Samedi, plus de 25 000 personnes sont attendues au Stade olympique pour l'ouverture locale de la saison de l'Impact.

Le vendredi suivant, une foule de 40 000 spectateurs assistera au match entre les Blue Jays de Toronto et les Mets de New York. Le lendemain, lorsque les deux équipes remettront ça, 45 000 amateurs de baseball rempliront les gradins !

Le Stade reprendra donc vie après son hibernation annuelle. Mais attention: si la météo ne collabore pas, les trois événements seront reportés.

Même si le protocole d'utilisation du Stade entre les 1er novembre et 31 mars a été assoupli cette semaine, les portes du Stade demeurent fermées si une précipitation de neige ou de verglas allant au-delà des seuils autorisés est prévue durant l'événement. Même chose si une accumulation de neige ou de glace encombre le toit.

On devine déjà la réaction des médias new-yorkais si le retour du baseball majeur à Montréal est annulé parce que de la neige tombe sur un stade... couvert! Imaginez la conférence de presse...

- Quand est survenu le problème avec le toit?

- En 1999.

- Et qu'avez-vous fait depuis?

- On analyse la situation.

- La décision de le remplacer ou de le retirer a-t-elle été prise?

- Hé, laissez-nous le temps de réfléchir! Ça fait à peine 15 ans que l'incident est survenu. Faudrait tout de même pas nous bousculer...

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Au fond, si la météo devait empêcher la tenue d'un des trois matchs, le plus gênant ne serait pas leur annulation. Après tout, la sécurité du public est primordiale.

Non, le plus gênant serait ce rappel d'une pathétique réalité: depuis la déchirure de la toile le 18 janvier 1999, aucun gouvernement n'a eu le courage de trancher dans ce dossier.

En mars dernier, alors que le même problème d'accessibilité au Stade se posait en vue du premier match de l'Impact à Montréal, j'avais demandé à Jean-François Lisée où en était le dossier. Le ministre de la Métropole m'avait assuré que le gouvernement Marois prendrait une décision avant l'été.

Sur le coup, sa déclaration ne m'avait pas étonné. M. Lisée constatait le bel élan du Parc olympique sous la présidence de David Heurtel. Et avec le 375e anniversaire de Montréal en ligne de mire, il jugeait intéressante la perspective de remplacer la toiture.

« Plusieurs investissements ont été faits pour le 400e anniversaire de Québec en 2008, m'avait-il dit. Là, c'est au tour de Montréal. Le compte à rebours de ce grand rendez-vous est important. »

Plus tard, lorsqu'il est devenu clair que ce scénario ne se matérialiserait pas, j'ai compris que les propos de M. Lisée avaient été quasi révolutionnaires. Il avait évoqué une prise de décision!

Inutile de dire que ses collègues du conseil des ministres, Nicolas Marceau (Finances) et Pascal Bérubé (Tourisme) en tête, n'ont pas apprécié. Pas question de rompre avec l'inertie libérale durant les années du gouvernement Charest.

M. Lisée ne savait-il pas que les gouvernements étudient le dossier du Stade olympique, qu'ils demandent des rapports, évoquent parfois des solutions, mais qu'ils ne décident jamais? Non mais quelle était cette bizarre idée de mettre ainsi son gouvernement sur la sellette?

Malgré les efforts méritoires de Jean-François Lisée, aucune décision n'a été prise.

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Dans son rapport fouillé sur l'avenir du Parc olympique déposé en décembre 2012, le comité présidé par Lise Bissonnette affirmait: « Parmi les tâches matérielles qui demeurent incontournables pour que le Parc connaisse un avenir se profile avec entêtement celle du remplacement de la toiture du Stade. »

Le comité proposait que le futur appel d'offres « soit formulé de façon à accueillir aussi les propositions de toiture mobile, si elles sont en cohérence avec la conception originelle du bâtiment ».

Au cours des semaines suivantes, Mme Bissonnette a rencontré les ministres Marceau et Bérubé, qui voulaient en savoir plus long. Mais compte tenu de la facture envisagée, de 250 à 400 millions, le gouvernement n'a pas appuyé sur l'accélérateur.

Et le dossier a encore perdu de l'impulsion lorsque l'ancien président de la RIO, David Heurtel, a quitté son poste pour se porter candidat libéral aux élections partielles de décembre dernier. À la fin de son mandat, il semblait favoriser un toit fixe.

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Peu importe quel parti composera le prochain gouvernement du Québec, il y aura toujours des raisons de ne pas trancher. Dans un contexte budgétaire serré, remplacer la toiture du Stade fera rugir une partie de la population. Même si cela contribuait à générer de nouveaux revenus qui rembourseraient Demi-Cadratin en tout ou en partie Demi-Cadratin l'emprunt pour financer les travaux.

N'empêche qu'il faudra un jour décider. La vie utile de la toile achève. Il faudra la remplacer, ce qui coûtera cher, ou la retirer, ce qui freinera l'élan du Parc olympique. Ce serait dommage puisque le rapport du comité Bissonnette fournit plusieurs autres pistes créatives pour maximiser l'impact positif du Parc olympique et de la RIO dans l'ensemble du Québec.

Mais parions que les responsables, soient-ils péquistes ou libéraux, continueront de repousser le plus loin possible la prise de décision. Le nouveau président de la RIO, Michel Labrecque, en a donné une indication dans une entrevue avec Paul Houde, au 98,5 FM, après sa nomination. Il a dit ignorer si les décisions seraient prises ou non dans les cinq prochaines années.

Durant ce temps, de nouvelles études seront sans doute commandées. C'est toujours une bonne recette pour gagner du temps.