Les Coyotes de Phoenix constituent la plus belle prise dont puisse rêver Québec pour réintégrer la Ligue nationale de hockey. Hélas, les efforts d'un homme nommé Greg Jamison pourraient contrecarrer ce plan.

Ancien président des Sharks de San Jose, Jamison est à la tête d'un groupe intéressé à acheter les Coyotes afin qu'ils poursuivent leur aventure dans le désert.

Son profil n'a absolument rien en commun avec celui de Mathew Hulsizer, cet homme d'affaires de Chicago, peu familier avec le hockey professionnel, et qui voulait obtenir sur un plateau d'argent cette concession l'hiver dernier.

Dans les bureaux de la LNH à New York, Jamison jouit d'une réputation sans tache. Il connaît l'industrie du hockey à fond et a aligné les réussites durant son séjour de 13 saisons à San Jose, où il était également propriétaire minoritaire.

Son entrée en scène a réjoui le conseil municipal de Glendale, la ville de banlieue où est situé l'amphithéâtre des Coyotes, et qui aura pompé 50 millions de fonds publics en deux ans pour conserver l'équipe au Jobing.com Arena. Au quotidien The Arizona Republic, deux membres de ce conseil ont affirmé que la vente des Coyotes pourrait être conclue à la fin de l'année.

Cet optimisme s'explique de deux façons. D'abord, vendredi dernier, la ville de Glendale a confirmé, par communiqué, l'abandon du projet d'émettre des obligations au montant de 100 millions afin de financer la transaction. C'est justement cette idée qui avait provoqué la colère de l'Institut Goldwater. La campagne de ce groupe de pression a stoppé net et sec la vente des Coyotes à Hulsizer. Cette voie écartée, les chances que l'Institut Goldwater accorde sa bénédiction sont plus élevées.

Ensuite, la renommée de Jamison constitue un atout dans la recherche de partenaires. Le magazine Forbes lui a consacré un article élogieux il y a deux ans. William Daly, l'adjoint de Gary Bettman, déclarait: «L'organisation des Sharks représente un modèle dans la manière d'utiliser une équipe de hockey pour créer d'autres occasions d'affaires».

Si Gary Bettman était prêt à s'allier à Hulsizer pour sauver le hockey à Phoenix, on peut être sûr qu'il fera tout en son pouvoir pour aider Jamison à atteindre son objectif.

Cela dit, la situation économique aux États-Unis demeure inquiétante et les investisseurs sont nerveux. Cela compliquera la tâche de Jamison. Il n'achètera pas seul l'équipe. Sa fortune n'est pas celle du magnat du pétrole Terry Pegula, qui s'est offert les Sabres de Buffalo plus tôt cette année.

Il n'en reste pas moins que pour la première fois en deux ans, l'optimisme est au rendez-vous chez les Coyotes.

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Ces événements ne devraient pas miner le moral des partisans du retour des Nordiques. Les Coyotes ne sont pas les seuls canards boiteux de la LNH. Et il n'est pas dit que le plan de sauvetage de Jamison, s'il se concrétise, résistera à l'usure du temps. L'Arizona n'est tout simplement pas un bon marché pour la LNH.

Québec a donc du temps devant elle. D'autant plus que le nouvel amphithéâtre ne sera pas disponible avant l'automne 2015. Il serait étonnant qu'une équipe de la LNH s'installe dans l'ancien Colisée dès l'automne 2012. Les pertes seraient colossales. Une période d'une saison, au maximum deux, serait plus logique.

Cela dit, plusieurs étapes devront être franchies avant d'en arriver là. La première est la signature du contrat de gestion du nouvel amphithéâtre entre la ville de Québec et Quebecor Media. Au quotidien Le Soleil, le maire Labeaume a confirmé son souhait de conclure l'affaire au plus tard le 7 septembre. Le dernier sprint de négociations s'annonce intéressant.

Ainsi, le maire Labeaume exigera-t-il que Quebecor Media s'engage à conserver l'équipe à Québec durant 20 ans si elle obtient une concession de la LNH? Dans l'espoir d'obtenir de nouveaux amphithéâtres, les proprios des Oilers d'Edmonton et des Islanders de New York ont pris des engagements semblables.

La Ville de Québec sera-t-elle représentée au sein de l'organisme sans but lucratif assurant la gestion de l'amphithéâtre ou en laissera-t-elle l'entière responsabilité à son partenaire? En commission parlementaire, le député Eric Caire a posé des questions intéressantes à ce sujet.

Un mécanisme d'arbitrage sera-t-il instauré si des désaccords surviennent quant au bail des Remparts et aux 30 jours «communautaires» destinés notamment à la tenue du tournoi pee-wee?

Quelle influence aura Quebecor Media pendant la construction de l'édifice? Rappelons que l'entreprise ne fera aucun versement avant 2015, mais participera à titre consultatif à tous les comités mis sur pied pour mener le projet à bien.

Et si Québec devait obtenir une concession de la LNH avant l'ouverture du nouvel amphithéâtre, qui assumera la facture des travaux nécessaires pour rendre le Colisée actuel conforme aux normes de la LNH?

Bref, les questions demeurent nombreuses. Pas étonnant que M. Labeaume ait prévu plusieurs heures de négociations.

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Une fois signé le contrat de gestion entre la Ville de Québec et Quebecor Media, ce qui devrait normalement se faire sans incident, le controversé projet de loi 204, destiné à blinder juridiquement l'entente, reviendra à l'avant-plan de l'actualité.

Cela donnera manifestement lieu à d'autres débats.

Photo: Reuters

L'optimisme est de retour chez les partisans des Coyotes de Phoenix depuis l'entrée en scène de Greg Jamison, à la tête d'un groupe intéressé à acheter l'équipe.