«Enfin, on a notre médaille!»

La ronde d'entrevues à peine terminée, leur médaille de bronze autour du cou, Roseline Filion et Meaghan Benfeito sont parties à pleine vitesse. Elles avaient hâte de retrouver leurs parents derrière le Centre aquatique.

C'est là, sous le ciel nuageux de cet après-midi londonien, que les accolades ont eu lieu.

Les yeux mouillés de bonheur, Marc et Hélène Filion ont longuement serré Roseline dans leurs bras. La jeune femme, spontanément, a tendu à sa mère la gerbe de fleurs reçue sur le podium. Deux pas plus loin, Arthur et Margie Benfeito étreignaient Meaghan. Un moment fort, beau et émouvant.

Autour d'eux, les gardiens de sécurité invitaient les spectateurs qui s'étaient attardés à quitter au plus vite le terrain du complexe. Touchés par ce tableau inhabituel, ils ont laissé aux deux familles le temps de s'embrasser.

«C'est extraordinaire! a lancé M. Filion, employé de Bombardier Aéronautique. Roseline voulait tellement gagner cette médaille avec Meaghan. Et elle réussit à Londres, une ville qu'elle adore.»

Pour les Filion et les Benfeito, ce moment magique a consacré des années d'efforts. À des milliers de kilomètres de la maison, sur la plus grande scène du sport international, Roseline et Meaghan ont atteint leur objectif. Elles sont désormais médaillées olympiques.

«Je fête mes 50 ans aujourd'hui, a dit M. Benfeito, facteur à Postes Canada. C'est tout un cadeau! Réussir une performance comme celle-là aux Jeux olympiques, c'est fantastique.»

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Avant le dernier plongeon du duo québécois, Meaghan Benfeito a regardé le tableau d'affichage. Contrairement à Roseline, elle aime savoir où sa partenaire et elle se situent durant une compétition.

«Je connaissais notre avance sur la quatrième place, a expliqué Meaghan. J'ai dit à Roseline que si on entrait dans l'eau avec une belle ligne verticale, on monterait sur le podium. On était en plein contrôle. Nos plongeons étaient de plus en plus solides.»

Roseline a ajouté: «Lorsque notre troisième place a été confirmée, on a eu la même réaction: enfin! Enfin, on a une médaille!»

Les deux jeunes femmes, passionnées de plongeon depuis qu'elles sont toutes petites, se connaissent depuis l'adolescence. Elles font équipe en synchro depuis sept ans. En 2008, aux Jeux de Pékin, elles ont été déçues par leur septième place.

À Londres, elles visaient le podium. La médaille de bronze remportée par Jennifer Abel et Émilie Heymans au tremplin de 3 mètres, dimanche, a aiguisé leur motivation.

«Jenn et Émilie ont brisé la glace, a dit Roseline. Le soir, lorsqu'elles sont revenues au Village des athlètes, on a regardé leur médaille. Et on s'est dit qu'on irait en chercher une nous aussi! Leur exemple a été super inspirant.»

La compétition a été excitante. Sans surprise, les Chinoises Wang Hao et Chen Ruolin, impériales, se sont distancées de leurs rivales dès le deuxième saut. Mais la lutte pour l'argent et le bronze est demeurée serrée jusqu'à la fin entre les Mexicaines (2e), les Québécoises (3e) et les Australiennes (4e).

Devant moi, dans les gradins, Marion Farissier, plongeuse de l'équipe de France, hurlait à pleins poumons à chaque arrivée de Meaghan et Roseline sur le tremplin: «Allez, les filles!»

Ces encouragements étaient très sympathiques.

Vous connaissez bien Roseline et Meaghan?

Oui, a répondu Marion. On a fait deux stages à Montréal au cours des derniers mois. Et on s'entend super bien avec elles. Chez nous, les structures de plongeon ne sont pas aussi développées. C'est magnifique ce que Roseline et Meaghan viennent d'accomplir. C'est l'aboutissement d'un travail dur.»

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Roseline Filion et Meaghan Benfeito ont toutes deux perdu un être cher au cours des derniers mois.

Le grand-père de Roseline conservait dans des albums toutes les coupures de presse concernant la carrière de sa petite-fille. Il était sans doute son fan numéro un.

Quant à l'oncle de Meaghan, il avait fabriqué à l'intention des deux plongeuses de gros anneaux olympiques après les Jeux de Pékin, parce que, comme il le disait, elles étaient devenues des «olympiennes».

«On a passé à travers cette période ensemble, explique Roseline. Nous avons été là l'une pour l'autre. Ça nous a encore rapprochées.»

Meaghan ajoute: «Ç'a été une période très difficile. Mais mon oncle, comme le grand-père de Roseline, aurait voulu qu'on continue à tout donner. Et c'est ce qu'on a fait. Cette médaille va aussi à eux».

Roseline en est convaincue: pendant que Meaghan et elle s'élançaient du tremplin de 10 mètres, hier, «des anges dans le ciel» étaient avec elles.

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Pour Roseline et Meaghan, le synchro n'est pas seulement sur le tremplin. Entre les plongeons, elles écoutent la même musique, partageant une paire d'écouteurs. «Ç'a toujours été de même: chacune une oreille!», dit Meaghan, qui a fait le choix musical d'hier: du reggaeton.

L'énergie de cette musique les met de bonne humeur et convient bien à leur personnalité. Roseline et Meaghan aiment la vie. Elles semblent toujours avoir un sourire accroché au visage. «Rire, c'est ce qu'on fait de mieux», confirme Meaghan.

Vraiment? Avouez, les filles, que vous n'êtes pas trop mal en haut vol, à partir d'un tremplin de 10 mètres!