En mai dernier, j'ai discuté avec Gary Bettman durant un match éliminatoire entre le Canadien et les Rangers. Plus tôt dans la semaine, dans un gala à New York, la LNH avait été nommée «Ligue par excellence de l'année» par le Sports Business Journal.

Selon Bettman, le système en place - notamment le plafond salarial - assurait l'équilibre de la compétition et expliquait en partie le succès de la LNH. «Les fans de chaque équipe peuvent avoir de l'espoir», m'avait-il dit.

La parité est un élément fondamental pour les circuits professionnels nord-américains. Les partisans doivent croire aux chances de leurs favoris de participer aux séries éliminatoires et, éventuellement, de lutter pour un championnat.

La LNH mise sur cet élément pour faire sa promotion. On entend souvent parler de «l'équilibre» dans le circuit. Les directeurs généraux le répètent jusqu'à plus soif: dans cette ligue, tout peut changer vite, la concurrence est féroce.

Cette analyse est-elle juste? Ou s'agit-il plutôt d'un mythe? Un coup d'oeil au calendrier du Canadien en février permet de comprendre la pertinence du débat.

L'équipe dispute 14 matchs durant le mois, à l'évidence un gros défi. Mais 10 de ces rencontres l'opposent à des rivaux qui sont pratiquement déjà éliminés de la course aux séries: Arizona, Buffalo, New Jersey, Philadelphie, Edmonton, Ottawa, Toronto (deux matchs) et Columbus (deux matchs).

Eh oui, pour toutes ces équipes, la saison ne signifie déjà plus rien, même si le tiers du calendrier reste à disputer! Les pires d'entre elles espèrent simplement obtenir une chance de repêcher Connor McDavid en juin prochain.

Est-ce cela, la parité?

Des quatre autres adversaires du Canadien en février, St. Louis et Detroit seront assurément des séries. Les deux derniers rivaux, Boston et la Floride, luttent pour leur laissez-passer. Mais qui oserait prédire que les Panthers doubleront les Bruins dans la dernière ligne droite? Là aussi, l'affaire semble entendue.

Cela dit, le mois de mars représentera un plus gros défi pour le Canadien qui, cette fois, affrontera une majorité de rivaux en route vers les séries.

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S'extirper de la médiocrité et devenir une organisation concurrentielle est un lourd défi dans la LNH. Dans un monde idéal, le repêchage et le plafond salarial doivent aider les derniers de classe à retrouver rapidement de la vigueur. Mais la réalité est plus complexe.

Ainsi, si le classement actuel demeure le même jusqu'au bout, les Oilers d'Edmonton rateront les séries éliminatoires pour une neuvième saison consécutive et les Hurricanes de la Caroline, pour une sixième.

De 2010-2011 à 2014-2015, soit cinq ans, neuf autres équipes n'auront participé qu'une seule fois aux séries (Buffalo, Toronto, Columbus, New Jersey, Colorado, Floride, Dallas, Winnipeg/Atlanta, Calgary).

Autre donnée intéressante: au cours des sept dernières saisons, neuf équipes différentes ont participé à la finale de la Coupe Stanley. Au baseball, une ligue pourtant sans plafond salarial, le même nombre de clubs a atteint la Série mondiale durant cette période.

En revanche, dans la NFL, 11 organisations ont disputé le Super Bowl. Fait remarquable, un champion différent a été couronné chaque année. (Dans la LNH, les Kings de Los Angeles et les Blackhawks de Chicago ont chacun remporté deux fois la Coupe Stanley. Et au baseball, les Giants de San Francisco ont décroché trois titres.)

Bref, la LNH ne se distingue pas des autres circuits.

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Les chiffres d'hier ne sont évidemment pas garants des performances de demain.

Les Jets de Winnipeg amorceront peut-être cette saison une longue suite de présences en séries éliminatoires. Et les Panthers de la Floride pourraient devenir une puissance de la LNH. Bref, les malheurs de ces organisations prendront sans doute fin.

Mais la route pour sortir du pétrin est longue et cahoteuse. Le Canadien a eu le mérite de renouer vite avec le succès après une désastreuse saison 2011-2012. Pareil rebond n'est pas fréquent.

Alors quel verdict prononcer sur l'état de la parité dans la LNH? Cette saison, la situation est décevante. La course aux séries éliminatoires manque de piquant. Rien à voir, par exemple, avec la lutte endiablée dans le baseball majeur l'automne dernier. Ou les fins de calendrier de la NFL, même si ce fut un peu moins trépidant cette saison.

Cela dit, en séries éliminatoires, la lutte sera vive. Et des surprises sont probables. Comme si la parité était surtout une affaire de printemps. Et que la LNH ressemblait de plus en plus à une ligue à deux vitesses.

Une idée pour Hockey Canada

Le mois dernier, à la suite de ma chronique dénonçant le prix des billets pour le Championnat junior mondial de hockey au Centre Bell, j'ai reçu une avalanche de courriels... tous dans le même sens!

Les lecteurs ont été indignés par le mépris de Hockey Canada envers les familles. La grille tarifaire a été établie afin d'extraire le maximum de dollars de la poche des amateurs, une stratégie qui s'est retournée contre ses promoteurs. À Montréal, le tournoi a été un échec.

Voilà pourquoi j'espère que Tom Renney, le président de Hockey Canada, prendra connaissance de l'initiative du Grand Prix de Formule 1.

Pour favoriser l'accès aux familles dans l'île Notre-Dame le premier week-end de juin, un prix « Famille » est proposé. Un enfant de 15 ans et moins accompagné d'un parent ou d'un grand-parent ayant payé sa place obtiendra gratuitement un siège réservé dans la tribune située devant la chicane du Pavillon du Canada. Les gens de 65 ans et plus profiteront aussi d'un rabais important à cet endroit.Voilà une idée simple et formidable, qui montre un respect du public. La capacité de la tribune sera ajustée de manière à répondre à la demande.

Allez, M. Renney, un p'tit effort en vue du Championnat du monde de 2017. Vous voyez, c'est pas si compliqué. Suffit d'un peu de bonne volonté. Au besoin, je vous refile les coordonnées de François Dumontier, le promoteur du Grand Prix...