Perdre en quart de finale des Internationaux d'Australie contre une des deux meilleures joueuses au monde n'est pas une déconvenue. Eugenie Bouchard a réussi un solide parcours au premier tournoi majeur de la saison.

En revanche, son jeu contre Maria Sharapova a manqué de finition. Souvent débordée, Bouchard n'a pas été longtemps dans le coup. On l'a parfois sentie démunie sur le terrain, incapable de réagir à la forte pression de sa rivale.

Sans surprise, la défaite de Bouchard a relancé le débat autour de son entraîneur. Après avoir mis fin à son association avec le réputé Nick Saviano l'automne dernier, l'athlète de Westmount a pris le risque de travailler uniquement avec un partenaire d'entraînement, Diego Alaya.

Devant les journalistes, Bouchard dit «my coach» en parlant d'Ayala, même s'il n'est pas un véritable entraîneur en titre. Ne pas remplacer Saviano par une personne reconnue était un coup d'audace... qui a assez duré!

Bouchard dit vouloir s'associer à quelqu'un possédant l'expérience des grands matchs, que ce soit comme entraîneur ou joueur. Souhaitons qu'elle concrétise cette intention plus tôt que tard. Sinon, sa saison 2015 pourrait être pleine de frustrations.

«Elle ne joue pas aussi bien que durant son fantastique été dernier, a dit Chris Evert, à la télé américaine, après le match. Elle doit retourner à la planche à dessin.»

Questionnée à savoir si Bouchard, une joueuse de 20 ans sans beaucoup d'expérience, s'était ressentie de l'absence d'un entraîneur face à Sharapova, Evert a dit que la question était difficile, avant d'ajouter: «Depuis Wimbledon, son jeu a un peu glissé.»

Gagnante de 18 titres majeurs, Evert a rappelé que Saviano avait appris beaucoup de choses à Bouchard sur les éléments cérébraux du tennis, comme la concentration. «Peut-être que cela a vacillé un peu durant ce tournoi...»

L'obervation est juste. Ainsi, en quatrième ronde, Bouchard menait 6-1 et 3-0 contre la Roumaine Irina-Camelia Begu. Mais elle a perdu la deuxième manche avant de revenir en force au troisième set. Elle n'aurait cependant pas dû offrir une deuxième chance à sa rivale.

À Melbourne, Bouchard a profité d'un tableau favorable. Avant son match contre Sharapova, elle n'avait affronté aucune des 35 meilleurs joueuses au monde.

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En n'embauchant pas d'entraîneur de renom, Eugenie Bouchard ouvre aussi la porte aux analyses sans fin sur son jeu. Si ce dossier demeure en suspens, elle entendra des dizaines d'observations au cours des prochains tournois.

Les anciens joueurs devenus commentateurs auront leur avis. C'est d'ailleurs déjà commencé et cela finira inévitablement par l'atteindre. Même si les athlètes disent vivre dans leur bulle, ils demeurent souvent sensibles aux opinions à leur sujet.

L'arrivée d'un entraîneur établi diminuerait ce bruit superflu et contre-productif. Bouchard pourrait alors travailler dans la sérénité, plutôt que répondre à des questions à ce propos aux quatre coins du monde. Car n'en doutons pas: cet enjeu sera évoqué dans les médias aussi longtemps qu'elle ne le réglera pas.

Sur le plan technique, le jeu de Bouchard nécessite des ajustements. Ses nombreuses fautes directes contre Sharapova et ses ennuis avec son revers en font la preuve. Comme tous les athlètes, surtout ceux sur la montée, elle a besoin d'une personne pouvant la conseiller avec succès.

Bouchard avait sûrement ses raisons pour se séparer de Saviano. Elle a estimé que ce n'est pas lui qui l'aiderait à accomplir ses deux objectifs: remporter un tournoi majeur et atteindre le premier rang mondial. Les joueurs procèdent souvent à des changements d'entraîneur et, en ce sens, sa décision s'inscrit dans la routine du tennis professionnel.

En revanche, le fait que Bouchard et ses conseillers n'avaient pas eu en tête une solution de rechange est étonnant.

Le processus a peut-être été retardé par le choix de sa nouvelle firme de représentation. Ce n'est qu'en décembre dernier que Bouchard a finalisé son entente avec WME-IMG. La négociation de cet accord, aux répercussions financières importantes, a sûrement nécessité beaucoup d'énergie.

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Le choix d'un entraîneur est une affaire délicate. Bouchard doit sélectionner une personne avec qui elle s'entendra bien et qui jouira de son respect immédiat.

Identifier cette perle rare est une tâche complexe. Mais avec l'aide de son agente Jill Smoller, qui connaît à fond le monde du tennis, le problème est surmontable.

Pour l'épanouissement de sa carrière si prometteuse, Eugenie Bouchard devra bientôt trancher.

Soulagement pour Anthopoulos

Les Blue Jays de Toronto ont annoncé lundi que Paul Beeston demeurerait président de l'équipe en 2015 avant de se retirer à la fin de la saison.

Alex Anthopulos, le DG de l'équipe, a sûrement poussé un soupir de soulagement. Dan Duquette, le candidat pressenti pour succéder à Beeston, aurait plongé à deux mains dans les dossiers de baseball. Et l'avenir d'Anthopoulos, un Montréalais jadis à l'emploi des Expos, aurait été compromis.

Duquette, l'ancien DG des Expos, est vice-président des Orioles de Baltimore. Les partisans de cette équipe n'ont guère apprécié son flirt avec les Blue Jays. Selon les médias locaux, il devra rétablir les ponts.

Tout indique que les deux organisations ne se sont pas entendues sur la compensation que les Blue Jays auraient dû verser aux Orioles en retour de Duquette.

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Felipe, le dynamique petit attaquant de l'Impact, a été échangé aux Red Bulls de New York, hier.

La transaction ne m'étonne pas. Jesse Marsch, qui a dirigé l'Impact à la première saison de l'équipe en MLS, avait recruté Felipe.

Marsch a récemment été nommé entraîneur-chef des Red Bulls. Il a donc obtenu un joueur qu'il apprécie depuis longtemps.

Il sera intéressant de surveiller le travail de Marsch à New York. Malgré son départ de l'Impact, il a laissé une excellente impression.