C'est l'heure du bulletin de notes.

Sujet de l'examen: la réaction des décideurs à la violence dans le sport.

Note de passage requise: 60%.

Critères d'évaluation: volonté de reconnaître le problème, capacité d'être un agent de changement et actions concrètes pour trouver des solutions.

La Ligue nationale de football: 90%

Aux prises avec un dur conflit de travail, on comprendrait les dirigeants de la NFL d'oublier les enjeux liés au sport afin de se concentrer sur la relance des pourparlers.

Mais non. Dans la NFL, la sécurité des joueurs constitue une priorité. Une autre preuve en a été donnée lorsque le commissaire Roger Goodell a confirmé que le circuit modifiera sans doute dès la semaine prochaine le règlement du botté d'envoi. Celui-ci sera donné cinq verges plus loin de façon à réduire le nombre de retours, une source importante de blessures.

Dans une courte période de cinq mois, il s'agira du deuxième changement significatif aux règlements. En octobre dernier, la NFL a gonflé les amendes pour coups illégaux. L'effet dissuasif a été immédiat. En 2011, des suspensions seront décrétées.

Pendant ce temps, dans la LNH, on forme des comités de travail.

Geoff Molson: 85%

Moins de 24 heures après que la LNH eut blanchi Zdeno Chara, le propriétaire du Canadien a dénoncé cette décision dans une lettre aux partisans.

Pour son audace, Geoff Molson mérite une note parfaite. Le suivi s'avère cependant plus difficile. En Floride lundi, Gary Bettman a répété que Chara ne méritait pas de suspension. Le pied de nez à l'endroit de Molson était évident.

En revanche, si Molson n'avait pas frappé si fort, Bettman aurait-il annoncé du même coup cinq modestes mesures pour favoriser la sécurité des joueurs?

Geoff Molson souhaite jouer un rôle significatif dans ce débat. Pourtant, aucun dirigeant du Canadien n'a été invité au comité chargé d'explorer la question des commotions cérébrales. Deux des quatre membres, Brendan Shanahan et Rob Blake, sont des employés de la LNH. Auront-ils le courage de s'opposer aux vues de Bettman, lui qui minimise le problème?

Les prochaines semaines nous diront si Geoff Molson remportera son pari. Sa lettre a néanmoins provoqué des remous bienvenus.

Mario Lemieux: 85%

En février, à la suite d'incidents disgracieux entre les Islanders et les Penguins, Mario Lemieux a remis en cause son association à la LNH. Cela lui a valu une volée de bois vert de la frange conservatrice du circuit. Les plus cyniques lui ont reproché d'aligner Matt Cooke, un joueur très dur, au sein des Penguins.

Cette façon d'esquiver le noeud du problème n'a pas détourné Lemieux de son objectif. Il est revenu à la charge en proposant d'imposer des amendes aux équipes dont un joueur serait suspendu. Si ce règlement existait, les Penguins auraient déjà versé des pénalités de 600 000$ cette saison, a-t-il indiqué.

Mario Lemieux continue de se battre. Et personne ne lui retirera son droit de parole.

Gary Bettman: 50%

On ne peut s'opposer aux cinq mesures annoncées par Gary Bettman lundi. Elles constituent un petit pas en avant.

La plus significative d'entre elles oblige un joueur potentiellement victime d'une commotion cérébrale à retraiter au vestiaire afin d'être examiné par un médecin.

Cela dit, Bettman a perdu une splendide opportunité de se positionner en rassembleur et en leader dans ce débat.

Ses remarques mesquines à l'endroit d'Air Canada, qui a remis en cause sa commandite de la LNH à la suite de l'affaire Chara, et sa défense acharnée de l'absolution accordée au défenseur des Bruins, seraient normales dans la bouche d'un directeur des communications.

Venant de la plus haute autorité du circuit, ce discours agressif laisse cependant une impression de malaise. Comme si Bettman voulait transporter le débat au niveau de la ruelle, où l'univers se divise en deux camps: les alliés et les ennemis. Il semble davantage préoccupé de défendre sa gestion passée qu'à redéfinir l'avenir.

Cela n'augure rien de bon pour la LNH.

Colin Campbell: 25%

Parce que son fils porte les couleurs des Bruins de Boston, Colin Campbell n'a pas rendu la décision dans l'affaire Chara. Cela ne l'a pas empêché de la défendre par la suite. La sens commun lui dictait plutôt une certaine réserve.

En entrevue à mon collègue Richard Labbé, Campbell a ensuite noté que Max Pacioretty avait aussi commis un geste suspect cette saison.

Bizarre, puisque le comportement antérieur de la victime ne fait pas partie des critères mentionnés à la convention collective pour imposer ou non une suspension. Seul celui du joueur accusé est mis en cause.

Enfin, il a offert cette justification au fait que Pacioretty n'ait pas donné sa version des faits au préfet de discipline: «On a toujours fonctionné comme ça...»

Ce serait drôle si ce n'était pas si triste.

Formation continue

Pour les deux étudiants n'ayant pas mérité la note de passage, une séance de formation continue pourrait être utile.

Le Comité international olympique organise justement, du 7 au 9 avril, une conférence sur la prévention des blessures dans le sport. L'objectif est d'appliquer «les connaissances universitaires à l'aire de compétition afin de réduire les facteurs de risque dans le sport et faire en sorte que la pratique sportive soit plus sûre».

Sur les 94 experts internationaux invités, il s'en trouvera sûrement un ou deux capables d'aiguiser la réflexion de MM. Bettman et Campbell.

Photo: Getty

Mario Lemieux