Arrogance, mépris et menaces: le plan de match de Gary Bettman durant le lock-out a miné le prestige de la LNH. Le conflit est terminé, mais personne n'a le goût de sabler le champagne.

Confrontés à l'attitude belliqueuse des propriétaires, les joueurs ont mené un combat honorable. Ils n'ont pas cédé à l'intimidation. Et même si la nouvelle convention collective constitue une énorme victoire patronale, avec des gains majeurs en ce qui concerne le partage des revenus, la structure des contrats et le plafond salarial, ils peuvent rentrer au travail la tête haute.

Ce lock-out, on le savait depuis un an, était inévitable. En novembre 2011, lorsque les joueurs de l'Association nationale de basketball (NBA) ont accepté une diminution de 7% de leur part des revenus de l'industrie, il était clair que la LNH rechercherait une concession identique.

Voilà pourquoi ce n'est pas le déclenchement du lock-out qui a été choquant, mais plutôt sa durée.

Bettman était à la recherche d'un affrontement bien plus que d'une solution. Il s'est conduit comme un homme du passé, incapable de comprendre que les joueurs, bien informés, ne succomberaient pas à la panique.

Leur comportement a ébranlé Bettman. Le 6 décembre, après 11 semaines de conflit, les nombreuses concessions déjà arrachées aux joueurs ne le satisfaisaient toujours pas. Il avait encore faim. Mais soudain, ses vieux trucs ont cessé de fonctionner.

Ce jour-là, Bettman a tenté un dernier coup d'éclat pour effrayer les joueurs. Il a stoppé des échanges prometteurs entre un groupe de propriétaires et eux, avant de cracher son fiel en conférence de presse.

La lèvre frémissante, Bettman a perdu la maîtrise de lui-même. Il a affirmé que la ligue avait «donné, donné et donné encore», une véritable aberration. Puis, il a juré que certains aménagements proposés par les propriétaires étaient désormais retirés de la table de négociations.

Son adjoint, le suave Bill Daly, a ensuite entaché sa crédibilité en utilisant le vocabulaire d'un général d'armée. «C'est la colline sur laquelle nous mourrons», a-t-il dit, en jurant que les contrats des joueurs seraient limités à cinq saisons.

Tout cela constituait évidemment du mauvais théâtre. On sait aujourd'hui que les aménagements proposés font partie de l'entente de principe qui, par ailleurs, fixe à... sept saisons la durée maximale des contrats.

Bettman croyait-il vraiment effrayer les joueurs avec des menaces aussi farfelues? Comme l'impression qu'il a confondu les frères Donald et Steve Fehr avec les conseillers municipaux de Glendale, en Arizona, toujours prêts à inonder de millions les Coyotes de Phoenix à la moindre rumeur de déménagement.

Trois semaines plus tard, Bettman a soumis une offre plus sérieuse. Et les joueurs, moins dogmatiques que lui, ont accepté de négocier sur cette base. Cela a conduit à un règlement.

La saison commencera néanmoins un mois trop tard, peut-être deux. Bettman et les propriétaires sont les seuls responsables de ce délai additionnel.

À mon collègue Marc Antoine Godin, le défenseur du Canadien Josh Gorges a dit hier: «La ligue va probablement le nier, mais nous savions qu'elle étirerait cela jusqu'en janvier...»

Hélas, les faits donnent raison au défenseur du Canadien.

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Dans ce contexte, comment croire que Bettman représente l'homme de l'avenir pour la LNH?

Est-il le candidat idéal pour permettre au circuit de s'extirper de la gadoue où le conflit l'a enlisé?

Peut-il proposer une vision d'avenir stimulante? Est-il en mesure de créer une ambiance où tous les acteurs travailleront ensemble à l'essor de l'industrie?

Profite-t-il d'une crédibilité suffisante auprès des joueurs, des amateurs et des partenaires d'affaires pour lancer des projets prometteurs?

Le 1er février, Bettman célébrera son vingtième anniversaire à la tête du circuit. C'est un très long mandat. Trop long.

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Pendant plusieurs années, Bettman a accompli un boulot remarquable. Il a professionnalisé les opérations de la LNH, imposé un plafond salarial, développé de nouvelles sources de revenus, bâti une stratégie numérique et augmenté le retentissement du circuit.

En revanche, sa performance au cours des deux dernières années n'a pas été convaincante. Pensons, par exemple, au dossier des commotions cérébrales.

Pendant plusieurs mois, le commissaire a minimisé leur importance, se cachant derrière de nébuleuses statistiques internes. Il a mis en doute les motifs de spécialistes établissant des liens entre les coups répétés à la tête et une maladie dégénérative du cerveau. En clair, malgré quelques initiatives modestes, la LNH n'a toujours pas de plan pour lutter contre ce fléau.

Sur le plan de la localisation des équipes, l'interminable saga des Coyotes de Phoenix constitue un oeil au beurre noir pour le commissaire. Et son absence totale d'enthousiasme lorsque les Thrashers d'Atlanta ont déménagé à Winnipeg indique qu'il a mal évalué le potentiel de marchés plus modestes au Canada.

Enfin, sa gestion du dernier conflit, où il a insulté les joueurs à plus d'une reprise, a montré qu'il est incapable de moderniser son approche.

Pour le bien de la LNH, Gary Bettman doit laisser sa place avant la fin de l'année 2013. Le circuit a besoin d'un nouveau leadership.

Subban: gros défi pour Bergevin

Le Canadien veut participer aux séries éliminatoires. Dans un calendrier aussi court, la marge d'erreur de l'équipe est mince. Un mauvais départ entraînerait des conséquences regrettables.

Voilà pourquoi le Canadien doit compter sur ses meilleurs éléments dès le premier match. Voilà pourquoi P.K. Subban est dans une position idéale pour négocier.

Marc Bergevin devra se montrer adroit pour régler ce dossier. Si l'affaire traîne, elle deviendra une source de distraction. Ce ne serait pas la meilleure façon d'amorcer cette drôle de saison.