Le prochain entraîneur de l'Impact est mieux d'être un type flexible, prêt à accepter les recommandations de Joey Saputo, Nick De Santis, Alessandro Nesta et Marco Di Vaio. Sinon, son séjour au sein de l'organisation sera aussi court que celui de Jesse Marsch.

Après une saison jugée décevante par la haute direction, Marsch a compris qu'il ne serait pas libre de diriger l'équipe à sa guise en 2013. Ses alliés au sein de l'administration l'ont abandonné et les avis de ses joueurs-vedettes pesaient désormais plus lourd que les siens.

Mercredi dernier, Joey Saputo et Nick De Santis ont dressé le bilan de cette campagne initiale en MLS. Le malaise a été évident lorsqu'il a été question de Marsch. Les deux patrons n'ont pas été généreux dans leurs commentaires à son endroit.

Avec le recul, on comprend que les relations entre Marsch et la direction ont pris une mauvaise tournure dès le printemps dernier. La première controverse est survenue à propos de Patrice Bernier.

Joey Saputo et Nick De Santis n'ont pas compris pourquoi Marsch l'a gardé sur le banc au début du calendrier. Au bout du compte, le joueur québécois a connu une saison exceptionnelle.

On peut évidemment en conclure que Marsch a mal évalué son potentiel. Mais peut-être a-t-il poussé Bernier à se dépasser en étant exigeant à son égard. Dans une situation semblable, la vérité est souvent complexe. Dans l'esprit de Saputo, Marsch a cependant commis une erreur.

«Comme fan, j'ai été patient. Et je me suis restreint dans mes commentaires. Mais j'avais raison de vouloir Patrice sur le terrain», a-t-il dit, mercredi.

Homme fier, doté de convictions profondes, Marsch n'était pas prêt à obéir aux ordres venus de haut. Dans ces conditions, une séparation à l'amiable était la meilleure solution.

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En août 2011, Jesse Marsch a été le choix de l'Impact en raison de son expérience en Major League Soccer. Il connaît cette ligue comme le fond de sa poche. Joey Saputo et Nick De Santis estimaient que son expertise les aiderait à naviguer dans ces eaux inconnues.

Un an plus tard, ces deux passionnés de soccer veulent mener la barque à leur guise, ce qui est leur droit le plus légitime.

Le départ de Marsch n'en demeure pas moins un pari risqué. Il a accompli un solide travail à la barre d'une équipe d'expansion. Réunir en un tout cohérent des joueurs issus d'équipes différentes représente un casse-tête. D'autant plus que plusieurs d'entre eux n'étaient pas exactement des vedettes.

Les meilleurs joueurs de l'Impact, souvent des gars vieillissants, ont été ralentis par des blessures. Et l'arrivée de Marco Di Vaio, contrairement aux espoirs de Saputo, n'a pas métamorphosé l'équipe. Si sa concentration a été minée par l'enquête tenue en Italie sur des matchs truqués, ce n'est tout de même pas la faute de Jesse Marsch.

Mais compte tenu de sa réputation, et surtout de son salaire frôlant les deux millions par saison, Di Vaio en a vite mené très large au sein de l'organisation. «Il est un ami de l'entraîneur», m'a dit Joey Saputo, mercredi, lorsque je lui ai parlé des liens entre les deux hommes.

En manifestant si souvent son impatience envers ses coéquipiers sur le terrain, Di Vaio n'a certes pas rendu service à Marsch. L'équipe a semblé désunie.

Quant à Nesta, sa feuille de route lui a valu beaucoup d'influence. Joey Saputo a d'ailleurs répété sa fierté, mercredi, de le voir conclure sa carrière dans le maillot de l'Impact.

Di Vaio et Nesta sont des personnalités fortes. Samedi, lorsque j'ai demandé à Jesse Marsch si ses relations avec eux expliquaient en partie son départ, il a répliqué: «Je ne commenterai pas».

La phrase est tombée comme une confirmation. Si ses liens avec les deux vedettes italiennes avaient été solides, Marsch l'aurait simplement dit. La réponse n'aurait rien eu de controversé.

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Jesse Marsch a commis des erreurs cette saison. L'Impact a mal terminé plusieurs matchs, ce qui a soulevé des doutes sur la condition physique des joueurs.

Et une fois les chances d'accéder aux séries éliminatoires évaporées, l'équipe a manqué de dynamisme. Cela n'a pas aidé l'entraîneur. N'en reste pas moins que la saison a été excitante et qu'une partie du mérite lui revient.

Sur le plan personnel, Marsch a représenté dignement l'organisation et affiché un grand respect envers les partisans. Comme tant d'autres entraîneurs et joueurs avant lui, il a promis d'apprendre le français en débarquant à Montréal. Avec cette différence: il a tenu parole.

S'il fallait que le prochain coach ne parle pas le français, ou ne l'apprenne pas aussi vite que son prédécesseur, l'Impact perdra une partie de son capital de sympathie.

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Joey Saputo et Nick De Santis ont clairement énoncé leur objectif pour la saison 2013: une participation aux séries éliminatoires.

La haute direction croit que le départ de Marsch représente un jalon pour atteindre ce but. C'est un jeu dangereux.

Pour le succès du soccer à Montréal, souhaitons que l'opération soit une réussite.

Mais à première vue, elle semble marquer le début d'une période d'impatience et d'instabilité.