec l'arrivée de Petry. La concurrence au sein du club sera encore plus vive. Une excellente chose à l'approche des séries éliminatoires. Bref, il a bien joué ses cartes.

Mine de rien, même si le noyau est demeuré le même, le visage de l'équipe a changé au cours du dernier mois. En plus des quatre nouveaux venus (Petry, Smith-Pelly, Mitchell et Flynn), deux jeunes se taillent peu à peu une place de choix: Nathan Beaulieu et Jacob De La Rose.

Si on compare la formation actuelle à celle du premier match de la saison, en octobre dernier, deux conclusions s'imposent: Bergevin n'a pas chômé, et les jeunes ont pris du galon.

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Bon, où tout cela laisse-t-il le Canadien en vue du dernier droit de la saison et des séries éliminatoires? La réponse est simple: en aussi bonne place que la semaine dernière.

Aucun rival de l'Association de l'Est ne s'est amélioré de manière exceptionnelle par rapport au CH, ce qui représentait un danger. De solides joueurs ont changé d'adresse, mais pas des gars de renom comme Thomas Vanek et Martin St-Louis l'an dernier.

Le Canadien conserve donc toutes ses chances. Au printemps, la course sera très ouverte jusqu'au bout. «Pas seulement dans l'Est! lance Bergevin. Dans toute la ligue, la première ronde des séries sera très difficile.»

Bergevin est cependant convaincu que son équipe est aussi solide, et même plus forte, qu'à pareille date l'an dernier. Mais il ne tient rien pour acquis. Le DG du Canadien a joué assez longtemps pour savoir que les surprises font partie de l'ADN de la Ligue nationale.

La journée de lundi en rafale...

Le quitte ou double: Glen Sather a beaucoup donné pour obtenir Keith Yandle, des Coyotes de l'Arizona. Anthony Duclair, des Remparts de Québec, est en effet un espoir de premier plan. À long terme, voilà une transaction que les Rangers de New York pourraient regretter. À moins de réussir un coup d'éclat au printemps, ce qui est loin d'être sûr.

Le héros: Don Maloney, le DG des Coyotes de l'Arizona, a réalisé une belle vente-débarras. Il a fait le plein d'espoirs et de choix de premier tour au repêchage. Tout en augmentant ses chances de réclamer Connor McDavid. Du très beau travail.

Pauvres Oilers: Si les partisans des Oilers espéraient que la journée de lundi soit l'occasion d'un nouveau départ pour leurs préférés, ils ont sûrement ressenti une amère déception. L'organisation a de nouveau été fidèle à sa tradition d'immobilisme. Voilà une équipe mal dirigée.

Et les Maple Leafs de Toronto? Il faudra attendre l'été avant la suite du grand ménage. Dave Nonis a réussi un bon coup en refilant le contrat de David Clarkson aux Blue Jackets de Columbus, la semaine dernière, mais ce n'est pas suffisant pour donner une impulsion nouvelle à l'équipe. Hâte de voir ce qui arrivera de Phil Kessel et Dion Phaneuf.