Peu avant midi, vendredi, les joueurs du Canadien terminaient leur entraînement à Brossard en bombardant les filets déserts de tirs frappés.

Un joueur semblait s'amuser encore plus que tous les autres: P.K. Subban. Chaque fois que son puissant tir atteignait la cible, il levait les bras comme s'il célébrait un but important.

Pour les partisans du Canadien, la scène était réconfortante. Même si son entraîneur l'a laissé sécher sur le banc, mercredi à Philadelphie, Subban conserve cet enthousiasme qui le caractérise.

Il ne faudrait pas que les décisions de Michel Therrien, toujours prompt à étaler publiquement les erreurs de son jeune défenseur, en viennent à miner cette fougue qui sert si bien le Canadien. Car le jour où Subban en aura assez de ce traitement, l'organisation aura un sérieux problème sur les bras.

Mais si l'on en croit Therrien, cette possibilité n'est pas dans les cartes. Lorsque je lui ai demandé vendredi s'il ne craignait pas de «perdre» Subban, c'est-à-dire de miner jusqu'au point de non-retour la nécessaire relation de confiance entre un entraîneur et son joueur étoile, sa réponse a été instantanée: «Absolument pas. Il n'y a aucun doute dans mon esprit. Je connais ma relation avec lui. Je sais exactement où on s'en va.»

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Conscient des critiques à son endroit depuis ce fameux match à Philadelphie, Therrien a bravé la tempête après l'entraînement. Conclusion: il ne modifiera pas son approche envers le numéro 76. Il est convaincu de contribuer à son développement de la bonne façon.

Comme je l'ai écrit vendredi, je n'en suis pas si certain. Le concept d'«équipe» défendu par Therrien est en soi une excellente chose. Mais derrière son approche, il se cache parfois des méthodes dignes d'une autre époque. Cela a d'ailleurs mal servi l'entraîneur du CH en 2009, lorsqu'il a été congédié par les Penguins de Pittsburgh.

Quand je lui ai mentionné que son attitude envers Subban me laissait une impression d'acharnement, Therrien a expliqué d'un ton posé, mais avec beaucoup de conviction, les raisons de ses décisions à son endroit.

La plus importante est certainement le fait qu'il impute directement à Subban le revers du Canadien au Colorado, le 2 novembre dernier. Il est très rare qu'un entraîneur se montre aussi cinglant à l'endroit d'un joueur en particulier.

Pourquoi cette sortie brutale? Selon Therrien, Subban manquait de concentration en début de saison. Malgré ses rappels à l'ordre, il a constaté que la situation ne changeait pas.

«Quand on a vu qu'il n'y avait pas de changements, on a décidé de faire une sortie pour attirer son attention, a-t-il dit. Et c'est à partir de ce moment que P.K. s'est mis à jouer du hockey! Il a porté son jeu à un autre niveau et fait plus attention aux détails.»

Sans ce virement de cap, selon Therrien, le gagnant du trophée Norris n'aurait pas mérité son laissez-passer pour Sotchi.

«Fie-toi à moi! m'a-t-il dit. S'il avait continué de jouer comme dans le premier mois et demi, pas sûr qu'il aurait été choisi. Et si j'avais gardé les bras croisés et fait le bon gars en lui disant «C'est beau, continue...», pas sûr qu'il aurait été récompensé avec sa sélection olympique. Et en me couchant le soir, je me serais dit que je n'avais pas fait ma job...»

L'entraîneur du CH ajoute qu'il est fier de la nomination de Subban au sein de la sélection olympique.

«Je l'ai félicité et lui ai dit: "Si tu es capable de rentrer dans ta valise l'expérience gagnée à côtoyer de grands athlètes, ça fera de toi un plus grand leader et un meilleur joueur".»

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Une autre explication de Therrien est lourde de sens. Il a indiqué que Subban avait «besoin d'encadrement pour bien performer».

Personne ne peut être contre le fait qu'un entraîneur et ses adjoints supervisent de près leurs joueurs et leur fournissent les outils pour s'améliorer. Mais la manière compte aussi.

Or, à l'heure actuelle, Subban fait figure de souffre-douleur du groupe. Comme s'il était toujours une recrue et que son trophée Norris n'était qu'un événement inusité, survenu trop tôt dans sa carrière.

Le danger pour le Canadien, c'est que la relation entre Therrien et Subban n'évolue pas. Que l'entraîneur le perçoive toujours comme un joueur avec un «beau potentiel», comme il l'a affirmé vendredi.

Le jeune homme est pourtant rendu beaucoup plus loin dans sa carrière. Il n'a pas seulement du potentiel, il fait déjà partie de l'élite de la LNH. Et avec Carey Price, il est l'un des deux piliers de la formation. Et même s'il joue à la défense, il occupe toujours le premier rang des pointeurs du Canadien à la mi-saison.

Voilà pourquoi Therrien joue gros avec lui. Diriger des vedettes exige un doigté particulier. Avec Subban, l'entraîneur choisit l'encadrement à la dure. Compte tenu du fait que les jeunes joueurs d'aujourd'hui ne peuvent être traités comme à une certaine époque, il s'agit là d'un pari risqué.

On verra si Therrien, manifestement très à l'aise avec ses choix, le remportera. Même s'il a clairement expliqué sa ligne de conduite vendredi, le chemin qu'il a choisi me semble toujours plein d'écueils.

Vive l'Australie

Si l'été vous manque, j'ai la solution pour vous. Dès demain soir, heure du Québec, les Internationaux de tennis d'Australie s'amorceront.

Les images en direct de Melbourne font toujours rêver. Et le tennis est évidemment sensationnel.

Pour ce premier tournoi majeur du calendrier, les enjeux sont nombreux. À surveiller: l'association de Roger Federer avec Stefan Edberg permettra-t-elle au champion suisse de prétendre au titre? Novak Djokovic profitera-t-il des conseils de Boris Becker?

On surveillera aussi avec plaisir les matchs de Milos Raonic, Vasek Pospisil et Eugenie Bouchard. Bref, les points d'intérêt sont très nombreux cette année.

Bon tennis!