C'était beau de voir les joueuses de l'équipe canadienne de basketball après le match d'hier.

Malgré un revers de 91-48 contre les Américaines, elles conservaient, avec raison, la tête haute. Après tout, qui aurait misé sur leurs chances de vaincre ces redoutables adversaires?

«Contre les États-Unis, on aurait eu besoin de l'aide des dieux du basket...», a lancé l'attaquante Lizanne Murphy.

Cette défaite sans appel, qui les a éliminées du tournoi, ne donne pas la juste mesure de leur aventure olympique. D'autant plus qu'aux Jeux d'été, le Canada et les sports d'équipe ne font pas bon ménage. Il faut reculer en 1936 pour retrouver les traces de la dernière médaille!

Murphy et ses coéquipières ont tout de même atteint les quarts de finale, un véritable exploit après avoir obtenu à l'arraché leur qualification.

«C'est néanmoins la fin d'un rêve, a ajouté Murphy, émue. On formait un groupe très spécial. Des filles prendront leur retraite, d'autres seront remplacées par des plus jeunes... C'était notre dernier match ensemble. J'espère que le Canada est fier de nous. On n'a pas beaucoup de sous, pas beaucoup d'aide, mais on a bataillé jusqu'au bout.»

Les Américaines, plus rapides, plus précises et mieux financées, dominent le basketball féminin. Certaines d'entre elles empochent plus d'un million par saison avec des clubs européens. Rien à voir avec les revenus d'une joueuse comme Murphy, qui a touché quelques milliers de dollars par mois au cours des dernières saisons.

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À Londres, les joueuses de soccer et de basketball sont les seules représentantes du Canada en sports d'équipe traditionnels. Aucune formation masculine n'a réussi le coup. Ni en hand-ball, ni en volleyball, ni en basket, ni en water-polo...

Lizanne Murphy, qui a grandi à Beaconsfield, explique ainsi la réussite de son groupe: «Au basket, nous voulions changer les choses. On rêvait de participer aux Jeux. On a décidé de jouer pour l'équipe nationale chaque année, pas seulement lorsqu'un tournoi international se prépare.»

L'été, entre les saisons de leurs équipes respectives, les joueuses se sont entraînées dans des gymnases d'école. «Ce n'était pas une de vie de luxe, mais on a démontré notre engagement», explique Murphy, qui ne regrette pas ses choix.

«Le sport d'équipe, c'est magique, ajoute-t-elle. Tu te fais des amies pour la vie. J'espère que des jeunes Canadiennes voudront jouer au basket et démontreront que nous ne sommes pas seulement un pays de hockey. On a aussi les filles du soccer qui jouent tellement bien. C'est le temps que les sports d'équipe progressent au Canada.»

Les joueuses de basket entretiennent des liens d'amitié avec celles de soccer. Lundi soir, elles ont eu le coeur brisé en regardant à la télé la défaite cruelle de leurs camarades. Lizanne Murphy, par exemple, connaît bien Rhian Wilkinson, une autre Montréalaise.

«On a traversé les mêmes obstacles, explique Murphy. Je connais les défis que Rhian et les autres filles de soccer ont relevés. Notre chemin pour atteindre les Jeux olympiques a été semblable. C'était triste de voir le résultat de leur match lundi. Mais je sais qu'elles gagneront la médaille de bronze.»

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Christine Sinclair et ses coéquipières nous ont fait vivre un grand moment de sport, lundi, à Manchester.

Malgré l'opiniâtreté de la défensive américaine, Sinclair a marqué trois fois et inscrit son nom dans l'histoire sportive canadienne.

À TSN, aucune compétition olympique n'a attiré autant de spectateurs depuis le but gagnant de Sidney Crosby contre les États-Unis, en finale des Jeux de Vancouver!

Des milliers de jeunes trouveront une inspiration dans la performance de Sinclair et de ses coéquipières. Ça sert aussi à ça, les Jeux olympiques.

L'intérêt suscité par ce match illustre la montée en flèche de la popularité du soccer au Canada.

En 2015, la Coupe du monde féminine sera disputée au pays. Des rencontres seront présentées à Montréal. Le maire Gérald Tremblay rêve que la finale soit disputée au Stade olympique. Mais la concurrence de Vancouver, avec son BC Place rénové au coût d'un demi-milliard, sera vive.

En prévision de ce grand rendez-vous, le Canada organisera un an plus tôt la Coupe du monde féminine des moins de 21 ans. Ces deux événements internationaux arrivent au bon moment.

Déjà, près de 900 000 joueurs sont affiliés à Soccer Canada. Les femmes représentent plus de 40 p. cent de ce nombre. Et même si les jeunes Québécoises participent à cet élan, elles demeurent sous-représentées au sein de la sélection nationale.

«J'espère que nos performances augmenteront le profil de notre équipe au Québec», dit l'arrière Marie-Ève Nault, qui a disputé un solide match contre les Américaines, lundi. «Nos filles ont du talent! Les francophones peuvent obtenir une place et vivre un rêve comme le mien.»

En sports d'équipe, ce sont les filles qui ont donné le ton à la délégation canadienne à Londres. On verra si les gars seront capables de les imiter en vue des Jeux de Rio en 2016.

Photo: PC