Des liens intrigants existent entre plusieurs présidents des États-Unis et le sport. En attendant les résultats du grand match électoral d'aujourd'hui, voici quelques histoires étonnantes.

Le golfeur : Dwight D. Eisenhower

Président de 1952 à 1960, Dwight D. Eisenhower était passionné de golf. Son parcours de prédilection: Augusta National, où est présenté le Tournoi des Maîtres.

Après son accession à la présidence, une résidence fut construite à son intention sur la propriété du club. Eisenhower s'y rendait le plus souvent possible, n'appréciant pas l'ambiance de Washington.

Un jour, Eisenhower provoqua un malaise lors d'une réunion des directeurs du club. Il suggéra de couper un magnifique pin bordant l'allée du 17e trou. Cet obstacle lui occasionnait des difficultés. La proposition ne fut pas retenue, même si elle venait du président des États-Unis. Augusta a toujours tenu à son indépendance.

À la Maison-Blanche, Eisenhower fit construire un vert de pratique dans les jardins. Il pratiquait aussi ses coups roulés dans le bureau ovale. Selon la légende, John F. Kennedy fut étonné de voir autant de marques de crampons sur le plancher lorsqu'il succéda à Eisenhower.

En huit années à la présidence, Eisenhower aurait joué... 800 rondes de golf!

Le joggeur : Jimmy Carter

Politicien plutôt effacé du sud des États-Unis, Jimmy Carter causa une surprise en remportant la nomination démocrate et l'élection présidentielle en 1976.

Humaniste, animé de valeurs chrétiennes, Carter n'avait pas d'atomes crochus avec le sport. Mais il aimait jogger.

En septembre 1979, portant le dossard numéro 39, Carter participa à une course de 10 kilomètres réunissant 1000 joggeurs près de Washington. Au milieu de l'épreuve, tenue sur un parcours accidenté, il fut saisi d'un malaise et vint près de s'effondrer au sol. Les agents des Services secrets se précipitèrent à sa rescousse. Carter ne termina pas la course.

Une heure plus tard, son état jugé satisfaisant, Carter remit le trophée au gagnant. Mais la photo du président au bord de l'épuisement, le visage hagard, accentua son image de faiblesse à une époque où les Etats-Unis étaient plongés dans plusieurs crises.

Ce jour-là, l'activité préférée de Jimmy Carter se retourna contre lui.

En 1980, il fut battu par Ronald Reagan.

Le visionnaire : Franklin Delano Roosevelt

Roosevelt, président de 1932 à 1945, n'était pas un amoureux des sports. Mais il comprenait leur importance dans la vie du peuple américain.

En janvier 1942, un mois après l'attaque de Pearl Harbor et l'entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, le commissaire du baseball, Kenesaw Mountain Landis, lui écrivit une lettre.

«Nous nous apprêtons à mettre des joueurs sous contrat, à organiser les camps d'entraînement et à adopter le calendrier régulier, indiqua Landis. Voulez-vous qu'on poursuive dans cette direction?»

Deux jours plus tard, FDR répondit au commissaire: «Je crois sincèrement qu'il est préférable pour le pays que le baseball maintienne ses activités. Les gens travailleront plus fort que jamais. Cela signifie qu'ils auront besoin de distractions».

Roosevelt précisa n'émettre qu'une opinion personnelle. Les dirigeants du baseball devaient prendre la décision, expliqua-t-il.

Fort de l'appui présidentiel, le commissaire lança la saison 1942. Et les matchs de baseball eurent lieu durant toute la guerre.

Le propriétaire d'équipe : George W. Bush

En 1988, après l'élection de son père à la présidence des États-Unis, George W. Bush retourna au Texas en se demandant quoi faire du reste de sa vie. Il apprit alors que le propriétaire des Rangers du Texas, de la Ligue américaine de baseball, envisageait la vente de son équipe.

W. mit alors sur pied un groupe d'investisseurs. La transaction fut conclue quelques mois plus tard. Dans ses mémoires, l'ancien président raconte à quel point il a apprécié cette vie dans le baseball. Il assistait à une soixantaine de matchs des Rangers par saison, en plus de faire de nombreuses tournées de promotion.

«J'ai appris à créer un lien avec l'auditoire et à transmettre un message clair, écrit-il. J'ai aussi acquis une expérience utile en répondant aux questions difficiles des journalistes, surtout à propos de notre chancelante rotation des lanceurs.»

Bref, sans son passage dans le sport professionnel, George W. Bush ne serait peut-être pas devenu président des États-Unis en 2000. Satané baseball!

George W. Bush empocha un profit de 14 millions en vendant ses actions en 1998. Selon le New York Times, il se montra aussi intéressé par le poste de commissaire du baseball avant de devenir gouverneur du Texas.

L'athlète : Gerald Ford

De tous les présidents des États-Unis, Gerald Ford a sûrement été le meilleur athlète. Au début des années 1930, il a été un excellent joueur de football avec les Wolverines de l'Université du Michigan.

À la fin des années 60, avant de succéder à Richard Nixon, Ford en menait déjà large en politique à titre de leader des républicains au Congrès. Il avait le don d'exaspérer le président démocrate Lyndon Johnson.

Un jour, commentant une déclaration de Ford, Johnson lança: «C'est ça qui arrive quand vous jouez trop longtemps au football sans casque...»

Le comédien : Ronald Reagan

Jeune homme, Ronald Reagan était un excellent nageur et gagnait son argent de poche comme sauveteur.

Plus tard, il décrivit des matchs des Cubs de Chicago à l'antenne de petites stations de radio de l'Iowa. Il n'était pas au stade et se fiait plutôt aux informations fournies par le télégraphe pour décrire la rencontre aux auditeurs!

Le principal lien de Reagan avec le sport est le résultat de sa carrière de comédien. Dans le film Knute Rockne, All American, il interprète le rôle de George Gipp, un jeune joueur de football sur le point de mourir et qui demande à son entraîneur de gagner un match pour le «Gipper».

Ce surnom deviendra ensuite celui de Ronald Reagan.

L'amateur de sports : Barack Obama

Le lendemain de son élection, en 2008, Barack Obama s'est rendu au travail avec une casquette des White Sox de Chicago vissée sur la tête. Sur le site web de l'équipe, Obama est surnommé: «First Fan», soit «premier partisan».

Obama aime le football, le basketball et le baseball. Mais il suit aussi l'actualité du hockey. Il a ainsi commenté avec force le lock-out dans la LNH à l'émission de Jay Leno, le mois dernier.

Un récent article de Politico.com expliquait comment les conseillers d'Obama ont notamment misé sur son intérêt pour le sport lors de la campagne électorale. Ils ont ainsi accentué le contraste entre Mitt Romney et lui.

Même s'il a dirigé avec succès l'organisation des Jeux d'hiver de Salt Lake City en 2002, le candidat républicain n'est pas un amateur de sports.

Sur ce, bonne soirée des élections à tous!

Sources: PBS; The New York Times; Politico.com; Golf Week; Augusta National Guide Book; autobiographie de George W. Bush; biographie de Dwight D. Eisenhower par Michael Korda.