Twitter! Cent quarante caractères pour informer, opiner et divertir. Mais aussi un danger potentiel pour les personnalités publiques, notamment les sportifs, qui appuient parfois sur la touche d'envoi sans réfléchir aux conséquences de leur message.

Parlez-en à Adam van Koeverden, l'un des meilleurs kayakistes de sa génération. Porte-drapeau de l'équipe canadienne aux Jeux de Pékin en 2008 et détenteur de quatre médailles olympiques, ce jeune homme incarne le côté noble du sport.

Mais voilà qu'un regrettable message Twitter, mis en ligne dans la fébrilité du championnat universitaire canadien de football le mois dernier, a écorché sa réputation.

Le kayakiste a exprimé son dégoût pour l'Université Laval de Québec, qui affrontait ce soir-là son alma mater, l'Université McMaster.

L'affaire lui a valu de nombreux rappels à l'ordre. Il s'est morfondu en excuses, sûrement sincères, mais le mal était fait.

Comme tant d'autres avant lui, van Koeverden a mal saisi le caractère public des messages Twitter. Il croyait simplement appuyer son équipe et amuser ses amis. Il a plutôt plongé tête première dans une controverse.

Des incidents semblables ne sont pas l'exception. L'année 2012 a été particulièrement faste à cet égard.

Dans la NFL, les 49 ers de San Francisco ont suspendu le demi offensif Brandon Jacobs pour le reste de la saison après qu'il se fut plaint de ses patrons sur les réseaux sociaux.

Jacobs a tenté d'amoindrir la virulence de ses propos dans des messages subséquents, mais Twitter pardonne rarement.

Les athlètes devraient méditer ce conseil que leur avait adressé Glen Constantin en marge de l'affaire van Koeverden. Dans une entrevue au Soleil, l'entraîneur du Rouge et Or de l'Université Laval avait dévoilé sa consigne aux joueurs: «Pense avant de peser sur send».

Voilà un bon tuyau! En moins de 140 caractères, par-dessus le marché...

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Au-delà de ses périls, Twitter demeure un formidable outil. En gérant bien sa liste d'abonnements, on accède à des sources variées et crédibles d'information.

Au point de vue de la rapidité, Twitter n'est battu que par la retransmission en direct. Lors des grands événements, des journalistes expédient sur-le-champ les derniers développements. Et des liens vers les articles les plus significatifs sont vite transmis. Comme fil de presse sur mesure, celui-là est imbattable.

En sport comme dans les autres secteurs, Twitter a bouleversé la couverture traditionnelle. Pensez au conflit dans le hockey. Twitter est si présent qu'on se demande parfois comment les journalistes ont couvert celui de 2004-2005 avant son émergence.

Ainsi, au début du mois, le moindre développement dans la rencontre de trois jours entre les propriétaires et les joueurs, à New York, a été relayé dans la seconde. L'impact sur les deux parties, attentives à tous ces messages, n'est pas négligeable. Twitter leur permet de voir si leur ligne de communication fonctionne bien.

Parfois, Twitter amuse. Durant cette séance de pourparlers, les journalistes ont été intrigués par le retrait, puis la remise en place du podium de la LNH dans une salle de conférence. Cela présageait-il une annonce? Le podium, comme les feuilles de thé, cachait-il une information secrète?

Quelques minutes plus tard, un esprit coquin a créé un compte Twitter intitulé «@NHLPodium». En quinze minutes, des milliers de personnes s'y sont abonnées! «@NHLPodium» a lancé quelques blagues sur les négociations avant de se taire à jamais.

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En 2012, Twitter est devenu incontournable dans le monde du sport. Les organisations, les médias, les journalistes, de nombreux joueurs et agents alimentent régulièrement leur compte, ajoutant directement leur voix au débat.

Ce phénomène a capté l'intérêt des chercheurs. Deux professeurs des universités Baylor et Clemson ont étudié l'impact de Twitter sur les athlètes collégiaux américains.

Ils ont découvert que certains d'entre eux consultent leur compte presque sans arrêt, parfois même durant la mi-temps d'un match. Une de leurs motivations est de savoir ce qu'on dit d'eux. Sur Twitter, les commentaires sont souvent très critiques et ces jeunes gens sont rarement prêts à y faire face.

Conclusion des chercheurs: les universités, qui mettent déjà en garde les athlètes contre la rédaction de messages inappropriés, devront aussi leur apprendre à gérer les commentaires Twitter sur leurs performances.

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Lance Armstrong a souvent utilisé Twitter avec adresse pour se défendre des accusations de dopage.

Mais bizarrement, une photo qu'il a lui-même mise en ligne lui a fait perdre une couche supplémentaire de son capital de sympathie.

En novembre dernier, peu après avoir été trouvé coupable de dopage par l'Agence américaine antidopage, Armstrong a écrit ce message sur Twitter: «De retour à Austin, je me repose un peu...»

Sur la photo accompagnant ces quelques mots, on le voit étendu sur un long divan, contemplant ses sept maillots jaunes accrochés à un mur de sa résidence.

L'arrogance est rarement une bonne défense. Et Armstrong s'est enfoncé un peu plus dans la boue.

Les plus offensants messages Twitter de l'année, par des sportifs, sont cependant ceux de Voula Papachristou, une Grecque spécialiste du triple saut, et de Michel Morganella, un Suisse joueur de football.

Les deux athlètes ont été exclus des Jeux olympiques de Londres après avoir publié des remarques à caractère raciste à l'endroit de citoyens d'autres pays. La sanction, une première dans les annales olympiques, a été rapide et exemplaire.

Twitter est désormais un acteur de premier plan sur la scène du sport. La tendance ira en s'accentuant en 2013. Souvent pour le meilleur, mais parfois pour le pire.

(Sources de l'étude: phys.org et The Chronicle of Higher Education)