Combien coûterait la modernisation du Stade olympique? Non, je ne parle pas uniquement de l'installation d'un nouveau toit, mais d'une rénovation en profondeur. Comme celle du BC Place de Vancouver, où sera disputé le match de la Coupe Grey dimanche.

Le Stade olympique est vétuste. Aucune amélioration n'y a été apportée depuis 1999 lorsque le toit s'est fissuré, provoquant ainsi sa fermeture chaque hiver depuis 12 ans. Pour vous donner une idée du retard accumulé, les loges corporatives ont enfin été munies de téléviseurs à écran plat à l'automne, peu avant le match éliminatoire des Alouettes!

Ma visite au Stade ce jour-là m'a rappelé le triste état de ce bel édifice. Pour le rendre de nouveau attrayant, il faudrait optimiser l'éclairage et la sonorité, poser un tableau indicateur contemporain, retaper les concessions alimentaires, rafraîchir les déambulatoires et restaurer les vestiaires. Sinon, même avec un nouveau toit, le Stade ne deviendra pas instantanément un atout dans la recherche d'événements rentables pour Montréal.

À ces travaux majeurs, une mise à niveau technologique s'impose: fibre optique, écrans numériques et bornes wi-fi, comme à Vancouver. Si la Régie des installations olympiques (RIO) veut attirer des foires commerciales de classe mondiale, et présenter des manifestations sportives et culturelles de qualité, il s'agit d'une nécessité.

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Alors, quelle serait la facture d'un projet si ambitieux? Je l'ignore. En revanche, je sais qu'à Vancouver, 563 millions ont été investis pour donner une deuxième vie au BC Place, un stade de 54 500 sièges.

Pour les milliers de Québécois intéressés par l'avenir du Stade olympique, l'expérience de Vancouver fournit des parallèles intéressants. Là-bas aussi, des gens ont proposé de démolir le BC Place, où les cérémonies d'ouverture et de fermeture des Jeux d'hiver de 2010 ont eu lieu.

Des promoteurs immobiliers rêvaient de construire des condos dans ce secteur en développement. Mais cette suggestion a été écartée. Le gouvernement de la Colombie-Britannique, sans un seul dollar d'Ottawa, a plutôt redonné vie au grand stade.

Après 18 mois de travaux, le BC Place a rouvert ses portes le 30 septembre dernier lors d'un match des Lions, de la Ligue canadienne de football. «L'objectif était de roder les opérations en prévision de la Coupe Grey, explique Howard Crosley, directeur général de l'édifice. Ce grand match fournit une belle occasion de mettre en valeur le stade entièrement rénové.»

L'élément principal du nouveau BC Place est un toit rétractable, qui s'ouvre en 20 minutes. Il remplace la structure fixe et gonflable en place depuis la construction du stade en 1983.

«Nous devions remplacer le toit, dit M. Crosley. Nous avons opté pour une nouvelle technologie. La partie amovible couvre la surface du terrain de football. Les sièges sont protégés en tout temps.»

Des 563 millions investis, 240 millions ont été affectés au toit. «Une structure fixe n'aurait pas été beaucoup plus économique, soutient M. Crosley. Un toit amovible nous aidera à attirer des événements durant l'été. Nous visons 240 jours d'occupation par année.»

Un attrait du «nouveau» BC Place est l'installation de rideaux masquant, au besoin, les gradins du deuxième niveau. Une ambiance intimiste est ainsi créée lorsque les 54 500 sièges ne sont pas nécessaires. Les Whitecaps de Vancouver, de la Major League Soccer, utilisent cette configuration.

L'expérience client a aussi été entièrement revue: tableau indicateur, sonorité, éclairage, restauration... À Vancouver, même les critiques du projet reconnaissent que la transformation du stade est une réussite.

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David Heurtel, président de la RIO, sait que le Stade a besoin d'être retapé. Mais il ne se fait pas d'illusion. À Montréal, contrairement à Vancouver, on procédera étape par étape. La première: finaliser le dossier du toit.

«Tout commence avec le nouveau toit, dit-il. Une fois réglé, nous reverrons l'expérience client en trouvant du financement innovateur. Nous voulons créer des partenariats avec l'entreprise privée.

«Il faudra prioriser des zones d'amélioration. Si on présente un plus grand nombre d'événements, on utilisera une partie des revenus pour procéder à des modernisations.»

Au printemps prochain, la RIO fera sa recommandation pour le nouveau toit du Stade. Tant que ce dossier ne sera pas attaché, les perspectives de développement demeureront en suspens.

Souhaitons que la RIO et Infrastructures Québec optent pour un toit rétractable, le souhait de la Ville de Montréal et de Sports Québec. Le choix d'un toit fixe constituerait à mon avis une erreur. Ce toit installé, un travail colossal restera néanmoins à accomplir pour relancer le Stade.

Les Alouettes et l'Impact ont emménagé dans des stades mieux adaptés à leurs besoins. On les comprend. N'empêche que pour le Stade olympique, il s'agit d'un gros handicap en comparaison de Vancouver, où les Lions et les Whitecaps sont demeurés fidèles au BC Place, qui peut ainsi compter sur une trentaine de matchs par année.

En attendant la suite des choses à Montréal, on regardera le match de la Coupe Grey, en direct du magnifique BC Place, nouvel orgueil de Vancouver.