Les dirigeants de l'Impact ont les yeux rivés sur les prévisions météo cette semaine.

Le match d'ouverture de la saison locale, prévu samedi à 16h au Stade olympique contre Toronto, sera disputé uniquement si aucune précipitation de neige ou de verglas n'est prévue durant l'événement. La décision finale sera prise vingt-quatre heures avant le coup d'envoi.

Pourquoi cette condition? Tout simplement parce que le dossier de la toiture du Stade n'est toujours pas réglé, plus de 14 ans après la déchirure de la toile survenue en janvier 1999!

Souvenez-vous: à la suite de cette rocambolesque affaire, l'enceinte principale a été fermée entre les 1er décembre et 31 mars pendant 10 longues années.

Puis, en février 2009, l'Impact a reçu l'autorisation de disputer un match de championnat international au Stade olympique. La Régie du bâtiment du Québec et le Service des incendies de Montréal ont néanmoins posé des exigences liées aux précipitations et aux accumulations de neige et de glace sur le toit, les câbles de suspension et la Tour.

Inutile de dire que si l'affrontement de samedi est reporté en raison d'une chute de neige, la nouvelle fera le tour de l'Amérique. Le but d'un toit, c'est de permettre la tenue de matchs en hiver, pas de provoquer leur remise!

Après le triste épisode du «Pastagate», Montréal paraîtrait de nouveau très mal. Suffit d'imaginer la réaction des 3000 partisans du Toronto FC attendus au match...

«On serait la risée, dit Richard Legendre, vice-président de l'Impact. Un risque comme celui-là ne devrait pas exister. Faut régler ce dossier. Montréal et le Québec ont besoin d'une installation comme le Stade olympique utilisable 12 mois par année.»

L'an dernier, l'Impact a amorcé son calendrier local le 17 mars, au Stade olympique, devant 60 000 spectateurs. La météo a collaboré. Richard Legendre est confiant que ce sera de nouveau le cas samedi.

* * *

Le gouvernement du Québec sait que l'incertitude à propos de la toiture du Stade olympique doit cesser.

«Nous discutons actuellement du dossier», explique Jean-François Lisée, ministre responsable de la région de Montréal. À son avis, une décision devrait être prise avant les vacances d'été.

Politiquement, la décision d'investir des dizaines de millions dans le remplacement du toit du Stade est risquée. Au moment où la crise étudiante se résorbe lentement et où de grands projets d'infrastructures sont retardés faute de fonds, cette dépense pourrait susciter des remous.

Cette question a interpellé Jean-François Lisée. Mais une visite au Parc olympique plus tôt cet hiver l'a rassuré. «J'ai été frappé par le nombre de projets envisagés pour l'utilisation du Stade, dit-il. La créativité n'a jamais été aussi présente. Et l'enthousiasme de l'équipe de direction est rafraîchissant.»

Une idée semble avoir particulièrement séduit le ministre Lisée: celle de créer des studios de télévision et de cinéma dans les grands espaces sous les gradins. Montréal souffre d'une pénurie à ce niveau, rappelle-t-il.

David Heurtel, le président du Parc olympique, explique que des «discussions sérieuses» sont en cours avec des producteurs.

«C'est un filon qu'on souhaite développer, dit-il. Des tournages ont déjà eu lieu au Stade, notamment des segments du dernier Bye Bye. Mais on aimerait miser sur des installations permanentes si on trouve le bon modèle d'affaires.»

Sur le plan sportif, le Parc olympique est en discussions avec le baseball majeur et la NFL dans l'espoir de présenter à Montréal des matchs pré-saison. Et au niveau des spectacles, de nouvelles configurations, permettant de créer des salles plus intimes, offrent des possibilités aux promoteurs.

* * *

Doter le Stade d'un nouveau toit est impératif pour en assurer la pérennité. Le rapport du groupe de travail dirigé par Lise Bissonnette l'a bien démontré. Et pour la première fois depuis les Jeux de 1976, on sent une énergie positive autour des installations olympiques.

Jean-François Lisée estime que le plan d'affaires proposé par la direction du Parc olympique comporte un élément intéressant: avec un nouveau toit, les installations s'autofinanceront. «C'est nouveau et porteur», dit-il.

Actuellement, la Régie des installations olympiques reçoit une subvention de fonctionnement d'environ 18 millions par année sur un budget de 41 millions.

Le 375e anniversaire de la fondation de Montréal, célébré en 2017, milite aussi en faveur d'une nouvelle toiture, croit Jean-François Lisée. «Plusieurs investissements ont été faits pour le 400e anniversaire de Québec en 2008. Là, c'est au tour de Montréal. Le compte à rebours de ce grand rendez-vous est important.»

Pour le développement de l'Est de Montréal, l'essor du Parc olympique est un atout, ajoute le ministre.

«La revitalisation de l'Esplanade du Stade est déjà un succès. Et avec l'arrivée du Planétarium et le développement d'Espace pour la vie, nous avons un pôle de développement touristique, économique et de quartier incontournable pour l'Est de Montréal. On doit le soutenir. La discussion sur le toit du Stade fait partie de ce cocktail.»

* * *

Il serait étonnant, et très regrettable, que le gouvernement mette fin à l'élan du Parc olympique en rejetant la construction d'un nouveau toit. En revanche, la question de sa mobilité demeure entière.

Un toit rétractable coûterait plus cher et serait techniquement plus complexe à construire. On connaîtra bientôt le choix du gouvernement Marois.

Mais pour l'instant, l'Impact et Richard Legendre continueront de scruter les prévisions météo du week-end. Ils trouveront sans doute du réconfort dans les analyses d'Environnement Canada: pour samedi, alternance de soleil et de nuages.