De quoi parlerait-on ce matin si le lock-out n'avait pas stoppé les activités de la LNH?

Du but spectaculaire de P.K. Subban contre les Flames de Calgary hier soir au Centre Bell? De l'extraordinaire début de saison de Sidney Crosby? De la montée en force des jeunes Oilers d'Edmonton?

Hélas, le sujet de conversation serait peut-être moins joyeux.

Comme dans la NFL cette semaine, les commotions cérébrales seraient peut-être à l'ordre du jour. Ce fléau menace plus que jamais la carrière des athlètes.

Dimanche, trois quarts-arrières vedettes de la NFL sont tombés au combat, victimes d'un choc à la tête: Michael Vick, des Eagles de Philadelphie, Jay Cutler, des Bears de Chicago, et Alex Smith, des 49ers de San Francisco.

Vick est le plus mal en point. Sa commotion est sérieuse et sa saison, sans doute terminée. Quant à Smith et à Cutler, les analyses se poursuivent.

Ironiquement, les Bears visiteront les 49ers dans le match du Monday Night Football, lundi prochain, à San Francisco. Devant un auditoire national, la pression sera forte pour que les deux quarts-arrières endossent l'uniforme. D'autant plus que leurs équipes connaissent une excellente saison.

Heureusement, des voix s'élèvent pour inciter la NFL à la prudence. La suggestion de David Haugh, journaliste du Chicago Tribune, est appropriée: «La Ligue devrait instituer une nouvelle politique: par mesure préventive, tout joueur qui ne termine pas un match en raison d'une commotion cérébrale n'aurait pas le droit de participer à la rencontre suivante.»

Dans la NFL, les blessures du week-end dernier ont relancé le débat à propos des commotions cérébrales.

Dans la LNH, on ignore à quel moment le lock-out sera levé. Mais après le retour au jeu, ce sujet fera de nouveau les manchettes.

C'est aussi certain que le passage des saisons.

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Depuis l'ouverture des négociations en juillet dernier, la LNH et l'Association des joueurs ont surtout évoqué les questions d'ordre financier: partage des revenus, durée des contrats, acquisition de l'autonomie...

Les enjeux liés à la sécurité des joueurs n'ont pas provoqué de débat de fond. Pourtant, comme dans toute convention collective où les travailleurs sont à risque, ces questions doivent être examinées.

L'année 2011 a été sévère sur le plan des commotions cérébrales. La longue absence de Sidney Crosby a mis le problème en lumière. D'autres joueurs ont été victimes de cette blessure grave: Claude Giroux, Kristopher Letang, David Perron, Marc Savard, Francis Bouillon...

La LNH a réagi en instituant un protocole afin d'encadrer le retour des blessés sur la patinoire. C'est un pas en avant. Mais beaucoup de pistes, qui aideraient à mieux cerner le phénomène, n'ont pas été explorées à fond.

Par exemple, le renforcement de certains règlements diminuerait-il le nombre de commotions cérébrales? L'équipement est-il adéquat? La vitesse du jeu est-elle en cause? Les protocoles auxquels les médecins sont soumis peuvent-ils être améliorés?

La LNH et les joueurs réfléchissent déjà au problème des commotions cérébrales. Mais un comité devrait étudier sérieusement la perspective d'implanter une politique de tolérance zéro à l'égard des coups à la tête, comme dans le hockey amateur canadien.

La Ligue et les joueurs devraient aussi se pencher sur l'opportunité d'interdire les bagarres, une source évidente de commotions.

Mais ne rêvons pas en couleur. Ce n'est pas demain que la LNH militera en faveur de la disparition des coups de poing sur la gueule. Des sondages ont démontré leur popularité, notamment auprès des partisans américains.

Et la direction du circuit, Gary Bettman en tête, continuera d'exprimer des doutes sur les recherches scientifiques établissant un lien entre ces coups à la tête et la dégénérescence du cerveau.

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La conclusion d'une convention collective sera l'occasion d'un nouveau départ pour la LNH.

Malheureusement, ses seuls effets seront économiques. Les joueurs toucheront une part réduite des revenus du circuit. Et les équipes riches transféreront plus d'argent à celles dans le besoin. Pour le reste, on verra.

En 2004-2005, le lock-out a également entraîné une refonte du modèle d'affaires avec la création du plafond salarial. Mais le conflit a aussi mené à des changements sur le plan sportif, comme l'adoption des tirs de barrage et l'autorisation des passes franchissant deux lignes.

Cela explique pourquoi les amateurs ont retrouvé leur sport avec plaisir. Tous ces changements, du plafond salarial aux nouveaux règlements, ont été positifs.

Malheureusement, on ne verra pas le même enthousiasme cette saison si l'affaire finit par se régler. Ce conflit laissera des traces.

Comme Mathieu Darche, je crois néanmoins qu'il est possible qu'une entente survienne à temps pour amorcer un calendrier de 66 matchs le 1er décembre.

Pour cela, un accord doit être conclu au plus tard le 24 novembre. Il reste encore une dizaine de jours.

C'est un laps de temps suffisant. Mais uniquement si la LNH met de l'eau dans son vin en réduisant ses demandes en ce qui concerne les contrats des joueurs. Et que ceux-ci acceptent de perdre une partie de leur salaire en raison du lock-out.

Mais peu importe la suite des choses, la LNH aura raté l'occasion de réfléchir à la question des coups à la tête au cours des derniers mois. Et comme on l'a vu dans la NFL cette semaine, ce problème demeure entier.

Les commotions cérébrales sont l'enjeu oublié de cette négociation.