Bien sûr, ce n'était pas l'annonce du retour des Expos ou la venue d'un grand événement international.

N'empêche que la confirmation de la tenue de la Coupe Vanier à Montréal, une première en 50 ans d'histoire de ce trophée, est une bonne nouvelle. Le fait qu'elle ait été dévoilée dans le grand hall de l'hôtel de ville est symbolique: Denis Coderre croit le sport capable de renforcer le tissu social de la cité.

Dans la capitale nationale, le maire Labeaume applique cette stratégie avec succès. Et Québec est très dynamique pour bonifier son offre sportive tant sur le plan des infrastructures que des compétitions. «Régis et ses gens ont fait une job extraordinaire parce qu'ils s'en sont occupés», rappelait M. Coderre, dans un récent entretien.

Le nouveau maire de Montréal promet d'en faire autant. Le travail ne manque pas. Déjà, deux dossiers se retrouvent dans la catégorie «Urgence»: le maintien du Grand Prix du Canada dans l'île Notre-Dame et le remplacement de la toiture du Stade olympique.

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Après deux ans de pourparlers, le contrat pour garantir la présentation de la course de Formule 1 à Montréal jusqu'en 2024 n'est toujours pas signé. Le promoteur François Dumontier a lancé un cri d'alarme, hier, rappelant que le temps filait à toute allure.

Le maire Coderre n'est pas inquiet. «Tout avance, a-t-il dit. L'argent est là pour les nouvelles infrastructures. Et je ne serai pas le maire qui tirera la plogue sur le Grand Prix... Je suis très confiant qu'on réglera tout ça dans les prochaines semaines.»

M. Coderre souligne l'excellente collaboration des gouvernements du Québec et du Canada. Le résultat de l'élection de lundi ne changera rien à ce dossier. Philippe Couillard appuie le maintien du financement public de l'événement en raison de ses retombées économiques.

Conclure une longue entente avec Bernie Ecclestone n'est pas une mince affaire et on peut comprendre M. Coderre de vouloir en analyser à fond les détails. Mais il sait très bien que laisser ce dossier lui filer entre les doigts constituerait un échec pour Montréal et une première tache à son palmarès.

Voilà pourquoi, malgré les préoccupations de François Dumontier, les chances d'un dérapage me semblent minces.

Quant au remplacement de la toiture du Stade, le moment de prendre une décision approche. En fin de campagne électorale, M. Couillard a déclaré à RDS: «On s'en occupera dès notre arrivée au gouvernement. On trouvera la meilleure solution au meilleur coût pour le contribuable. On veut quelque chose qui va tenir, d'esthétiquement correct et qui nous permettra d'augmenter la période d'utilisation du Stade.»

Avant même la tenue de l'élection, le maire Coderre réclamait que le prochain gouvernement aborde ce dossier dans son message inaugural. David Heurtel, président de la RIO jusqu'en décembre dernier, pourrait devenir ministre dans le prochain cabinet libéral. À la fin de son séjour sur l'avenue Pierre-de-Coubertin, il privilégiait une nouvelle toiture fixe.

Sous la houlette de M. Heurtel, le Parc olympique a connu une renaissance. Et aujourd'hui, trois familles importantes de Montréal, les Beaudoin, Bronfman et Saputo, sont prêtes à investir dans ce pôle touristique majeur si la question du toit est réglée.

En revanche, pomper 325 millions de dollars pour remplacer le toit ne se fera pas sans opposition. Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), n'a pas caché ses réserves, hier, en entrevue à La Presse: «Pour le moment, je n'ai pas vu de modèle qui permet de justifier un réinvestissement de 350 millions.»

L'argument est valable. M. Couillard, qui nous a promis la transparence, devra en dire plus long sur le plan d'affaires. Mais n'oublions pas que le comité de Lise Bissonnette sur l'avenir du Parc olympique, dont l'impressionnant rapport a été déposé en décembre 2012, recommande le remplacement de la toiture.

Croire au potentiel du Stade n'est pas un réflexe naturel. La liste des malheurs qui l'ont frappé est trop longue. Mais renoncer au toit serait condamner le Stade à une utilisation marginale. Du coup, l'essor du site serait ralenti.

Or, comme le rappelle Mme Bissonnette dans son rapport, «le Parc olympique dispose d'atouts physiques et historiques aptes à en faire tout naturellement une destination familiale et éducative».

On peut aussi croire que des promoteurs privés, spécialistes de la gestion d'événements, seraient tentés de contribuer au développement du Stade. La récente association entre evenko et la RIO pour les deux matchs entre les Blue Jays de Toronto et les Mets de New York est prometteuse.

Bien entendu, certains pourraient soutenir que l'État devrait conserver un fonds de 325 millions pour un nouveau stade de baseball au centre-ville, dans l'hypothèse où Montréal obtiendrait une concession, plutôt que de remplacer le toit du Stade olympique.

Inutile de s'égarer sur cette piste. Les deux dossiers sont différents. Préserver l'héritage olympique demande une action rapide. Rêver d'une équipe de baseball est un projet à long terme. «Ce n'est pas l'un contre l'autre», rappelle avec raison Denis Coderre.

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Le maire de Montréal le reconnaît: le projet de Coupe Vanier à Montréal a été lancé avant son arrivée au pouvoir. Mais il veut contribuer au succès de l'événement et en attirer d'autres de calibre international.

Denis Coderre voit grand, notamment en vue du 375e anniversaire de Montréal en 2017. «On pourrait rêver d'amener de grandes équipes, comme le Real Madrid ou le FC Barcelone...», dit-il.

Et tout ça avant d'accueillir des matchs du Mondial en 2026, son principal objectif.

La Coupe Vanier, c'est bien. Mais ça ne contentera pas Denis Coderre.