Le Comité olympique canadien (COC) lance aujourd'hui une initiative publicitaire intrigante. Sous le slogan «Tout donner», cette campagne multimédia mettra en vedette 31 des meilleurs espoirs du pays en vue des Jeux de Londres.

Le renforcement du lien émotif entre le public et les Olympiens constitue un des objectifs visés. «On souhaite que les gens aient une meilleure compréhension de l'engagement de nos athlètes», explique Derek Kent, chef du marketing du COC. «Leur histoire pourra inspirer les jeunes.»

Montréalais d'origine, Derek Kent a longtemps travaillé chez Nike avant d'accepter une offre du COC. L'expertise acquise au sein de cette entreprise innovante, qui a révolutionné le marketing sportif, le sert bien dans ce projet.

Si les médias traditionnels (journaux, affichage et télévision) seront utilisés dans cette campagne, l'accès sera résolument mis sur les médias sociaux.

Le COC, qui ne nous avait pas habitués à tant de modernisme, espère que le projet connaisse du retentissement sur Twitter, Facebook et YouTube. En plus des affiches, des vidéos du réalisateur Henry Lu raconteront le cheminement de plusieurs Olympiens.

«On veut bâtir sur la lancée des Jeux de Vancouver», ajoute Derek Kent, qui espère que les jeunes partageront et commenteront les vidéos.

Le COC souhaite que cette campagne publicitaire, financée en grande partie par des contrats d'échanges de services, contribuera à augmenter son nombre de partenariats corporatifs. La stabilité du financement des athlètes constitue en effet une priorité de l'organisme. Le lien étroit entre le niveau des investissements et la récolte de médailles a été clairement démontré à Vancouver.

La recherche et le développement, tout comme la qualité de l'encadrement, jouent un rôle prépondérant dans le succès des athlètes. Mais soutenir la concurrence internationale coûte cher. En augmentant la visibilité des athlètes, le COC espère rehausser leur notoriété.

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Émilie Heymans et Jennifer Abel comptent parmi les athlètes mis en valeur dans cette campagne publicitaire. Hier, à la piscine du Parc olympique, elles ont remporté la médaille d'or dans l'épreuve du 3 mètres synchro lors de la Coupe Canada de plongeon.

À moins de trois mois des Jeux de Londres, Émilie et Jennifer sont confiantes même si elles savent que les Chinoises Minxia Wu et Zi He seront très difficiles à vaincre.

«Rien n'est impossible, mais ça nous prendra la perfection!» lance Émilie, en rappelant que leurs rivales sont aussi les deux meilleures au monde au plan individuel.

Si Jennifer est, à toutes fins utiles, aussi qualifiée pour la compétition en solo, ce n'est pas le cas d'Émilie. Pamela Ware, une athlète de 19 ans originaire de Greenfield Park, est en nette progression. Une compétition en Floride le week-end prochain, ainsi que les essais olympiques à la fin du mois au parc olympique, feront la différence entre les deux plongeuses.

«Pour moi, c'est un peu un retour dans le passé, explique Émilie. J'ai vécu cette situation en 2000 lorsque j'ai assuré ma place à la toute fin du processus.»

Pamela, de son côté, espère simplement aligner les bonnes performances. Elle ne cache pas son stress même si elle semble en parfaite maîtrise d'elle-même sur le plongeon. «Je me croise les doigts», dit-elle. Ce week-end, elle a remporté la médaille d'argent au 3 mètres. Mais son nombre de points ne lui a pas permis de distancer Emilie Heymans dans la course à la qualification olympique.

Cette lutte de tous les instants est révélatrice des efforts nécessaires pour participer aux Jeux olympiques. En ce sens, l'offensive publicitaire du COC est bienvenue. Elle rappellera les défis auxquels font face les athlètes.

«Je m'entraîne six jours par semaine, explique Jennifer Abel. En plus du plongeon, je fais de la musculation et du ballet. C'est sûr qu'il faut faire des sacrifices pour se qualifier en vue des Jeux. J'ai 20 ans et je commence à découvrir ce que j'aime à l'extérieur du sport. J'ai l'impression que mes amies qui ne sont pas athlètes sont plus avancées que moi à ce chapitre!»

Cela dit, Jennifer a apprécié la séance de tournage. Elle souhaite faire carrière en communications et ne rate aucune chance de diversifier ses expériences dans ce secteur. «La vidéo est vraiment cool...» dit-elle.

Émilie Heymans voit un autre avantage à cette campagne publicitaire. «Plus on parle de sport amateur aux jeunes, plus ça les incitera à découvrir et à pratiquer de nouvelles disciplines. Et si ça peut ultimement aider les fédérations sportives à améliorer leur financement, ce sera tant mieux.»

Sylvie Bernier sera chef de mission adjointe de l'équipe canadienne aux Jeux de Londres. Médaillée d'or en plongeon à Los Angeles en 1984, elle est heureuse que les athlètes olympiques soient de plus en plus connus. Malgré la force d'attraction du sport professionnel, l'époque où on ne parlait d'eux qu'à tous les quatre ans semble révolue.

«Nous, on sait ce que représentent ces milliers d'heures d'entraînement, dit-elle. Cette campagne publicitaire illustre bien la nature de ces efforts. Si ça touche les gens, tant mieux.

«Pour les athlètes, c'est toujours réconfortant de savoir que les amateurs vivent la fébrilité olympique avec eux. Ça leur procure une grande énergie, comme s'il y avait un joueur de plus avec eux.»

Sylvie Bernier ne le cache pas: elle aurait aimé que des initiatives semblables existent à son époque.

«Tu sais, c'est spécial un entraînement en vue des Jeux olympiques. Tu t'entraînes 350 jours par année, mais tout est pensé en fonction du jour de ta compétition. Même lorsque tu es en congé, tu es obnubilée par ton alimentation ou le risque d'une blessure. À ce niveau, la campagne publicitaire permet de voir l'entraînement dans sa solitude.»

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Depuis que Vancouver a obtenu l'organisation des Jeux d'hiver de 2010, le sport olympique est en reconstruction au Canada.

Le succès du programme À Nous le Podium, jumelé au renouveau au sein du Comité olympique canadien, permet d'envisager l'avenir avec un certain optimisme.

On pourra mesurer bien assez tôt le succès de cette campagne publicitaire. N'en reste pas moins qu'à prime abord, l'initiative est intéressante. Les athlètes olympiques offrent un grand spectacle, comme la compétition de plongeon du week-end l'a rappelé.

Mettre leur passion en lumière constitue un bon coup.

Photo: PC

Émilie Heymans et Jennifer Abel ont remporté la médaille d'or à l'épreuve du 3 mètres synchro de la Coupe Canada de plongeon, hier.