La saison dernière, 24 matchs ont suffi pour que le jeu mou du Canadien, combiné au désordre de la direction, m'inquiètent. J'ai alors titré une chronique: «Vers une saison catastrophique?»

C'était le 28 novembre 2011 et ma boule de cristal ne m'avait pas trompé. La déroute du Canadien a été complète.

Aujourd'hui, cette morosité fait place à l'espoir. D'où le titre de ma chronique d'aujourd'hui, clin d'oeil au chemin parcouru en moins de 15 mois.

Pour le Canadien, une saison magique ne signifie pas remporter la Coupe Stanley.

Mais si l'équipe suscite l'enthousiasme et nous redonne le goût de suivre les matchs, ce sera déjà une immense progression.

Je sais, le calendrier s'amorce à peine. Mais les deux dernières semaines ont été plus enthousiasmantes que toute la saison dernière!

Voici mon décompte des 10 bonnes raisons de croire à une saison magique où le plaisir, et peut-être une place en séries éliminatoires, seront au rendez-vous.

10 - Le court calendrier de 48 matchs

Une saison de hockey est habituellement un marathon. Cette année, il s'agit plutôt d'une course de demi-fond, où la cloche annonçant le dernier tour de piste sonnera très vite.

En connaissant un solide départ, le Canadien a mis de précieux points en banque. Cela diminuera la pression lorsque d'inévitables écueils surviendront.

Un mauvais début de saison, surtout avec le grand nombre de matchs au Centre Bell, aurait été inquiétant.

9 - Brendan Gallagher

Pourquoi Gallagher? Parce qu'il est prometteur et plein de fougue, évidemment. Mais surtout parce que sa présence illustre l'audace des nouveaux patrons.

Sous l'ancienne administration, Gallagher aurait sûrement été cédé à la Ligue américaine pour respecter le traditionnel principe de ne pas précipiter l'entrée d'un espoir dans la LNH.

Le Canadien d'aujourd'hui croit en ses jeunes joueurs et le démontre concrètement.

8 - Liberté de parole retrouvée

Quoi, ai-je bien vu? Jean-Jacques Daigneault invité à l'émission d'après-match à la télé? Et Patrice Brisebois sur le plateau de L'antichambre?

Un entraîneur adjoint et un responsable du développement des joueurs qui évoquent publiquement leur boulot, on n'a pas vu ça depuis longtemps chez le Canadien!

L'information a trop longtemps été contrôlée à l'excès. Comme si on croyait les collaborateurs du DG incapables de répondre à une question sans se mettre les pieds dans les plats.

Le Canadien compte sur de solides hommes de hockey. L'organisation ne doit pas les cacher. Cette ouverture bienvenue allège l'ambiance.

7 - P.K.: un retour dans l'harmonie

Le cas P.K. Subban était délicat pour Marc Bergevin. Une longue absence aurait nui à son évolution et aux chances du Canadien.

Mais le DG a bien joué ses cartes. Et P.K., un joueur flamboyant, est rentré au bercail dans de bonnes dispositions, même s'il n'a pas obtenu le contrat souhaité.

Avec Subban, le Canadien est une bien meilleure équipe.

6 - Gionta en capitaine

Dans la liste si impressionnante des capitaines du Canadien, le nom de Brian Gionta ne vient pas très haut.

Mais voilà qu'on sent davantage sa présence cette saison. Comme si les départs de Michael Cammalleri et Scott Gomez, eux aussi débarqués à Montréal avec de gros contrats en poche en 2009, lui permettent enfin de prendre toute sa place.

Les bonnes équipes sont souvent à l'image de leur capitaine. Si Gionta, bien remis de sa blessure de l'an dernier, continue de la sorte, son impact sera déterminant.

5 - Alex Galchenyuk

Quelle est la dernière fois où le Canadien a choisi, en première ronde, un attaquant si doué?

Je ne parle pas simplement d'un joueur de premier plan, comme Saku Koivu en 1993 ou Max Pacioretty en 2007, mais d'une future très grande vedette. D'un gars capable, si tout va bien, de devenir le leader incontesté du Canadien dans quelques années.

À première vue, Alex Galchenyuk semble posséder ce potentiel. Le surveiller sur la patinoire est déjà un plaisir.

4 - La concentration de Carey Price

Je me souviens encore de la confiance de Michel Therrien lorsque le lock-out a pris fin. Le court calendrier ne l'effrayait pas. «Dans un contexte comme celui-là, le gardien de but compte pour beaucoup. Et on en a un bon!», m'avait-il expliqué.

Price connaît un excellent début. Mon collègue Pierre Ladouceur, un fin connaisseur, écrivait hier à quel point sa concentration, un élément qui lui faisait défaut à ses débuts dans la LNH, s'était améliorée.

Price fait partie de l'élite des gardiens de la LNH.

3 - L'impact de Marc Bergevin

J'ai consacré ma chronique de vendredi dernier à Marc Bergevin. Inutile de répéter ici à quel point son impact métamorphose le Canadien. Cet homme était prêt à prendre la direction de l'équipe.

Bergevin possède les qualités pour devenir le meilleur directeur général du Canadien depuis Serge Savard, le dernier à avoir mené l'équipe à la Coupe Stanley.

Sa connaissance approfondie du hockey, son leadership et sa capacité à s'entourer de collègues forts comptent parmi ses atouts. Sans compter sa manière de gérer les relations humaines.

2 - Le «nouveau» Michel Therrien

Le retour de Michel Therrien derrière le banc du Canadien a suscité quelques inquiétudes au printemps dernier. Mais jusqu'à maintenant, il mène très bien sa barque.

Le «nouveau» Michel Therrien a manifestement gagné en expérience et en maturité. Il utilise ses jeunes joueurs avec finesse. Et derrière le banc, on sent toute son énergie. Le Canadien n'a pas eu un entraîneur si expressif depuis longtemps.

Le prochain test pour Therrien: comment réagira-t-il lorsque l'équipe perdra quelques matchs d'affilée?

1 - Le retour d'Andrei Markov

Michel Therrien ne s'est pas trompé en qualifiant Markov de «général». Jusqu'à maintenant, c'est lui qui donne le ton à la saison du Canadien.

On revoit le Markov des belles années, avant que de sérieuses blessures au genou ne stoppent son élan. Habile avec la rondelle, son sens du hockey est inouï.

Pour que le Canadien connaisse du succès, Markov doit conserver la santé. Le plan de match réside en bonne partie sur ses épaules.

Conclusion: il est trop tôt pour dire si le Canadien participera aux séries éliminatoires. Tous les amateurs le souhaitent.

Mais le plus important, c'est que l'équipe progresse. Et qu'elle rompt de manière décisive avec l'ambiance lourde des dernières années.

Retrouver le plaisir du hockey, pour les amateurs comme pour les joueurs, constituerait déjà une saison magique. À l'organisation de relever le défi.