Ils ont bien couru après, à mon avis. «Ils», ce sont les dirigeants du hockey junior canadien qui, année après année, se font les complices des bagarres dans les trois ligues du pays. Comment? En refusant de les décourager par des suspensions dissuasives.

Les événements de mardi, à Erie, font mal paraître le hockey junior canadien. Connor McDavid, le meilleur espoir au pays depuis Sidney Crosby, s'est blessé de la manière la plus stupide qui soit: en laissant tomber les gants et en frappant de sa main droite le casque de son rival, puis le rebord de la bande.

McDavid a agi en réaction à une mise en échec et à un coup de bâton qu'il n'a pas appréciés. Il s'est ainsi comporté de la manière dont le hockey l'a élevé, c'est-à-dire en réglant ses comptes avec ses poings. Son geste a d'ailleurs été salué par Milan Lucic, des Bruins de Boston, et David Clarkson, des Maple Leafs de Toronto. Qui s'en surprendra?

McDavid, un extraordinaire attaquant et sans doute le premier choix du prochain repêchage de la LNH, ne jouera pas pendant au moins cinq semaines. Son absence fera mal à la Ligue ontarienne. Plus grave encore: le jeune homme est aussi le leader d'Équipe Canada au Championnat junior mondial, qui s'amorcera le 26 décembre à Montréal et Toronto.

Sa confrontation avec Jack Eichel, l'espoir numéro un des États-Unis, s'annonce palpitante. Mais dans quel état sera McDavid? Sera-t-il parfaitement rétabli? Risquera-t-il d'aggraver sa blessure?

J'aurais aimé entendre les conversations dans les bureaux de Hockey Canada, mercredi, à Calgary. L'ambiance ne devait pas être à la rigolade. Nos représentants n'ont pas remporté l'or depuis 2009, aussi bien dire une éternité dans ce pays si fier de son hockey. Les dirigeants veulent mettre fin à cette disette. Pour cela, ils ont besoin de McDavid.

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Bien sûr, il se trouvera des défenseurs des bagarres - malheureusement, il y en a encore! - pour prétendre qu'il s'agit d'une malchance et que, de toute façon, McDavid aurait pu se faire mal autrement.

L'argument est loufoque. Il s'est blessé en se battant, une pratique dont les effets néfastes sont bien documentés. (Pour ceux qui en doutent encore, relisez les articles sur la mort de Derek Boogaard, Rick Rypien et Wade Belak à l'été 2011.)

Même la LNH commence à comprendre l'inutilité des bagarres. Tenez, Gary Bettman n'a pas encore dit une seule fois cette saison qu'elles servaient de «thermostat» capable de contrôler la chaleur d'un match, une analyse regrettable de la part d'un homme si intelligent.

Le nombre de bagarreurs est en chute libre. Et plus personne ne s'attend à ce que les meilleurs joueurs laissent tomber les gants. Pour reprendre l'expression de Marc Bergevin, le voisinage a changé et les équipes n'ont plus besoin d'un système d'alarme.

McDavid n'a pas à se battre. Mais il a jugé bon de se faire justice lui-même. Pourquoi? Parce que les arbitres ont fermé les yeux sur trop d'infractions à ses dépens? Parce qu'il voulait prouver sa combativité? Parce qu'il a oublié un moment les raisons lui permettant d'exceller au hockey?

Malheureusement, des analystes célèbrent encore le «tour du chapeau à la Gordie Howe», ce que McDavid a réussi mardi: un but, une aide et un combat. On voit les brillants résultats... Il serait peut-être temps de confiner cet «exploit» aux livres d'histoire.

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Tom Renney, nouveau président de Hockey Canada, était à Montréal le mois dernier. En compagnie de mon collègue Gabriel Béland, qui signe ci-dessous un texte éclairant sur l'approche du hockey junior américain en matière de bagarres, je me suis entretenu avec lui.

J'en suis ressorti avec une certitude: Renney veut mettre fin aux bagarres dans le hockey au Canada. Et l'affaire McDavid ne diminuera en rien sa résolution.

«Il y a un enjeu plus grave que les commotions cérébrales dans le hockey, disait-il. Ce sont les bagarres. Quel autre sport, à son plus haut niveau, autorise les combats? Si je suis un parent et que j'en vois un à la télé durant un match, je me dis que le soccer semble plus sûr...»

Avec raison, Renney est fier de la contribution de Hockey Canada dans la lutte contre les bagarres. Et il croit qu'à terme, elles disparaîtront du hockey junior. Souhaitons qu'il ait raison. Ce serait bien la moindre des choses d'empêcher ces jeunes, dont l'immense majorité n'atteindra pas la LNH, de faire sur la patinoire ce qui est interdit dans les écoles ou les milieux de travail.

Les combats sont évidemment moins nombreux qu'à une certaine époque, lorsque des foires d'empoigne marquaient de nombreux matchs. Les règlements ont été resserrés au fil des années, mais ce n'est manifestement pas encore assez.

Espérons que la blessure de McDavid provoque une véritable prise de conscience pour accélérer le processus. Car pour le hockey junior canadien, cette bagarre est celle de trop.

Une politique du sport

Après le dépôt de dizaines de mémoires et de suggestions, Montréal a adopté sa première politique du sport et de l'activité physique. L'objectif: lutter contre la sédentarité en encourageant les gens à bouger.

La nouvelle est importante, car elle signale l'intention de la Ville de faciliter et de promouvoir l'activité physique. Jim Beis, le membre du comité exécutif responsable du projet, a donné cet exemple parmi d'autres: «Chaque fois qu'on reconstruit une rue, il faut penser aux vélos, aux piétons, à l'éclairage et à la signalisation pour encourager les gens à utiliser le transport actif.»

Sylvie Bernier, de Québec en forme, l'a souvent souligné: l'accessibilité et la proximité des installations sont essentielles pour stimuler l'activité physique, notamment auprès des jeunes. Que la Ville le reconnaisse officiellement est un pas dans la bonne direction.

Il faudra voir jusqu'à quel point le maire Denis Coderre mettra son influence au service de cette politique. Il n'était pas présent à l'annonce de mercredi, lui qui a pourtant assisté à deux récentes conférences de presse de sport-spectacle: le Championnat mondial de hockey junior et la prochaine visite des Blue Jays de Toronto. Jim Beis a bien fait les choses, mais l'absence du maire était étonnante s'il s'agit vraiment d'un dossier majeur pour Montréal.

Le premier test du sérieux de cette politique surviendra bientôt, lorsqu'on saura si la Ville maintiendra son appui au réseau BIXI.

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Source: Thescore.com