Pour connaître le véritable état d'esprit de Carey Price, ne vous fiez pas à sa voix basse et son ton monocorde. Lorsqu'il est heureux, ce sont ses yeux qui racontent l'histoire.

Tenez, après le match de vendredi, les yeux de Price auraient pu illuminer à eux seuls le Dôme de glace Bolchoï, où Équipe Canada venait de vaincre Team USA 1-0.

Son lourd équipement sur le dos, Price savourait la victoire, la plus importante de sa carrière. Un échec du Canada en demi-finale du tournoi olympique aurait laissé des traces profondes. Et comme c'est toujours le cas au hockey, le gardien aurait reçu sa part de blâme.

Price connaissait très bien l'enjeu de la rencontre. Cela l'a galvanisé. Il a disputé un match formidable. «Je suis très excité, a-t-il dit. On a tellement un bon groupe de gars. Nous ferions n'importe quoi l'un pour l'autre.»

En dix jours, Price est devenu le leader du club. Son calme devant le filet et l'assurance de ses gestes inspirent ses coéquipiers. Il fallait les entendre vanter ses mérites après la rencontre pour comprendre à quel point il est respecté.

«Carey a vraiment été très bon, a dit Duncan Keith. Il a fait de gros arrêts au bon moment.»

«Carey a été exceptionnel, a ajouté Alex Pietrangelo. Il voit si bien la rondelle. Il possède tous les atouts d'un grand gardien.»

Inutile d'en citer d'autres, vous avez compris l'essentiel du propos. Grâce à Price, Équipe Canada abordera avec confiance la finale du tournoi, dimanche, contre les Suédois.

C'est drôle combien les choses changent vite dans le sport. En mai dernier, après une fin de saison décevante avec le Canadien, Price semblait fragile et mal dans sa peau. Il se disait mal à l'aise à Montréal, une ville où il était incapable de faire son épicerie en paix.

Ces propos étonnants n'ont pas ébranlé Marc Bergevin. Mais il a compris qu'il devait poser un geste pour favoriser l'épanouissement de Price. Sa décision d'embaucher Stéphane Waite comme entraîneur des gardiens de but a été un coup de maître.

L'approche tout en douceur de Waite a donné des fruits. Si le Canada gagne la médaille d'or, Mike Babcock devrait lui donner un coup de fil pour le remercier.

Avec Price, le Canadien a joué la carte du renforcement positif. Dommage que ce soit si rarement le cas avec une autre jeune vedette de l'équipe.

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Le soulagement devait être énorme chez les dirigeants d'Équipe Canada après la victoire. Dès son arrivée à Sotchi la semaine dernière, le directeur général Steve Yzerman s'était dit impressionné par l'équilibre de la formation américaine.

«C'est une équipe solide, qui devrait profiter de cette grande surface, avait-il dit. Leurs gardiens de but sont excellents, la défense est mobile et ils alignent de nombreux jeunes joueurs excitants.»

Les attaquants américains ont cependant été incapables de briser le mur défensif du Canada. Des joueurs habitués à filer vers le filet ennemi, comme Phil Kessel et Patrick Kane, ont eu du mal à se démarquer. À peine touchaient-ils la rondelle qu'un géant canadien - que cette équipe est grosse! - venait briser leur rythme.

On a senti la frustration des Américains grandir. Et malgré le score serré, les joueurs de Babcock ont été en plein contrôle de la situation dans la deuxième moitié du match.

Les Américains ont néanmoins cru en leurs chances jusqu'au bout. Et les visages étaient longs lorsqu'ils ont retraité à leur vestiaire.

Pour USA Hockey, l'équivalent de notre Hockey Canada, les deux derniers jours ont été ceux de la désillusion. Avec raison, l'organisme est très fier de la progression exceptionnelle du hockey aux quatre coins de cet immense pays.

Les États-Unis produisent des joueurs de premier plan. Et ils rêvent de remporter des médailles d'or aux Jeux olympiques. Mais comme à Vancouver en 2010, leurs équipes masculine et féminine se sont butées à celles du Canada.

Les Américains ont depuis longtemps pris le contrôle de la LNH. L'influence historique des équipes canadiennes dans les affaires du circuit a fondu comme neige au soleil. Mais au moins, sur la patinoire, le pays du hockey tient toujours son bout. C'est toujours ça de pris.

À quoi s'attendre du match de dimanche entre la Suède et le Canada? Peu importe le résultat, souhaitons-nous à tout le moins un bon spectacle. Car force est d'admettre que plusieurs matchs présentés jusqu'ici n'ont pas tenu les spectateurs en haleine.

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Les deux demi-finales de vendredi en constituent un parfait exemple. Les joueurs ont patiné avec intensité, les passes étaient précises et les lancers, foudroyants. Mais marquer des buts semblait une mission quasi impossible.

Il est tout de même dommage de voir les meilleurs attaquants du monde éprouver autant d'ennuis à trouver le fond du filet. Difficile à croire, mais à peine quatre buts ont été inscrits dans les deux demi-finales de vendredi. Quatre!

Les patinoires de dimension internationale ont un vilain défaut. Les zones neutres, trop vastes, nuisent à l'organisation des attaques. La défense a beau jeu de les tuer dans l'oeuf. Si on les réduisait de deux pieds chacune, agrandissant d'autant les territoires offensifs, les occasions de marquer seraient forcément plus nombreuses.

Évidemment, le problème ne sera pas corrigé dimanche. Dans ce contexte, la qualité du jeu défensif canadien, combinée aux performances de Carey Price, donne l'avantage aux joueurs de Mike Babcock.

Le Canada semble en bonne position pour défendre avec succès la médaille d'or olympique.