UNE CHAMPIONNE

Maxime Dufour-Lapointe n'a pas gagné de médaille à Sotchi. Elle a plutôt regardé ses deux plus jeunes soeurs monter sur le podium. Un peu déchirant, à vrai dire, puisque c'est elle qui leur a fait découvrir le ski de bosses à l'enfance.

Le lendemain de l'exploit de Justine et de Chloé, Maxime, digne et souriante, les a accompagnées en conférence de presse. Ce fut émouvant de l'entendre dire: «Je suis tellement heureuse pour elles. Je suis leur grande soeur et je le serai toujours. J'aurai maintenant deux championnes dans ma maison. Je pourrai apprendre d'elles et en devenir une moi-même.»

À mon avis, Maxime, tu es déjà une très grande championne. Et pas seulement sur les pentes de ski.

UN MOMENT FORT

Lorsque Alexandre Bilodeau a parlé de son frère Frédéric après avoir remporté la médaille d'or, tous les gens autour de lui ont eu les larmes aux yeux.

Prendre soin d'une personne aimée qui souffre de paralysie cérébrale est une tâche exigeante. Avec des mots simples, Alexandre a expliqué l'impact de l'état de santé de Frédéric sur la vie de sa famille.

Les propos du champion olympique ont résonné fort. Partout au Québec, des gens prennent soin d'un être cher aux prises avec la maladie. Cela bouscule le quotidien, mais l'amour leur donne le courage de continuer.

Ce jour-là à Sotchi, Alexandre Bilodeau a parlé en leur nom.

UN DÉGÂT D'EAU

Cinq heures du matin. J'entends un drôle de bruit dans la salle de bains. Me lève et vais voir: de l'eau coule abondamment du plafond. Un petit lac se forme sur le plancher.

«Hé, ça vient de la chambre d'Yves, ça...» Je monte à l'étage supérieur et j'aperçois mon ami Boisvert. Il observe le plombier tenter de régler le problème. «Le tuyau d'eau chaude fuit...», me dit-il amusé, mais presque incrédule.

Après lui avoir souhaité bonne chance (aux Jeux, la solidarité entre collègues est essentielle), je redescends à ma chambre.

Le lendemain soir, de retour à l'hôtel après une autre journée au Parc olympique, le plafond de ma salle de bains ressemble à une stalactite gonflée. Une immense bulle d'eau s'est formée, fruit de la fuite de la veille. Une fissure et c'est la catastrophe. Trop fatigué pour courir après un expert, je me couche en croisant les doigts.

La bulle d'un mètre de circonférence a tenu le coup pendant mon sommeil. À mon réveil, je préviens une responsable et tout est réparé durant la journée.

Bref, ce n'est qu'une des innombrables anecdotes que vous avez sûrement entendues à propos de ces hôtels complétés à la hâte. Mais il faut reconnaître que les Russes ont su régler les problèmes rapidement.

UNE ÉLUE

Hayley Wickenheiser n'a pas seulement remporté une médaille d'or à Sotchi. En étant élue par ses pairs à la Commission des athlètes, elle est aussi devenue membre du Comité international olympique (CIO) pour les huit prochaines années.

«C'est une nouvelle extraordinaire pour le Canada», a expliqué Walter Sieber, notre compatriote membre de la Commission du programme des Jeux, qui examine la candidature de nouveaux sports.

«Un membre du CIO a accès à beaucoup d'informations et est au coeur de nombreuses décisions, a-t-il poursuivi. Je suis certain que Hayley Wickenheiser siégera aussi à d'autres commissions du CIO.»

Dans sa déclaration de candidature, Wickenheiser avait promis de s'assurer que les sacrifices des athlètes ne soient pas éclipsés par les gros enjeux commerciaux du sport.

«Il y a beaucoup d'argent dans l'olympisme, a-t-elle rappelé, après son élection. Il ne faut pas qu'on oublie les athlètes, notamment après leur carrière. On pourrait les aider davantage.»

L'avocat montréalais Richard Pound est l'autre membre canadien du CIO.

UNE BÉNÉVOLE

- Quel est votre problème? me demande la jeune bénévole.

- Mon accès au site des résultats est bloqué. Le mot de passe ne fonctionne plus.

Et la voilà qui tente une manoeuvre informatique ou deux, sans succès. Elle donne alors un coup de fil. Pas besoin de parler le russe pour comprendre son désir de corriger la situation. Le ton de sa voix est éloquent.

Une minute plus tard, elle raccroche et se tourne vers moi. «Je leur ai clairement dit de régler ça. Vérifiez dans une heure...»

Si je raconte cette petite histoire, c'est pour illustrer à quel point les milliers de bénévoles, en immense majorité de jeunes Russes, ont été formidables durant ces Jeux. Toujours prêts à aider et très efficaces. Capables de rire aussi. Ils ont donné une belle image de leur pays.

Et j'ai pu réinitialiser mon mot de passe.

UN POULET

Le restaurant Laluna, à deux pas de notre complexe hôtelier, a un grand atout pour un journaliste couvrant les Jeux olympiques: sa cuisine ferme tard.

Le menu est varié, les vins du Krasnodar (quand les retrouvera-t-on à la SAQ?) sont même offerts au verre et les écrans géants permettent de suivre les Jeux.

Si vous passez par là, je vous recommande chaudement le carpaccio de saumon avec citron et aneth frais. Pour la curiosité, vous pourrez aussi essayer le «poulet presque sans os», comme le menu décrit ce plat servi avec pommes de terre sautées avec prunes et bacon.

«Presque sans os»? Le chef russe est prudent. Pas question de faire une promesse qu'il n'est pas sûr de tenir entièrement.

UNE LANGUE

La langue, c'est le français. Une langue envers laquelle le Comité olympique canadien (COC) a souvent manqué de sensibilité dans son histoire.

Tenez, en août dernier, la présentation des membres de l'équipe de patinage de vitesse sur courte piste s'est déroulée majoritairement en anglais. L'événement avait pourtant lieu à Montréal, et les athlètes étaient presque tous francophones. Ce fut franchement déplorable.

Mais à Sotchi, le COC a très bien fait les choses. La place du français est devenue une priorité de Marcel Aubut. La présence de Ray Lalonde, ancien VP du Canadien et ex-président des Alouettes, a aussi contribué à l'amélioration des choses.

J'ai souvent été sévère envers le COC à ce sujet. Mais cette fois-ci, il mérite des félicitations.