Joe Flacco n'a pas manqué de culot, au printemps dernier, en déclarant être le meilleur quart-arrière de la NFL.

«Bien sûr que je le crois, a-t-il dit, dans une entrevue mémorable à une station de radio de Baltimore. Je ne connaîtrais pas beaucoup de succès si je n'avais pas cette attitude, n'est-ce pas?»

Bravo pour la pensée positive! N'en reste pas moins que dans une ligue alignant des passeurs comme Peyton Manning, Tom Brady, Drew Brees et Aaron Rodgers, tous vainqueurs du Super Bowl, Flacco a semblé un brin arrogant.

Sa performance au cours des séries éliminatoires montre cependant que Flacco avait vu juste. Le grand numéro 5 des Ravens a été l'inspiration des siens, hier, contre les 49ers de San Francisco. Il a pleinement mérité le titre de joueur par excellence du Super Bowl et fait désormais partie de l'élite de la NFL.

Mais Flacco et les Ravens l'ont échappé belle. Lorsqu'ils ont pris les devants 28-6 sur le premier jeu du troisième quart, un retour de botté de 108 verges, on croyait l'affaire entendue. Mais la NFL nous réserve toujours des surprises.

Qui aurait cru que celle d'hier prendrait la forme d'une panne d'électricité de 30 minutes, qui a plongé une partie du Super Dome dans le noir? Ce répit a manifestement servi de déclencheur aux 49ers, qui ont retrouvé beaucoup d'énergie lorsque les lumières ont été rouvertes.

Leur jeune quart Colin Kaepernick, souvent perdu en première demie, a retrouvé ses moyens. Et il est venu près de conduire les siens à un formidable retour. La défensive des Ravens a cependant tenu le coup sur la dernière série offensive des 49ers. Du beau travail!

De cette rencontre formidable, je tire deux conclusions. D'abord, les Ravens n'ont pas reçu tout le mérite qui leur revient au cours des dernières semaines. Ils étaient considérés comme négligés contre les Broncos, les Patriots et les 49ers. Ils ont remporté tous ces matchs.

John Harbaugh est moins flamboyant que son frère Jim, mais il est aussi un grand entraîneur.

Ensuite, les 49ers sont très solides. Et ils demeureront une force de la NFL durant plusieurs années.

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Qui a provoqué la plus grosse controverse dans les jours précédant le Super Bowl? Randy Moss en s'autoproclamant meilleur receveur de l'histoire? Pas du tout! C'est Barack Obama qui a secoué l'establishment de la NFL.

«Je suis un gros fan de football, a-t-il dit au magazine New Republic. Mais si j'avais un fils, j'y penserais longtemps avant de le laisser jouer.

«Ceux qui, comme moi, aiment ce sport, devront accepter qu'il change peu à peu afin de réduire la violence. Ça le rendra peut-être moins excitant mais ce sera beaucoup mieux pour les joueurs. Et nous, les fans, on n'aura peut-être pas besoin d'examiner autant nos consciences.»

Reconnaissant le caractère brûlant de ce dossier, la NFL a annoncé deux initiatives dans l'espoir de diminuer les conséquences dramatiques des commotions cérébrales.

Ainsi, la saison prochaine, un neurologue indépendant examinera sur-le-champ un joueur frappé à la tête. L'avis de ce spécialiste supplantera-t-il celui du médecin de l'équipe, s'ils ne sont pas d'accord sur la pertinence d'un retour immédiat au jeu?

L'Association des joueurs le souhaite. Selon un sondage interne, 78% des membres consultés ne font pas confiance au personnel médical de leur équipe. Ce taux inquiétant illustre la relation ambiguë entre les joueurs et la direction de la NFL.

Ensuite, selon le New York Times, le commissaire Roger Goodell a conclu un accord avec General Electric, qui fabrique des appareils sophistiqués de recherche. La collaboration de ce géant de l'industrie bonifiera les connaissances sur les blessures au cerveau. Parallèlement, la firme tentera d'améliorer les casques protecteurs.

De son côté, l'Association des joueurs de la NFL versera 100 millions en 10 ans à l'Université Harvard afin d'étudier la santé des joueurs.

Barack Obama a montré du cran en dénonçant, de manière subtile mais sans équivoque, les coups toujours plus durs sur les terrains. Historiquement, les présidents des États-Unis ont plutôt chanté les louanges de ce sport.

Et pendant ce temps, demandez-vous, que font la Ligue nationale de hockey et ses joueurs pour lutter contre les commotions cérébrales? Aux dernières nouvelles, ils ont formé un comité pour étudier la question. Ça promet, n'est-ce pas?

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J'ai bien cru que l'affrontement d'hier commencerait avec une heure de retard tellement Alicia Keys a mis du temps à interpréter l'hymne national des États-Unis. Superbe performance, bien sûr, mais qui a fait mal à plusieurs parieurs!

Au Super Bowl, on peut en effet miser sur un nombre invraisemblable de propositions. Une des plus bizarres consiste à prédire en combien de secondes sera chanté le Star Spangled Banner.

Cette année, vous deviez décider si Alicia Keys prendrait plus ou moins de 135 secondes pour compléter l'hymne. Sa version a duré 156,4 secondes, un record du Super Bowl! Selon le USA Today, la marque précédente, 152 secondes, avait été établie par Natalie Cole en 1992.

Peut-être que l'an prochain, les imaginatifs experts de Las Vegas proposeront un nouveau pari: quelles sont les chances qu'un bris électrique retarde le Super Bowl?

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Ce fut une merveilleuse soirée de football. Oui, la panne de courant a retardé l'affaire. Mais le match, lui, a été électrique. C'est tout ce qui compte.