L'Association des joueurs de la LNH a-t-elle vraiment à coeur la sécurité des joueurs sur la patinoire? Chose sûre, son intervention malavisée dans l'affaire Patrick Kaleta est troublante.

Une intervention gênante

Rappelons les faits. Le joueur des Sabres de Buffalo a été suspendu 10 matchs après avoir brutalement frappé un adversaire. L'Association, au nom de Kaleta, a porté la sanction en appel devant Gary Bettman. Après trois heures d'audition, où des témoins ont été interrogés, le commissaire a rendu une intéressante décision écrite de 17 pages.

En annexe, on retrouve la lettre dans laquelle l'Association explique ses motifs d'appel. Il s'agit d'une lecture révélatrice où ses représentants démontrent hors de tout doute leur absence totale d'intérêt pour la victime, Jack Johnson, des Blue Jackets de Columbus.

Or, Johnson est aussi membre de l'Association. Mais celle-ci n'hésite pas à lui attribuer une part du blâme dans son malheur.

L'adversaire de Kaleta, soutient-on sans mentionner son nom, a changé de position au dernier moment, ce qui a contribué au coup à la tête. On ajoute qu'il n'existe aucune base raisonnable pour affirmer que Kaleta aurait dû modifier son angle d'approche.

Ces arguments gênants illustrent combien la perte financière encourue par Kaleta, en raison de sa suspension, est beaucoup plus importante, aux yeux de l'Association, que les répercussions du coup à la tête reçu par Johnson.

Heureusement, Bettman a été direct dans sa décision, écrivant que Kaleta semble «indifférent» aux règlements destinés à protéger la tête des joueurs et qualifiant cette attitude de «mépris total».

En fait, lorsqu'on lit les propos du commissaire, on se demande pourquoi la LNH n'a pas suspendu Kaleta plus longtemps. Dix matchs pour pareil récidiviste, c'est bien peu.

La nouvelle convention collective permet aux joueurs de porter la décision du commissaire en appel devant un arbitre indépendant. Après avoir jonglé avec cette idée, l'Association l'a abandonnée. Tant mieux. Elle se serait déshonorée en poursuivant ce combat éthiquement déplorable.

Aussi longtemps que l'Association n'accordera pas à la sécurité physique des joueurs autant d'importance qu'à leur sécurité financière, les coups salauds se poursuivront.

Boston Strong!

Boston Strong, c'est le cri de ralliement des Bostoniens depuis l'explosion de deux bombes au marathon d'avril dernier. Ces mots illustrent la détermination de ses citoyens, qui ont montré du cran après cet acte de terreur.

Mercredi soir, lorsque les Red Sox ont remporté la Série mondiale, Boston Strong a résonné plus fort que jamais. C'était émouvant de voir l'équipe offrir un championnat à cette ville exceptionnelle. Les Red Sox n'avaient pas gagné le championnat devant leurs partisans depuis 1918.

À cette époque, les Red Sox alignaient Babe Ruth. Selon le réseau Fox, le coût moyen d'un billet était de 1,62 $, des pigeons voyageurs apportaient les résultats des matchs aux soldats, et les rencontres duraient en moyenne 1 heure et 50 minutes.

Cette semaine, le prix moyen d'un siège au Fenway Park a atteint 2056 $, et les rencontres de la Série mondiale se sont étirées pendant 3 heures et 30 minutes!

Cela dit, existe-t-il une meilleure ville de sport que Boston? Les Bruins, les Patriots et les Red Sox alignent presque toujours des équipes menaçantes.

Quant aux Celtics, ils montrent de l'audace, ayant embauché comme entraîneur un crack de 37 ans, Brad Stevens. Sans expérience chez les pros, il a cependant mené - contre toute attente - l'Université Butler à des performances étonnantes dans le basketball collégial.

Pas de boulot pour Jason Collins

La saison de la NBA prend son envol, et Jason Collins demeure sans travail. Souvenez-vous: au printemps dernier, il a dévoilé être homosexuel. «Je suis un centre de 34 ans dans la NBA. Je suis noir. Et je suis gai.»

Aucun joueur actif d'un sport professionnel nord-américain n'avait fait cette confidence auparavant. Collins espérait que cela ne l'empêcherait pas de trouver du boulot cette saison. Joueur autonome, il attend encore un appel.

La route vers l'égalité de traitement est encore longue.

PHOTO AGENCE FRANCE PRESSE

Jason Collins... sans travail.

Leiweke frappe fort

Je vous ai parlé jeudi de Tim Leiweke, le président de Maple Leaf Sport&Entertainment, qui a appuyé mardi le retour des Nordiques à Québec. Voilà un homme qui ne connaît pas la langue de bois.

Lors de cette allocution, Leiweke a aussi évoqué l'ancienne administration des Raptors de Toronto, l'équipe de la NBA dont il a maintenant la gouverne. Je n'ai pas souvenir d'avoir entendu un président se montrer si lapidaire à l'endroit de l'ancienne équipe de direction.

«Avec les jeunes joueurs canadiens admissibles au repêchage de juin dernier, nous aurions voulu avoir un choix. Mais nous n'en avions aucun. Zéro. Pensez-y une seconde: on n'a pas participé aux séries éliminatoires depuis plusieurs saisons et on n'a aucun choix au repêchage. Voilà qui est difficile à réussir. Voilà du bon travail!», a-t-il lancé, ironique.

Leiweke a ensuite rendu hommage aux nouveaux dirigeants des Raptors, nommés peu avant le repêchage. «Ils ont tout essayé pour obtenir un choix. À la fin de la journée, je me sentais mal. On venait d'envoyer à la guerre de jeunes et brillants gestionnaires avec comme seul arme un pistolet jouet, alors que leurs adversaires détenaient une bombe nucléaire!»

L'arrivée de Leiweke a donné des ambitions aux Maple Leafs, aux Raptors et au Toronto FC (Major League Soccer). Au point où le Globe and Mail a titré ainsi l'article rapportant ses propos de mardi: «''Championnat'' n'est plus un mauvais mot».