On s'entend tous là-dessus: le retour des Expos n'est pas pour demain. Et Montréal n'aura rien à prouver au baseball majeur lorsque les Blue Jays de Toronto et les Mets de New York s'affronteront au Stade olympique à l'occasion de deux matchs présaison les 28 et 29 mars prochain.

N'empêche que l'affaire s'annonce un succès. Six mois avant l'événement, plus de 40 000 billets ont été vendus! L'objectif de Paul Beeston, président des Blue Jays, est en voie de concrétisation.

«Si on attire un total de 50 000 personnes pour les 2 matchs, on sera très contents», m'a-t-il dit, la semaine dernière, lors de son passage à Montréal.

Ce seuil serait suffisant pour inciter Beeston à répéter l'expérience. «Si on nous invite...», a-t-il ajouté, en riant.

Si la tendance se poursuit, ces deux matchs réuniront des foules intéressantes. Les influents médias new-yorkais seront présents en raison de la participation des Mets. Ce bref retour du baseball majeur à Montréal constituera un angle intéressant pour leurs reportages. Une réussite résonnerait aux quatre coins de l'Amérique.

Bien sûr, cela n'augmenterait pas sur-le-champ les chances d'assister au retour des Z'Amours. En revanche, des assistances décevantes contribueraient à anéantir les espoirs des plus optimistes. Et le baseball majeur prendrait note de cet insuccès.

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Cela m'amène à vous parler du match de vendredi, à Québec, entre les Hurricanes de la Caroline et le Canadien. Cette visite de deux équipes de la LNH n'a pas entraîné de fébrilité.

Plusieurs excellentes raisons ont été évoquées pour expliquer ce détachement. Les Hurricanes forment une équipe terne; les rencontres présaison sont sans intérêt; les amateurs de Québec rêvent au retour des Nordiques, pas à un passage éclair du Canadien; le coût des billets - près d'une centaine de dollars pour un bon siège -, en a découragé plusieurs pour un match sans enjeu.

Dans des circonstances normales, j'estimerais ces arguments bien fondés. Mais voilà: à Québec, le contexte est particulier. La ville est en campagne électorale. Je ne parle pas de celle à la mairie, mais plutôt de cette lutte soutenue pour convaincre la LNH de redonner ses Nordiques à la capitale nationale.

Or, en campagne électorale, les salles doivent être pleines lors des grandes manifestations des partis politiques. Sur le plan de la perception, l'impact d'une assemblée réussie, avec des militants enthousiastes, vaut de l'or.

Pour les gens travaillant au retour des Nordiques, le match de vendredi avait valeur de grand rassemblement. C'était, après tout, la seule visite de la LNH à Québec cette saison. Remplir de chandails fleurdelisés les gradins à Uniondale pour un match des Islanders est très bien, mais il faut d'abord montrer son enthousiasme sur son propre territoire.

Depuis trois ans, Québec travaille fort pour montrer sa capacité à accueillir une équipe de la LNH. La construction du nouvel amphithéâtre en est la preuve éloquente. Mais les villes rivales sont agressives. Dans des discussions informelles, leurs représentants n'hésiteront pas à attaquer la candidature de Québec afin de promouvoir la leur.

Or, quel est le seul véritable point faible de Québec? Ce n'est ni la passion des amateurs, ni la quête d'un propriétaire intéressé, ni un manque d'appui des pouvoirs publics, ni un amphithéâtre moderne. Le seul élément de doute réside dans la grosseur du marché.

Dans la LNH, la mort des Nordiques en 1995 est bien documentée. Le projet de construire un nouveau Colisée a avorté, mais n'oublions pas que le vieil édifice n'était pas toujours rempli, même s'il ne comptait que 15 000 sièges. Lors de la dernière série éliminatoire contre les Rangers de New York, les bancs vides étaient nombreux.

Bien sûr, plusieurs équipes de la LNH attirent des foules modestes en matchs présaison. Mais elles ne sont pas en campagne électorale. Gary Bettman est plus exigeant pour les villes candidates.

Rappelez-vous: avant d'officialiser le transfert des Thrashers d'Atlanta à Winnipeg en 2011, le commissaire a exigé la vente de 13 000 abonnements saisonniers pour un terme minimal de trois ans! Rien de tout cela n'a été demandé lorsque les Coyotes de Phoenix ont été transférés à de nouveaux propriétaires en juin dernier.

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Je ne veux pas surestimer les conséquences du manque d'enthousiasme autour du match de vendredi. Mais Québec devra néanmoins être sur ses gardes et ne laisser aucune poigne à ses adversaires.

Il semble maintenant clair que la LNH favorise Seattle pour implanter une équipe. Gary Bettman et Bill Daly ont souvent été élogieux à propos de cette ville, où le projet de nouvel amphithéâtre demeure vivant. Selon une station de télévision locale, la LNH envisage même une expansion à Seattle dès la saison prochaine.

À Markham, le feuilleton se poursuit. Graeme Roustan convaincra-t-il le conseil municipal d'appuyer son projet de construction de nouvel édifice?

Chose sûre, depuis que le vice-maire de Markham a manifesté son intention de mettre fin à ces discussions, Roustan a redoublé d'efforts. Cette semaine, il a présenté un nouveau projet de financement qui, à son avis, limiterait le risque financier de la Ville.

Sans compter Kansas City, Las Vegas et Portland, dont les noms sont parfois mentionnés comme candidats potentiels...

Québec doit se montrer vigilant. Et réaliser que la LNH observe tous les développements avec attention. Même ceux concernant de banals matchs préparatoires.